Choose France : la France pilote-t-elle encore sa stratégie industrielle ?

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Sous les ors de Versailles, Emmanuel Macron est heureux : il annonce 15 milliards d’euros d’investissements étrangers en France. Super ?

En matière de communication, le grand raout Choose France est un modèle. On regroupe toutes les annonces de grands groupes internationaux en matière d’investissements en France au même moment, on saupoudre de déplacements présidentiels et autres grandes déclarations sur la réindustrialisation et la croissance retrouvée et l’affaire est dans le sac : on croirait presque que c’est Emmanuel Macron qui est allé chercher un à un par la culotte les PDG pour les convaincre.

En vérité, c’est un peu plus compliqué que cela. Si l’État a la capacité d’orienter des investissements que pourraient faire des multinationales étrangères en imaginant des aménagements fiscaux ou en bradant de l’immobilier ou des terres, c’est surtout, comme l’a rappelé le PDG France-Benelux de Spotify sur BFMTV, grâce à la haute technicité et qualité des travailleurs français que les entreprises étrangères sont intéressées par la France.

Si l’on regarde plus précisément ces investissements (qui ne sont pas que des annonces comme l’explique bien L’Usine nouvelle en revenant sur les annonces des 6 derniers sommets Choose France), on se rend d’abord compte que ce sont souvent des extensions de sites plus que des créations ex nihilo. Mais cela reste des créations d’emplois. Assez ? Sûrement pas par rapport à tout ce que la France a perdu d’emplois industriels (plusieurs millions selon l’INSEE) depuis l’après-guerre.

Des emplois, mais quels emplois ?

On apprend par exemple que l’entreprise Amazon veut créer un grand data center et investir ainsi 1,2 milliard d’euros en France. Dont acte. Mais que sont ces emplois qui vont être créés ? On connait, par les nombreuses enquêtes sur le sujet, les terribles conditions de travail qui sont pratiquées par la multinationale américaine. Mais surtout, on sait les dégâts qu’ils vont créer dans les économies dites concurrentes avec de la destruction de nombreux emplois.

Par ailleurs, une grosse partie des investissements étrangers viennent du monde de la tech, notamment américaine. Ce qui n’est pas sans soulever de questions : quid de la nécessité d’indépendance stratégique en cette matière si stratégique ? Il ne s’agit pas de faire là de l’anti-américanisme de base mais on voit les problèmes qui découlent du fait que X (ex-Twitter) soit une entreprise de droit américain… Ne faudrait-il pas mieux essayer de privilégier des entreprises françaises ou européennes, non pas par chauvinisme ou xénophobie mais pour que la direction de ces entreprises reste à porter de pouvoir pour les travailleurs du territoire où ils œuvrent ?

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