Pacte Immigration : l’Europe se recroqueville sur sa xénophobie

arie

À quelques semaines des élections européennes, l’Union européenne continue de s’avancer sur le chemin de l’extrême droite.

Mercredi 10 avril, le Parlement européen a définitivement adopté un pacte sur l’immigration et l’asile dont il débattait depuis 9 ans. Malgré l’opposition de la gauche, appuyée par les défenseurs des droits humains, les experts et les ONG, le texte est passé : enregistrement et filtrage aux frontières seront désormais la norme, et, après une période de 6 semaines de traitement de la demande d’asile, les États auront la possibilité de les renvoyer dans leur pays d’origine. Comme le rappelle un collectif de 161 associations, l’introduction de ces procédures frontalières sera « dangereuse, inhumaine, irréalisable et inefficace ».

À bien noter que la gauche française a voté contre ce pacte : que ce soit les insoumis, les écologistes ou les socialistes. Seulement, si les groupes européens des deux premiers ont voté contre dans leur entièreté, ce n’est pas le cas de celui de Raphaël Glucksmann où les Français ont fait figure d’exception : 104 eurodéputés du groupe Socialistes & Démocrates ont voté pour… Même chose de l’autre côté de l’échiquier politique : François Xavier-Bellamy, le tête de liste LR pour les européennes a été l’un des seuls de son groupe à voter (121 votes favorables) estimant que « la relocalisation des migrants à l’échelle européenne était un projet terrible ».

Politiquement, ce vote porte un double enseignement : d’abord, l’Europe se recroqueville et est en train de faire de la xénophobie l’une des colonnes vertébrales de son identité. Porté par des extrêmes droites en dynamique dans les différents États-membres, la peur de la submersion migratoire sur notre continent est un récit de plus en plus ancré dans les mentalités européennes et se cristallise dans les votes des représentants politiques dans les parlements.

Ensuite, la cohésion européenne à l’intérieur des courants politiques au niveau européen continue de s’effriter. À gauche comme à droite, les stratégies divergent. Même chose d’ailleurs du côté du RN de Jordan Bardella qui a voté contre le pacte : il n’a ainsi pas suivi le vote des eurodéputés de son groupe dont les Etats sont gouvernés d’ores et déjà par l’extrême droite, comme l’Italie.  La preuve, s’il en est, qu’à l’échelle continentale, la realpolitik, que ce soit si l’on défend les droits humains ou si l’on colporte des fantasmes obscurantistes, sème le trouble.

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

Laissez un commentaire