Cette semaine d’« apaisement » vous a été offerte par Emmanuel Macron
Un tel décalage entre les paroles et les actes, ça relève de l’art. Chronique des performances des pompiers pyromanes.
« Nous avons devant nous 100 jours d’apaisement », a déclamé le président de la République lundi 17 avril, lors de son énième allocution télévisée. Il faut dire que la France est loin de se tenir sage. Pas un Macroniste, ministre ou député, ne peut apparaître en public sans provoquer une bronca. Que la semaine fut longue !
Sortie du ministre de la sante F. Braun de l’hôpital de Langon sous la bronca de manifestants @SO_Bordeaux #françoisbraun #langon pic.twitter.com/qomLFfMkTA
— jérôme jamet (@jjamet6) April 17, 2023
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>> Et maintenant, quel « ordre de bataille » ?
Comme son homologue François Braun à Langon, le ministre de l’industrie Roland Lescure a reçu un accueil triomphal chez Duralex, près d’Orléans
Ils ne peuvent plus mettre un pied dehors, suite…
🎥@FBOrleans #Macron20h #ReformeDesRetraites pic.twitter.com/aA5GxquEcB— Marcel (@realmarcel1) April 17, 2023
Mardi 18 avril, jour 1
Au sortir de son allocution, on découvre que le Président s’est offert un moment de com’ inopiné. Une vidéo tourne sur les réseaux sociaux. On y voit Emmanuel Macron tout tranquille dans les rues de Paris, croiser des gens avec lesquels il entonne un chant traditionnel pyrénéen. Problème : ses compagnons de chorale sont des membres d’un groupe d’extrême droite. Une scène pleine de coïncidences qui laisse pantois.
Puis la journée du mardi sera consacrée à la droitisation de l’exécutif – oui oui, ils peuvent aller plus à droite ! C’est Bruno Le Maire qui ouvre le feu sur BFMTV : « Nos compatriotes en ont ras-le-bol de la fraude. […] Ils n’ont aucune envie de voir que des personnes peuvent bénéficier d’aides, les renvoyer au Maghreb ou ailleurs, alors qu’il n’y ont pas droit. »
Sur France 5, Olivier Véran nous offre cette diversion sarkozyste : « Je pense qu’il faut une convention citoyenne sur la question de l’immigration et de l’intégration », assène celui qui est, rappelons-le sans cesse tellement on ne se lasse pas de cette blague, ministre du Renouveau démocratique.
« Je pense qu’il faut une convention citoyenne sur la question de l’immigration et de l’intégration. Est-ce qu’une loi, même adoptée par le Parlement, peut suffire à répondre aux préoccupations des Français sur ce sujet ? »@olivierveran dans #CàVous pic.twitter.com/PL0LhMb0Ai
— C à vous (@cavousf5) April 18, 2023
Et quoi de mieux pour finir la journée qu’un ministre du Travail en remettant une couche sur la réforme des retraites ? Olivier Dussopt, au micro de BFMTV : « Les conditions de l’apaisement, c’est de faire en sorte que cette réforme s’applique dans de bonnes conditions ».
Mercredi 19 avril, jour 2
Le chef de l’État est en déplacement en Alsace. Il « va au contact », selon l’expression consacrée, pour la première fois depuis son allocution. Avant son arrivée, la zone est vidée et bouclée. Un arrêté préfectoral interdit les rassemblements.
Plus de deux heures avant l’arrivée du président dans le Bas Rhin… des manifestants sont évacués vers par les forces de l’ordre #muttersholz #retraiteS cc @TF1Info pic.twitter.com/B8GNSxuqv2
— Marie Chantrait (@mchantrait) April 19, 2023
« C’est toi qui m’a foutu un coup de pied ? C’est ça la police ? Elle met des coups de pied ? »
Le président Emmanuel #Macron n’est pas encore arrivé à Muttersholtz, mais sur place il y a déjà eu des tensions entre gendarmes et manifestants
A lire sur @Rue89Strasbourg pic.twitter.com/kKtEHzwwL3
— Guillaume Krempp (@GuillaumeKrempp) April 19, 2023
Malgré toutes ces précautions, il sera sifflé, hué, menacé et insulté. Il lance : « Ce n’est pas la première fois que j’entends des gens qui râlent après moi […] J’ai eu bien pire » ; « C’est pas les casseroles qui feront avancer la France. On peut relancer massivement l’industrie de casseroles aussi, on n’en produit pas assez, mais moi ce qui m’intéresse c’est ce qui va permettre à nos compatriotes de mieux vivre. » ; « C’est le président qui décide. J’ai un CDD jusqu’en 2027. »
Emmanuel Macron à propos des manifestants anti réforme des retraites:
« C’est pas les casseroles qui feront avancer la France (…) je ne crois pas qu’ils cherchent à parler, je crois qu’ils cherchent à faire du bruit » pic.twitter.com/W2BincJZOZ— William Galibert (@WGalibert) April 19, 2023
Puis il y a eu cet échange entre Emmanuel Macron et un ouvrier, relaté par Johan Faeber sur Twitter :
« Vous travaillez ici depuis quand ?
– Depuis 1979.
– Ah ben alors vous ne prenez pas votre retraite ? »
Et le président de la République de rire à sa « blague ».
Le soir, le journal régional Dernières nouvelles d’Alsace publie une interview d’Emmanuel Macron où il assure dire « toujours la vérité aux Français », avant d’affirmer : « Je n’ai jamais empêché les gens de parler, d’exprimer les oppositions, de manifester. »
Emmanuel Macron dans les @dnatweets ce soir : « Je n’ai jamais empêché les gens de parler, d’exprimer les oppositions, de manifester. »
La réalité (un échantillon rien que ces 6 derniers mois) : pic.twitter.com/l3nYexZAUr
— Etienne Baldit (@EtienneBaldit) April 19, 2023
Jeudi 20 avril, jour 3
Emmanuel Macron se rend dans les Cévennes. Les « dispositifs sonores portatifs » sont interdits par arrêté préfectoral – grâce aux différentes lois antiterroristes. Les gendarmes perquisitionnent les casseroles des manifestants. Encore une fois, la situation est extrêmement tendue. Seule une action policière intense permet au Président de voir la couleur du ciel.
Pour préparer l’arrivée d’Emmanuel Macron les gendarmes ouvrent les sacs et interdisent l’entrée des casseroles dans le village de Ganges.
«C’est illégal» se plaint un manifestant.
« Vous voulez voir l’arrêté préfectoral ? » lui répond le gendarme en allant chercher un papier. pic.twitter.com/FaK1pHfjto— Paul Larrouturou (@PaulLarrouturou) April 20, 2023
Emmanuel Macron attendu dans l’Hérault: des manifestants tentent de forcer un barrage de police à Ganges pic.twitter.com/IB3bRFbbdl
— BFMTV (@BFMTV) April 20, 2023
Vendredi 21 avril, jour 4
Le ministre de l’Intérieur assure que « les casseroles ne sont pas interdites », qu’il ne s’agirait que d’une « mauvaise interprétation des gendarmes » (salut les débiles !). Quelques heures plus tard, le ministre de l’Éducation avance que « confisquer les casseroles relève du maintien de l’ordre ».
Lequel des deux ment ?
Élisabeth Borne, elle, ment assurément quand elle nie les interdictions de manifester… des arrêtés préfectoraux « d’interdiction de manifestation » ! La fin justifiant les moyens, il s’agissait pour la Première ministre de s’en prendre à Jean-Luc Mélenchon.
🔴 DIRECT 🗣 « Il n’y a pas une interdiction de manifester et je pense qu’une fois de plus @JLMelenchon est dans la caricature » déclare @Elisabeth_Borne, lors de son déplacement dans l’Indre.
📺 #franceinfo canal27 pic.twitter.com/IdXe6TgxE6
— franceinfo (@franceinfo) April 21, 2023
Pendant ce temps-là, un camion de la CGT tourne autour de l’Élysée, avec le slogan « Notre retraite, on n’y touche pas » inscrite sur le flanc. Le véhicule sera arrêté et les deux syndicalistes présents à son bord passeront une heure au commissariat. Selon Remy Buisine, ils seront convoqués le 9 mai prochain pour « manifestation illégale ».
Samedi 22 avril, jour 5
La procureure de Colmar annonce que trois personnes seront jugées en septembre pour avoir fait des doigts d’honneur à Emmanuel Macron lors de son déplacement alsacien du mardi. Pour info, aucune de ces personnes n’est Éric Dupont-Moretti.
Trois personnes sont donc poursuivies et seront jugées en septembre pour avoir «fait des doigts d’honneur» à Emmanuel Macron.
Le ministre de la Justice, quant à lui, se porte bien – merci pour lui. pic.twitter.com/TMXTIz5oED— Sébastien Fontenelle (@vivelefeu) April 22, 2023
Dimanche 23 avril, jour 6
Au Parisien, Emmanuel Macron réitère : « Quand vous avez des gens qui sont là uniquement pour couvrir votre voix, voire vous jeter des choses, ce n’est plus une contestation, cela s’appelle de l’incivisme. » Par ailleurs, le Président désavoue une nouvelle fois sa Première ministre, expliquant qu’il aurait dû plus « se mouiller » dans cette réforme des retraites.
Plus que 93 jours d’apaisement.