Ce qui représente un risque financier pour la France, ce sont les caprices politiques d’Emmanuel Macron
Et ça n’a rien à voir avec le retrait de la réforme des retraites !
En même temps que la contre-réforme des retraites, c’est toute la politique d’Emmanuel Macron visant à transformer l’économie française en un environnement pro-business qui étale au jour le jour ses dégâts économiques, sociaux et politiques.
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Réindustrialisation ?
En janvier 2023 (dernier chiffre connu), la production diminue sur un mois dans l’industrie manufacturière (‑1,8% après +0,2%) comme dans l’ensemble de l’industrie (‑1,9% après +1,5%). Elle est inférieure de 7% à celle de la fin 2017 (1ère année du premier quinquennat du Président). Le recul est particulièrement sensible dans le matériel de transport (courbe en rouge dans le graphique ci-dessous).
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Exemple parmi d’autres de l’attractivité du territoire français tant vantée par la Macronie : le fabricant des robinetteries des sous-marins nucléaires français va passer sous pavillon américain.
Une certaine conception de la réindustrialisation de la France… qui ressemble comme deux gouttes d’eau à ce qui se passait pendant la phase de désindustrialisation 🤔 https://t.co/VilNLfGCTD
— Nadine Levratto (@NadineLevratto) March 27, 2023
Dans le tweet de X-Alternative, la référence à la BPI est tout à fait légitime. La Banque Publique d’Investissement est censée être le bras armé financier de la start up nation et de l’État réindutrialisateur. Un rôle qu’elle assimile, comme le ministre Le Maire, à faire de la France « le hub mondial des cryptos actifs ». Et la voilà donc qui finance à tour de bras tout ce qui touche aux NFT. Jusqu’à annoncer, le 25 mars, mettre 7 millions d’euros dans « une application mobile permettant d’adopter et d’élever des chiens virtuels NFT, en étant récompensé par une crypto-monnaie, le DOGA » !
Pouvoir d’achat ?
Concernant les salaires, le constat du très officiel INSEE est sans appel : en 2022, la baisse du pouvoir d’achat des salaires a été de 1,8%. Elle est « inédite depuis le début des années 1980 ». Et en 2023 cela va continuer.
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Concernant les minima sociaux, s’agissant du Revenu de Solidarité Active (RSA) et des autres minimas sociaux pour les personnes en situation de grande pauvreté, le gouvernement d’Emmanuel Macron s’est vanté de soutenir leur pouvoir d’achat par une hausse de 4% du RSA et de 3,5% des APL intervenue le 1er juillet 2022. Ce n’était qu’un rattrapage provisoire. En réalité, comme le montre Stat’junior, le pouvoir d’achat du RSA et des minima sociaux associés a baissé de 3,4% par rapport à 2020. Emmanuel Macron stigmatise à nouveau les bénéficiaires du RSA faisant comme s’ils refusaient de travailler. Et la hausse annuelle de 1,6% au 1er avril va entraîner en 2023 et 2024 une nouvelle baisse massive du pouvoir d’achat du RSA.
Il n’y a pas que les salaires réels qui décrochent… le RSA aussi !
Cette année, la revalorisation sera seulement de 1,5 %.
Ainsi, en avril, le pouvoir d’achat du RSA perdra 2,4 % par rapport à la fin 2019. Et ce sera encore davantage à la mi-2023… pic.twitter.com/t2qGUJqGFZ
— Stat’junior (@statjunior) March 22, 2023
La France, moteur de la « souveraineté européenne » ?
Comme le souligne l’économiste David Cayla, Macron mène la bataille en France sur les retraites au lieu de la mener en Europe où se joue l’avenir de notre modèle économique. « Résultat : il multiplie les revers stratégiques, industriels et énergétiques au profit de la vision et des intérêts allemands ». Et l’économiste de lister, dans l’actualité la plus proche, le nucléaire, le moteur thermique, la politique commerciale, la réforme du marché de l’électricité.
- Paris veut l’intégration complète du nucléaire dans le Net-Zero Industry Act européen. Mais ni l’Allemagne, ni la Commission européenne ne le veulent. La bataille sera rude disent les dirigeants français. Mais elle est mal engagée.
🇫🇷 Paris s’agace, 🇩🇪 Berlin s’accroche, les 🇪🇺 eurodéputés « confiants » face à une « âpre bataille » qui s’annonce.
L’intégration du #nucléaire ☢️ existant dans le Net-Zero Industry Act est un casse-tête de politique européenne.
— @EURACTIV_FR / #NZIAhttps://t.co/ml5ACC68Yn— Paul Messad (@Paul_Messad) March 24, 2023
- L’interdiction des moteurs thermiques, initialement actée pour 2035, sera repoussé en sous main.
- La ratification des accords de libre-échange avec le Mercosur sud-américain. L’Allemagne pousse les feux. Et la Commission s’y emploie en secret. « La France mène-t-elle la bataille sur cet enjeux stratégique ou va-t-elle se contenter de concessions symboliques ? », interroge, à raison, David Cayla.
Dans ce thread, les réactions d’@attac_fr @AitecIPAM @greenpeacefr @ConfPaysanne, membres du collectif Stop CETA-Mercosur, au document secret fuité cette semaine avec lequel la Commission européenne entend ressusciter l’accord UE-Mercosur. ⤵️
A lire ici : https://t.co/UP7imts5uD pic.twitter.com/MH6FITSZYW— Collectif national Stop CETA/Mercosur (@StopTAFTA) March 24, 2023
- Quatrième exemple, et non des moindres : la réforme du marché européen de l’électricité.
Enfin, que dire de la proposition de réforme du marché européen de l’électricité proposée par la Commission? Cette réforme cosmétique renonce de fait au découplage avec le prix du gaz contrairement aux demandes de la France?
Encore une bataille perdue?https://t.co/gkfbMqwH0K— David Cayla (@dav_cayla) March 26, 2023
La proposition de la Commission européenne est insuffisante et dangereuse. Et le gouvernement français s’y soumet explique Anne Debregeas, ingénieure économiste en électricité et porte-parole du syndicat SUD-Energie : « La Commission européenne propose encore et toujours d’ajuster un marché malade à la base, à coup de mécanismes de plus en plus complexes, sans étude d’impact. Pire, elle impose de poursuivre la privatisation de ce secteur pourtant essentiel, avec la bénédiction du gouvernement français ».
Les dégâts sont tels que les financiers du monde, qui ne se paient pas de mots, commencent à s’inquiéter. Non pas que la contre-réforme des retraites ne soit pas adoptée, comme l’a prétendu Emmanuel Macron, mais que le règne de son bon plaisir ne génère un nouveau risque financier sur les placements en France.