TRIBUNE. 80 ans après le droit de vote pour les femmes, notre lutte féministe continue !

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Emma Rafowicz, présidente des Jeunes Socialistes et candidate aux élections européennes, revient sur huit décennies de combats féministes.

Il y a 80 ans, la révolution féministe connaissait une véritable victoire pour l’égalité. Le 21 avril 1944, les femmes obtiennent le droit de vote en France, après plus d’un siècle de luttes acharnées.

Je pense aujourd’hui aux suffragettes, bien sûr, à Jeanne Derouin, à Hubertine Auclert, à Léonie Rouzade, à la journaliste Séverine ou encore à Marthe Bray qui organisa en 1926 un tour de France suffragiste.

Je pense à toutes ces féministes qui se sont battues pour nos droits, pour nos libertés, pour permettre des avancées majeures en France, en Europe et dans le monde. À toutes celles et tous ceux, grâce à qui aujourd’hui l’IVG est constitutionnalisé, l’égalité en droit est reconnue.

Nos conquêtes sont nombreuses :

1945 : les femmes votent pour la première fois
1946 : l’égalité entre les femmes et les hommes est dans la Constitution
1947 : Germaine Poinso-Chapuis devient la première femme ministre
1965 : nous pouvons travailler et gérer nos biens sans le consentement d’un mari 1970 : l’autorité parentale devient conjointe
1971 : publication du manifeste des 343 pour le droit à l’avortement
1972 : La loi pour l’égalité des rémunérations entre femmes et hommes est adoptée 1975 : La Loi Veil, autorisant l’interruption volontaire de grossesse en France, est adoptée
1980 : Marguerite Yourcenar devient la première femme à intégrer l’académie française
1980 : Le viol est défini comme un crime dans la Loi
1982 : La gauche au pouvoir avance et annonce le remboursement de l’avortement par la sécurité sociale dès septembre 1982, l’instauration d’un quota de 30% de femmes aux élections municipales et régionales, la mise au point d’un système de récupération des pensions alimentaires, et la suppression de la notion de « chef de famille ».
1983 : La Loi Roudy pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est adoptée
1991 : Edith Cresson devient la première femme Première Ministre de la République Française
1992 : Le délit d’harcèlement sexuel est introduit dans la Loi
1995 : Marie Curie entre au Panthéon et devient la première femme à l’intégrer pour ses mérites
2000 : La parité aux élections est adoptée par le parlement
2006 : La Loi relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, qui renforce les droits des femmes en congé maternité, est adoptée
2007 : Le 3919 pour lutter contre les violences faites aux femmes est créé
2013 : L’IVG est remboursé à 100% et les contraceptifs médicaux deviennent gratuits pour les mineures âgées de plus de 15 ans
2014 : La France ratifie la convention d’Istanbul, sur la prévention et la lutte contre les violences à l’égard des femmes et la violence domestique
2016 : Le délit d’atteinte à la vie privée à caractère sexuel en ligne est créé, pour condamner le “revenge porn”
2018 : L’infraction d’outrage sexiste est créé
2021 : La procréation médicalement assistée est ouverte aux couples de femmes et aux femmes célibataires
2023 : La ville de Saint-Ouen devient la première commune de France à instaurer le congé menstruel
2024 : Notre liberté d’avorter est consacrée dans la constitution

Ces progrès, immenses pour les femmes, pour les féministes, celles d’aujourd’hui, d’hier et de demain, nous rappellent que le chemin vers l’égalité est encore long. Ces conquêtes en appellent d’autres.

Aujourd’hui en France, 42 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l’année.
Aujourd’hui en France, les femmes gagnent 22% de moins que les hommes. Aujourd’hui en France, seulement 37% de nos parlementaires sont des femmes. Aujourd’hui en France, les violences physiques et morales, les inégalités sociales et économiques, sont encore trop nombreuses : notre combat doit se poursuivre sans relâche.

Au-delà de nos frontières, nous devons lutter aux côtés de toutes ces femmes qui résistent et se lèvent. En Europe et dans le monde, la montée de l’extrême droite, des conservateurs et des réactionnaires met en péril les droits civiques, sociaux et économiques des femmes. L’accès à l’instruction n’est pas garanti pour toutes, notamment en Afghanistan où elles en sont exclues. Cette bataille transcende les frontières nationales et exige une réponse collective de notre part, comme de toutes celles et ceux qui croient en l’égalité et en la justice.

Demain, nous aurons d’autres conquêtes pour l’égalité.
Nous créerons la clause de l’européenne la plus favorisée.
Nous agirons pour faire reculer les stéréotypes de genre, pour un meilleur accès des filles et des femmes à tous les métiers, notamment aux carrières scientifiques.
Nous continuerons à soutenir l’inscription du droit à l’IVG dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.
Les budgets européens que nous ferons adopter prendront en compte les politiques publiques d’égalité de genre et réduiront les inégalités.


Nous ferons de la diplomatie européenne une diplomatie féministe pour les droits des femmes et l’égalité dans le monde entier.
Nous ferons reconnaître définitivement le viol comme une arme de guerre, afin de protéger les femmes victimes de violences sexuelles liées aux conflits.
Nous accueillerons les exilés en Europe et ouvrirons des voies légales d’immigration sur notre territoire, car les parcours migratoires des femmes aujourd’hui sont aussi des parcours causés ou jalonnés par les viols et les mutilations génitales.

Socialiste, donc universaliste et féministe, mon combat pour les femmes ne s’arrête ni aux portes de la France, ni aux portes de l’Europe. Parce que chaque jour les droits des femmes reculent dans le monde, nous devons nous battre aux côtés des Iraniennes, des Afghanes, des Ukrainiennes, des Palestiniennes, des Israéliennes, des Italiennes, des Polonaises et de toutes les autres. Crions leur droits quand elles en sont privées.

Le slogan “Femmes, Vie, Liberté” crié face à la police des moeurs du régime iranien est devenu notre cri universel pour les femmes du monde entier.

Nous continuerons de nous battre contre ceux qui veulent nous forcer à vivre dans l’emprise de religions, à nous marier, contre ceux qui nous excisent, contre ceux qui nous empêchent de divorcer, de travailler, de voyager, de nous exprimer. Pour les femmes, en matière d’égalité, rien n’est jamais acquis. Aux États-Unis, le spectre d’un retour au pouvoir de Donald Trump représente une menace directe pour les droits reproductifs et l’égalité des genres. En Europe, notamment en Italie, en Pologne et en Hongrie, on s’attaque à nos droits, nous ne devons pas, nous ne pouvons pas laisser les femmes attaquées et menacées se croire seules.

La France et l’Europe doivent être à la hauteur de la bataille culturelle qui s’impose à nous. Deux modèles, l’un réactionnaire et obscurantiste, l’autre féministe et socialiste, se font face. Aucune concession ne doit être faite à notre bataille pour l’égalité, notre projet de société doit être affirmé avec force, sans peur ou hésitation. L’égalité peut advenir.

Socialiste, mon combat est féministe.

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