Un jeudi qui acte la reddition morale de la droite

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Marine Le Pen a raison : ce jeudi fut une journée historique. Pour la première fois, un texte du Rassemblement national a été adopté à l’Assemblée nationale. Pour la première fois, la République a validé, par un vote, une proposition issue du parti fondé par les héritiers de l’OAS. 

La résolution du RN dénonçait l’accord franco-algérien de 1968 qui réglemente les déplacements et les conditions d’installation des Algériens en France. Au fil des années, cet accord avait fait l’objet de révisions, rapprochant ces conditions du droit commun des étrangers. Contrairement à ce qu’écrivent de nombreux journaux, même bien intentionnés, les Algériens sont soumis à l’obtention de visas depuis 1986. Il existe même un organisme dédié, Capago, qui fait payer ses prestations en sus du coût du visa. Hocine Zeghbib, maître de conférences honoraire à la faculté de droit de l’Université Montpellier fait le point dans l’Humanité à ce sujet. Ce n’est pas à une situation d’exception que le RN a voulu s’attaquer mais à un symbole. Il n’avait qu’une valeur : continuer le combat politique commencé dès les années 1950 dans les guerres contre les indépendances.


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Cet accord de décembre 1968 constitue un héritage diplomatique d’une histoire longue et complexe : celle de 132 ans de colonisation et d’une guerre faite de massacres et d’humiliations. Il tient compte de l’intensité des liens humains entre les deux pays. On estime que près d’un Français sur quatre a des liens familiaux ou a vécu en Algérie. Notre pays est le fruit de millions d’ouvriers algériens venus construire la France, de harkis, de pieds noirs, de coopérants et de pieds rouges, de mariages mixtes. C’est cette histoire-là que l’extrême droite veut piétiner. Pour les héritiers du tortionnaire mais vaincu Jean-Marie Le Pen, l’Algérie doit expier. Ce pays a conquis son indépendance et soutenu les autres pays dans leur lutte anticoloniale. Plus que tout autre, l’Algérie est l’obsession du RN. Et c’est pourquoi ses députés ont choisi de mettre cette résolution en première ligne de leur niche parlementaire. A ceux qui prétendent que le RN a changé, qu’il a fait son aggiornamento, ce texte vient l’infirmer et même confirmer le fil ininterrompu de ce parti d’extrême droite : xénophobe, raciste, nostalgique de l’empire colonial. 

Circonstance particulièrement aggravante, le RN est accompagné dans sa croisade depuis des mois. Par le président de LR Bruno Retailleau qui a fait de ses provocations agressives contre l’Algérie un identifiant politique. Par le président de Renaissance Gabriel Attal et celui d’Horizons Édouard Philippe qui avaient eux aussi enfourché ce combat d’extrême droite. Hier, ce glissement s’est traduit dans l’hémicycle. Tous les députés d’Horizons et de LR présents ont voté en faveur du texte d’extrême droite. Les députés Modem et Renaissance faisaient, eux, la politique de la chaise vide. 

Le RN a été porté, accompagné, légitimé. L’extrême droite remporte bien plus qu’un vote : elle impose son tempo idéologique. Toutes les finesses pour ou contre l’alliance des droites se résolvent en une vérité : la droite est en train de se faire manger par l’extrême droite.

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