Troubles et hésitations en Lepenie

marine

Derrière le ton martial, on aperçoit les doutes du RN. Quelle stratégie et qui pour incarner l’extrême droite en 2027 ?

Le RN n’a pas franchement réussi la mobilisation qu’il espérait ce dimanche place Vauban. Aimablement, la police leur accorde 7000 personnes réunies. Les images vues du ciel, notamment celles de BFMTV, en montraient beaucoup moins. Le RN confirme d’une part sa faible implantation en région parisienne, d’autre part sa médiocre structuration : il reste un parti de peu de militants. Là n’est sans doute pas l’enseignement essentiel de ce rassemblement.


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Le premier tient à la teneur du discours de Marine Le Pen. Elle n’a nullement évolué par rapport à sa défense lors du procès : il s’agit d’un procès politique qui prend prétexte d’un différend d’interprétation administratif. À cette heure, elle ne paraît pas viser un adoucissement de sa peine lors de son procès en appel. En particulier, sa peine d’inéligibilité d’application immédiate a été prononcée du fait de son refus de reconnaître un détournement des fonds publics. On ne lui fera pas l’insulte d’imaginer qu’elle ne le sait pas. Sauf si elle se ravisait, cette stratégie de défense laisse supposer qu’elle n’imagine pas amadouer la justice et que donc, quoi qu’elle en dise, elle se prépare à perdre à nouveau en appel. Et donc à ne pas pouvoir être candidate.

Pour le moment, Marine Le Pen affirme le contraire : il s’agit de gagner du temps pour décider de la suite. Il ne faut pas instiller de doute parmi les électeurs. Elle veut montrer un parti combatif, nullement ébranlé. Et de fait, à ce jour, les électeurs du RN ne semblent pas déstabilisés et entendent voter RN, quel que soit le candidat, Marine le Pen ou Jordan Bardella. Dans les sondages, Bruno Retailleau ne semble pas bénéficier de cette nouvelle donne.

Le trumpisme commence à se faire entendre avec ses vérités alternatives (Marine Le Pen n’est pas coupable mais victime), ses immondes parallèles (avec le procès Dreyfus, avec l’engagement de Martin Luther King, etc.), ses remises en cause explicites des bases de l’État de droit et l’affirmation populiste qui oppose la souveraineté du peuple à la justice.

L’autre raison pour gagner du temps est celle de la mise au point de la stratégie et du choix du candidat de substitution. Le RN est percuté par l’élection de Donald Trump. Marine Le Pen hésite encore sur le positionnement à tenir. Hier, seules quelques courtes vidéos des leaders étrangers sont venues en soutien de la martyre de l’extrême droite. Le RN sait que Donald Trump a très mauvaise presse en France ; mais il a gagné avec une stratégie opposée à celle de la respectabilisation. Au RN, on se donne le temps de comprendre les ressorts de cette élection et des politiques mises en oeuvre. Prudente, Marine Le Pen ne va pas aux États-Unis. Au RN, on s’interroge encore et se demande si la victoire de Trump indique un mouvement de fond qui se transpose en France. Le long article de Dominique de Villepin dans Le Grand Continent, publié ce jour, analyse l’élection de Donald Trump comme relevant des faiblesses et des failles déjà là. C’est aussi la thèse que nous développons dans l’édito de la revue qui arrive cette semaine dans les boîtes aux lettres de nos abonnés.

D’ores et déjà, l’esprit du trumpisme commence à se faire entendre avec ses vérités alternatives (Marine Le Pen n’est pas coupable mais victime), ses immondes parallèles (avec le procès Dreyfus, avec l’engagement de Martin Luther King, avec « la solution finale » ou encore « l’exécution » de Marine Le Pen), ses remises en cause explicites des bases de l’État de droit et l’affirmation populiste qui oppose la souveraineté du peuple à la justice.

Enfin, il reste à arbitrer qui portera la campagne du RN. L’évidence Bardella s’éloigne. Hier, Louis Alliot a fait acclamer le nom de Marion Maréchal. « Marion ! Marion ! » Le risque de luttes intestines s’annonce. Il y a un précédent: en 1999, lorsque Jean-Marie Le Pen risquait l’inéligibilité, il avait voulu imposer sa femme Jeanine pour conduire la liste FN aux élections européennes. Il enclenchait une crise qui se conclut alors par le départ de Bruno Mégret et de centaines de cadres et élus FN. Cette fois encore, la tentation d’en appeler à la famille semble forte. Marion Maréchal présente des avantages évidents. Le RN resterait une entreprise familiale, elle est incontestée dans le mouvement. Et elle élargit du côté de l’électorat de Zemmour et des LR. Elle a plus d’expérience (notamment de députée) et de consistance intellectuelle que Bardella. Problème : elle est ouvertement suprématiste, opposée aux droits des femmes et bien peu sensible au monde populaire. Sa désignation changerait le profil du RN. Ouvrirait-elle une crise dans le RN ?

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