Trans : ils sont partout (dans les médias de droite qui disent qu’ils sont partout)
« Soyez attentifs, vous allez voir que le transsexuel est devenue une figure centrale. C’est factuel. » Toi aussi, viens rigoler avec les réacs !
« C’est la panique, panique, panique, sur le périphérique. Trop de trafic. »
Manu Chao
Le 20 juin dernier, Le Figaro diffusait une vidéo de son invité du « Figaro La Nuit », Éric Naulleau. Au menu de la discussion, trois thèmes (ou trois obsessions) : Sandrine Rousseau, le wokisme et « Zemmour n’est pas d’extrême droite ».
Et voilà ce que l’essayiste nous apprend que « la grande idole du progressisme, c’est le transsexuel. Le transsexuel, qui est une figure tout à fait respectable mais marginale, est devenu une figure centrale. Il en est question comme jamais, comme si tout se jouait sur le sort fait aux transsexuels. Ce qui est d’ailleurs assez ironique puisqu’on peut changer d’apparence mais on ne peut pas changer de sexe. La pensée progressiste s’organise autour d’une figure imaginaire. C’est une adoption par la gauche des pires travers du libéralisme et du capitalisme. On change de sexe comme on change de forfait de téléphonie mobile. On est des consommateurs même en ce qui concerne nos propres corps. […] Soyez attentifs, vous allez voir que le transsexuel et la drag-queen sont passées de figures marginales à presque centrales de l’imaginaire progressiste. C’est factuel. C’est un vieux travers du progressisme de vouloir faire de la marge le centre. »
La séquence ne dure que quatre minutes, mais elle est dense de conneries ! On passe de commentaire à l’emploi du singulier pour parler des transsexuels… Mais nous sommes raivs d’apprendre que le transsexuel n’existe pas, qu’il est « imaginaire », le fruit des « pires travers du capitalisme », un caprice de consommateur. Heureusement, avec la loi Hamon de 2015, il est désormais possible de résilier votre assurance habitation à tout moment, après la première année de contrat, sans pénalité. Il faudrait demander à Éric Naulleau si ça vaut pour le changement de sexe. Ah mais, suis-je bête, ils sont imaginaires !
Imaginaires, certes, mais partout. Une figure centrale du progressisme. Voyez plutôt les Unes des journaux qui suivent.
Comment ça, ce ne sont pas des journaux progressistes ? Ah oui, maintenant que vous le faîtes remarquer… On a là la revue Éléments, les hebdomadaires Marianne et L’Express, le magazine L’Incorrect, et, bien entendu, le champion des champions Valeurs actuelles.
Étonnant ? Le seul truc étonnant, c’est que Le Point et Causeur n’en ont toujours pas consacré leur Une…
Selon une étude publiée en février dernier par l’AJL, l’Association des journalistes LGBT, les transidentités sont devenues un filon éditorial pour les journaux conservateurs. Ils en parlent le plus pour dire… qu’on en parle trop. Faut-il s’étonner également qu’Éric Naulleau soit en promotion actuellement pour son nouvel essai La Faute à Rousseau. Elle est méchante et dangereuse la Sandrine, mais elle fait vendre du papier.
Notre seul conseil pour cette intelligentsia de droite qui voit du trans partout : lisez la presse de gauche.
Marianne n’a jamais dit qu’ils « étaient partout » et donne la parole à un défenseur de la cause trans. Marianne souligne le décalage entre la faible présence de trans dans le pays, 0,3% de la population, et leur activisme massif. Marianne illustre un phénomène de minorités actives. Pour moi, cela n’en fait pas un journal réactionnaire. Aucune insulte, aucune moquerie n’est présente dans cet hebdomadaire au sujet des trans.
Mmmmh si seulement il y avait une raison pour que « seulement » 0.3% font de l’activisme… Je veux dire, autre que l’homophobie, la transphobie, les violences faites aux queers, le silence total sur le concept de trans pendant des centaines d’années dans nos pays.