Sexualité des Français : bienvenue au 21ème siècle !

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Une révolution anthropologique… ce n’est pas si courant, en voilà une ! L’étude sur les pratiques sexuelles des Français, rendue publique il y a quelques jours, nous permet de prendre la mesure du glissement des continents qui s’opère dans le genre.

Cette étude de l’Inserm-ANRS nous apprend dans ses très grandes lignes que les Français ont leur premiers rapports sexuels un chouïa plus tard que dans les années 2000 (date de la précédente enquête) : autour de 18 ans. L’alarme sonnée sur la diffusion de vidéos pornographiques accessibles à tous n’aurait donc pas conduit à un passage à l’acte plus précoce. En revanche, on apprend que 40% des hommes de plus de 80 ans et 20% des femmes de ce même âge continuent d’avoir une vie sexuelle. Cela devrait avoir quelques échos dans les politiques du grand âge qui ne s’en soucient guère, voire le nient. Quant aux rencontres, elles se font de plus en plus souvent en ligne, tel un champ des possibles qui s’ouvre en dehors du cadre familial, amical ou professionnel.


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On apprend aussi que les femmes reconnaissent moins de partenaires que les hommes. Les chercheuses nous enseignent sur cet écart : les femmes retiennent les partenaires qui ont compté, là où les hommes gardent en tête tous leurs partenaires, même d’un soir. L’enquête nous dit encore que les rapports sexuels sont moins fréquents mais plus riches et que les pratiques hier plus marginales sont aujourd’hui banalisées : masturbation, sodomie, fellation et cunnilingus. « Faire l’amour » semble prendre du sens là où, avant-hier encore, on voyait l’acte sexuel comme un acte de nature. C’est bien ce décalage sidérant qui nous assomme dans le procès Mazan : ces hommes n’avaient pas une femme devant eux mais un corps. C’est de moins en moins le cas. 

Il y a déjà là les premiers signes d’un tremblement avec l’affirmation des femmes en individus. Mais là où on peut parler d’une radicale transformation, c’est sur la représentation du genre. 37,6% des femmes de moins de 30 ans ne sont « pas strictement hétérosexuelles » – contre 18,3% des hommes du même âge. Selon les chercheuses, il s’agit d’une recherche de relation débarrassée des derniers oripeaux de la domination masculine logée dans les relations sexuelles… dont les jeunes femmes s’affranchissent. L’élue parisienne Alice Coffin a su mettre les mots sur ce mouvement de fond. Ceci nous rappelle un autre chiffre stupéfiant révélé par une enquête de l’Ifop publiée dans l’hebdomadaire Marianne : un tiers des moins de trente ans ne se classent pas dans la catégorie Homme ou Femme. Et ça, c’est renversant !

L’enquête sur la sexualité des Français en donne un éclairage supplémentaire. On change d’époque, mieux : on change de monde.

La seule chose que l’on sait du bébé à naître, c’est qu’il est un garçon ou une fille ; la première marque de reconnaissance et de politesse est de gratifier les personnes d’un Monsieur ou d’une Madame. Et ce socle qui organise et divise depuis des millénaires les sociétés humaines est en train de vaciller. Dans le politique et dans l’intime. Bienvenue au 21ème siècle.

À cette aune, on comprend que le masculinisme résiste et se cabre. Mais le mouvement est irréversible, s’étend dans tous les domaines et s’accélère. Dans son essai La Droitisation française. Mythe et réalités (PUF), Vincent Tiberj nous apprend que la société – dans de nombreux domaines – ne glisse pas à droite. L’enquête sur la sexualité des Français en donne un éclairage supplémentaire. On change d’époque, mieux : on change de monde.

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