Retraites : même la police s’est fait avoir par Macron
Non contents de matraquer les opposants à la réforme des retraites, les policiers devront eux aussi travailler deux ans de plus. Pis, le gouvernement leur a fait miroiter des cadeaux tout en sachant qu’ils étaient anticonstitutionnels.
« Scandaleux ! » Quelle ne fut pas l’émotion du syndicat policier Alliance après la décision du Conseil constitutionnel, vendredi 14 avril…
😡 Alliance Police Nationale s’oppose formellement à cette décision et continue à se battre pour les droits de nos collègues Policiers-Adjoints 👮♀️👮 pic.twitter.com/ivbaccbuE6
— ALLIANCE PN (@alliancepolice) April 16, 2023
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Pour l’Unsa Police, même indignation : « Cette mesure rejetée sur la forme et non sur le fond, doit faire l’objet d’une nouvelle écriture très rapidement ! » Et pour cause, les « Sages » ont retoqué l’article de la réforme des retraites qui prévoyait un départ anticipé pour les « super-actifs » : entre autres pompiers, aides-soignantes et policiers-adjoints.
Pour la faire courte, les policiers-adjoints – pas loin de 20.000 agents – sont des contractuels et commencent leurs carrières avec deux contrats de trois ans. L’exécutif leur avait garanti que ces six années allaient rentrer dans le calcul de leur retraite « superactive », leur permettant d’ainsi gagner une annuité. Eh bien, il n’en sera rien.
Mais le pire de cette affaire, c’est que le gouvernement a sciemment trompé son monde.
Macron Super-menteur frappe encore
Comme le dévoile le député socialiste Jérôme Guedj, les membres du gouvernement savaient que ce genre d’articles allaient être censurés par le Conseil constitutionnel. Ainsi, la droite se trouvait contente d’avoir obtenu quelques gains de cause (à l’instar de l’index seniors).
« L’entourloupe du gouvernement est trop grossière, tweete Jérôme Guedj. Il savait depuis le début que plusieurs articles n’avaient pas leur place dans la réforme et qu’ils seraient censurés. Or ces articles, c’était le « sucré » de la réforme, les mesures présentées comme favorables pour compenser le « salé », la dureté du report à 64 ans. »
2) Jusque-là, j’avais respecté l’archaïque principe de « secret des délibérations » en le diffusant pas. Mais l’entourloupe du Gouvernement est trop grossière : il savait depuis le début que plusieurs articles n’avaient pas leur place dans la réforme et qu’ils seraient censurés.
— Jérôme Guedj (@JeromeGuedj) April 15, 2023
Et le député de conclure : « Le gouvernement a joué à trois bandes : j’offre des motifs d’inconstitutionnalité au Conseil constitutionnel, pour faire diversion ; je sais que mon texte va être promulgué durci ; je proposerai de mettre les mesures « sucrées » dans un nouveau texte. Voilà un haut niveau de cynisme. »
Une méthode qui va de pair avec le déferlement policier mis à l’œuvre pour imposer à la rue cette réforme. La plus iconique de ces photos étant celle de Stéphane Mahé pour Reuters – et non, ça n’est pas une image générée par une intelligence artificielle !
Les gendarmes mobiles positionnés en rangs serrés devant le Conseil constitutionnel, quelle image. pic.twitter.com/X7CItpM73x
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) April 13, 2023
Sauf qu’à la fin, les policiers sont logés à la même enseigne que le reste de la population. Certes, leur régime spécial demeure : désormais, l’ouverture des droits à la retraite se fera à 54 ans, au lieu de 52. Mais comme nous l’explique Anthony Caillé, du syndicat CGT-Intérieur-Police, « le système de la décote est tellement important que moi, si je pars à 54 ans, j’ai le minimum vieillesse ! Notre retraite a été mise à mal par les réformes successives. Personnellement, si je veux le taux plein, il faut que je travaille jusqu’à 60 ans. Et pour les jeunes générations, ça sera au-delà. »
Mais pas d’excès de zèle, les policiers continuent d’accepter qu’on les envoie au front pour réprimer des manifestants pacifiques. Un « maintien de l’ordre » usant, dangereux, mais « on a la police qu’on mérite », rappelle à l’envi Anthony Caillé. Et le syndicaliste de préciser que les policiers du maintien de l’ordre « sont à peine 10% des effectifs », que, pour les autres, l’ambiance est au défaitisme. « Je n’ai pas rencontré un flic qui m’ait dit « Chouette, c’est une belle réforme ! » ».
Pourtant Gérald Darmanin avait prévenu que les policiers aussi seraient concernés par la réforme – un ministre de l’Intérieur accueilli très chaleureusement au récent congrès d’Alliance, tout comme le Garde des Sceaux et le préfet de Paris. Une fois n’est pas coutume, les syndicats majoritaires portent leurs intérêts avant ceux des policiers. Avec un tweet d’indignation de temps en temps. « Scandaleux » ?