Retraites : la bataille politique et idéologique monte d’un cran

Image

Le RN propose l’abrogation de la réforme des retraites. L’enjeu, pour la gauche, est de ne rien laisser à l’extrême droite.

Aujourd’hui commence l’examen en commission des affaires sociales de la proposition de loi du RN portant abrogation des dernières réformes des retraites (celle de Macron et celle de Hollande-Touraine) en ramenant l’âge de départ à 62 ans. Deux articles seulement dans cette proposition introduite grâce à leur niche parlementaire annuelle1. Étant le premier groupe à l’Assemblée nationale, ils sont les premiers à pouvoir user de cette « largesse « .


TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER

👉 C’EST ICI ET C’EST GRATUIT


Le débat à gauche devient tendu. Parce que difficile. Tous les groupes sont divisés, les députés eux-mêmes sont hésitants et parfois changeants. Seul le groupe socialiste a annoncé la couleur : il ne votera pas cette proposition. Les députés du groupe Écologie et social se sont prononcés à une courte majorité en faveur du vote. Deux de leurs députés emblématiques ont pris des positions opposées. Sandrine Rousseau a redit qu’en aucun cas elle ne voterait une proposition émanant du RN. Alexis Corbière, au contraire, concède pouvoir « aller jusqu’en enfer mais voter avec le diable pour abroger la réforme des retraites » (Le Monde du 25 septembre).

Au groupe communiste, c’est 50/50. Léon Deffontaines, le porte-parole du PCF, a exprimé une position claire dans une tribune sur Mediapart et sur X : « Voter cette proposition de loi ne rendrait pas le RN plus fort. Ne pas la voter rendrait la gauche plus faible […] Ne leur laissons pas le monopole du peuple ».

À LFI, la fumée blanche n’est pas encore sortie. Seul Aymeric Caron rejoint le point de vue de pétitionnaires proches de LFI (Frédéric Lordon, Houria Bouteldja, Bernard Friot, Cédric Durand, Annie Ernaux) : « En votant cette loi, notre camp ne perd rien. Au contraire, il obtient le retrait d’une réforme qu’il a été le premier et le plus déterminé à combattre ». Dit comme ça, tout serait simple. Mais ça ne l’est absolument pas. Le registre de la pétition est-il le bon ?

Jean-Luc Mélenchon vient de trancher dans une note de blog titrée « Ne pas prendre part à une arnaque ». Dans un texte moins limpide que souvent, il écrit : « Pas question de donner des brevets de crédibilité au RN sur le front social. Et pas question de réformer le système des retraites à la sauce libérale. » Il fait allusion au fait que le RN reste allusif sur le mode de financement. Il ne semble pas croire à la taxe sur le tabac et à une nouvelle taxe sur les transactions financières. A-t-il tort ?

Rappelons que l’ensemble des syndicats, parmi les premiers et les plus déterminés à combattre la réforme des retraites, ont dit unanimement leur opposition au vote de ce texte. Pour arriver dans l’hémicycle, le texte devra soit passer le cap de la commission des affaires sociales, soit être autorisé par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet ; le choix de vote des députés NFP serait alors cornélien. Le refus de cette réforme unit la gauche. En revanche, ce qui les divise, c’est la question de la primauté absolue ou non de maintenir le discrédit sur le RN, de ne rien voter avec lui, de ne jamais lui servir de marchepied dans sa quête de normalisation. Tous les opposants au vote de cette proposition font valoir qu’elle n’ira pas au bout, le RN n’ayant pas de relais au Sénat et appelle à attendre la niche parlementaire des Insoumis qui intervient un mois après.

Cela parait raisonnable. Mais ne vaut pas argument politique. La bataille pour faire comprendre cette position sera rude. Le RN va y mettre tout son poids. Mais le NFP doit sa force au refus fondamental de l’extrême droite. La bataille politique et idéologique monte d’un cran.

  1. Six autres propositions font partie de leur niche dont une portant sur l’élargissement des conditions d’expulsion des étrangers et l’autre rétablissant les peines planchers : le RN en son essence. ↩︎

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

Laissez un commentaire