« Tout s’est bien passé » : petit guide macroniste pour mettre la tête dans le sable

C’est l’histoire d’un match de football. Une finale de coupe de France, comme tous les ans. Mais pour qu’Emmanuel Macron puisse y assister, il a fallu mettre en place un dispositif sécuritaire hors norme.

« Malgré les menaces qui pesaient sur la finale de la Coupe de France […], celle-ci s’est déroulée dans un bon état d’esprit […]. Les supporters n’ont pas montré d’hostilité envers le président de la République dans l’enceinte comme cela avait été annoncé. » Fidèle à son poste, Le Parisien a fait le service après-vente d’Emmanuel Macron.

 

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Ou, comme le parodie Barbara Stiegler sur Twitter : « « Tout s’est bien passé », « personne n’a craqué », « personne n’a craqué »… Et puis, personne n’est mort, donc, ça va, c’est bon… Un dimanche tranquille en Macronie… »

Voilà donc les standards macronistes d’un jour comme un autre. Si rien de mal ne se passe, alors c’est que ça se passe bien. Sauf que ce « bien » exige un certain nombre de pré-requis. Le hasard, ça n’existe pas, ça se crée.

Ainsi, concernant cette finale de la Coupe de France, qui a vu samedi 29 avril Toulouse l’emporter sur Nantes, voilà ce qu’il faut pour que « ça se passe bien » :

  • 3000 CRS ;
  • 1400 stadiers ;
  • des grilles avec des pics érigés dans les tribunes ;
  • des drones pour surveiller le public ;
  • un arrêté préfectoral interdisant aux syndicats de se rassembler aux abords du stade ;
  • les cartons rouges et les sifflets confisqués à l’entrée ;
  • Emmanuel Macron qui salue les joueurs dans les vestiaires, sans que les images ne soient diffusées dans le stade – le Président n’apparaîtra d’ailleurs jamais sur les écrans géants ;
  • pas de retransmission de la remise des médailles sur les écrans du stade – la moitié du stade n’a donc rien vu, le virage toulousain ne savait pas quand exulter ;
  • des ministres en boucle sur le sujet avant, pendant et après le match, relayés par la quasi-totalité des médias.

C’est à se demander pour qui cet événement était censé « bien se passer » : les joueurs, les supporters ou juste Emmanuel Macron ? Un peu comme quand Élisabeth Borne se rend 30 minutes sur un marché où elle ne croise que des gens qui la trouvent formidable. Qu’est-ce qui est le plus ridicule : le nombre de planètes qu’il faut aligner par la force pour arriver à ce que « tout se passe bien » pour un macroniste, ou de les voir, eux et leurs alliés, se réjouir que « tout se passe bien » ?

Mais il y aurait des méthodes encore plus efficaces pour que « tout se passe bien » lors de la prochaine finale : interdire l’accès à toute personne ne se déclarant pas publiquement soutien du président de la République ; jouer à huis clos ; annuler l’événement sportif…

Pour François Ruffin, toute cette séquence du Stade de France « devrait entrer dans le Guiness Book du ridicule », le député estimant par ailleurs que « la seule chose qui est blessée c’est la fierté du Président, son orgueil ».

Le ridicule, c’est un des symptômes de la dérive d’un pouvoir. Quand un dirigeant se met à user des outils les plus répressifs – les lois antiterroristes, par exemple – pour censurer toute critique à son égard – en interdisant les casseroles, par exemple –, il y a de quoi se faire du mouron. « Désolé pour la démocratie », mais la France à un ego à protéger.

 

Loïc Le Clerc

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