Retraites : pour la première fois, Macron dit pourquoi il veut faire cette réforme
Spoiler : ça n’a rien à voir avec le sauvetage du système par répartition, ni avec l’allongement de la durée de vie.
Des semaines que les parlementaires en débattent, des mois que le sujet a été lancé et qu’il agite la société toute entière. Et cette sempiternelle question : mais pourquoi est-il allé dans cette galère ?
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Pourquoi diable réformer les retraites ? Pourquoi repousser de deux ans l’âge légal de départ sans la moindre contrepartie ? Pourquoi nous pondre ce système où il faut cotiser 43 annuités sans que rien ne soit fait pour les personnes ayant commencé à travailler avant 21 ans ? Tant de questions sans réponse…
Et puis, ce 16 mars, pendant le conseil des ministres qui allait décider du recours au 49.3, Emmanuel Macron concède : « Je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands. » Quelques heures plus tard, la députée macroniste Caroline Yadan tweetait : « Si la réforme n’avait pas été adoptée, cela aurait eu des conséquences sans doute préjudiciables sur les marchés financiers, risque d’une nouvelle crise économique alors même que notre pays est déjà fragilisé. » Un tweet rapidement supprimé, auquel avait réagi Projet Arcadie (personne ne suit d’aussi près l’activité parlementaire), via Twitter, comme suit : « Cet argument des préjudices sur les marchés financiers avec risque de crise économique, il aurait fallu le dire dès le départ. Pas à la fin. J’ai suivi tous les débats. Cet argument n’a JAMAIS été mis en avant. Jamais. »
S’il fallait encore une preuve du génie stratégique d’Emmanuel Macron, la voici.
Oh ! la Macronie a bien tenté de nous enfumer avec l’idée que « puisqu’on vit plus longtemps, on doit travailler plus longtemps », mais ce raisonnement simpliste n’a pas pris. Oh ! ils ont bien essayé de nous faire avaler que si l’on ne trouvait pas là, tout de suite, 13 milliards d’euros par an, le ciel allait nous tomber sur la tête et le système s’auto-détruire. Mais ils étaient contredits par leurs propres chiffres.
Puis ils ont joué au chat et à la souris avec les députés LR. Allant tenter d’acheter leurs voix jusqu’à la dernière minute. Cette semaine, à trois jours d’écart, Emmanuel Macron a pu ainsi affirmer avoir une « majorité solide » et passer en force avec le 49.3 car… il n’a pas de majorité. Pour répondre à cet instrument de force, les parlementaires useront du leur, lundi, en votant une motion de censure. Le Président a prévenu de longues dates : si le gouvernement Borne tombe, l’Assemblée tombe aussi.
À vouloir jouer au plus borné (sans mauvais jeu de mots), Emmanuel Macron en perd même des soutiens chez les LR… et fait des déçus dans ses propres rangs !
Un génie stratégique, disions-nous. Mais devinez qui se croit plus intelligent que tout le monde ?
Le drame politique que nous vivons résumé en une citation de Macron, se croyant plus « intelligent » que la population, alors qu’il est seulement plus autoritaire (dans @lemondefr du jour) pic.twitter.com/yMWjQG3cwQ
— André Loez (@andreloez) March 17, 2023