Pourquoi déteste-t-on Aurore Bergé ?

© Illustration Alexandra Compain-Tissier

Après avoir écumé toutes les chapelles de la droite, Aurore Bergé a trouvé un foyer en Macronie. La voilà ministre déléguée en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.

C’était il y a longtemps, à l’été 2016, nous publions un portrait dans notre revue intitulé « Aurore Bergé, l’importuniste ». L’impétrante avait trente ans et une carrière politique qui ne décollait pas, malgré ses retournements de veste incessants. Depuis, Aurore Bergé a fait son petit bonhomme de chemin en Macronie, avec un succès certain : députée en 2017, présidente du groupe macroniste à l’Assemblée en 2022, puis ministre des gouvernements Borne, Attal et Bayrou.

Aurore Bergé, à gauche comme à droite, on ne l’aime pas. A droite, pour ses trahisons qu’on peine à répertorier. À la présidentielle de 2007, elle soutient Nicolas Sarkozy. Aux régionales de 2010, elle soutient Valérie Pécresse. À la présidentielle de 2012, elle soutient Nicolas Sarkozy. Pour la présidence de l’UMP de 2012, elle soutient François Fillon, ce qui ne l’empêchera pas d’être conseillère politique au parti dès janvier 2013, sous la présidence de Jean-François Copé. Pour la présidence de l’UMP de 2014, elle soutient Nicolas Sarkozy. Aux municipales de 2014, elle soutient Nathalie Kosciusko-Morizet. Aux régionales de 2015, elle soutient à nouveau Valérie Pécresse. Pour la primaire de la droite et du centre de 2016, elle soutient NKM au premier tour, puis Alain Juppé au second. En janvier 2017, elle participe au lancement de « Droite-lib », « un mouvement pro-Fillon et anti-Macron » fondé par Virginie Calmels, ralliement qu’elle niera par la suite. Enfin, à la présidentielle de 2017, la « juppéiste » soutient Emmanuel Macron à partir du mois de février. Aux législatives qui s’en suivent, elle est élue sous la bannière de La République en marche (LREM) dans la 10ème circonscription des Yvelines où elle déloge le candidat sortant du Parti chrétien-démocrate Jean-Frédéric Poisson, qu’elle avait pourtant soutenu un temps.

Opportunisme est un mot qui n’avait pas de définition dans le dictionnaire avant l’entrée en politique d’Aurore Bergé. Nonobstant, Aurore Bergé a fini par embrasser une cohérence : la droite la trouve trop à gauche, la gauche trop à droite, vive Macron !

Trop à gauche, Aurore Bergé ? Elle fit partie de ces personnalités de droite qui soutinrent le mariage pour tous. Elle milite également pour le droit du sol ou l’égalité entre les femmes et les hommes. Tout ça pour finir dans une majorité macronienne gangrénée par la Manif pour tous où le pilier s’appelle Bruno Retailleau…

Trop à droite, Aurore Bergé ? Difficile de voir en elle la « libérale » qu’elle se targue d’être quand on a pour modèle Margareth Thatcher et qu’on honnie le trop-gaucher Lionel Jospin.

Aurore Bergé est une bête politique, ne vous y trompez pas. Elle a tout appris de Nicolas Sarkozy. Avec un touche de drama supplémentaire, quand par exemple elle pleure en plein hémicycle alors que sa proposition de loi visant à rendre inéligible les auteurs de violences conjugales est rejetée. Sa parole est sincère, mais son coup politique, manqué, ne l’était pas. Elle visait La France insoumise et Adrien Quatennens, mais fermait les yeux sur les prédateurs de son propre camp, dont un Damien Abad signataire de son texte !

Enfin, il y a ce dernier point en commun avec son mentor : l’escroquerie et le mensonge. Accusée de collusion avec le lobby des crèches privées, Aurore Bergé sera ensuite pris en flagrant délit de faux témoignage devant une commission d’enquête parlementaire. La justice a été saisie par le bureau de l’Assemblée nationale.

Finalement, il serait plus simple de faire la liste des bonnes raisons de ne pas détester Aurore Bergé…

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

2 commentaires

  1. HLB le 27 décembre 2024 à 18:46

    « Opportunisme est un mot qui n’avait pas de définition dans le dictionnaire avant l’entrée en politique d’Aurore Bergé » La formule est bien trouvée….mais quelque peu exagérée ! Et qui donne à Aurore Bergé une importance qu’elle n’a pas, en politique ! C’est vrai qu’on est moins habitué aux renégates qu’à leurs collègues masculins, qui sont légion en politique. C’est peut-être ça son originalité. Aurore Bergé a suivi le parcours tristement banal de tous les opportunistes, qui veulent se faire un nom dans le personnel politique, sans trop se casser, et sans trop de difficultés à craindre pour y parvenir. Pour réunir toutes ces conditions, le mieux était, pour elle, au départ, de fricoter avec LR et la Sarkozye, et d’aller se planquer dans une circonscription en or . Puis de donner l’impression « d’évoluer », en rejoignant LREM/Renaissance et la Macronie, au moment opportun. Pas de courage à avoir, suivre la route dorée du capitalisme/libéralisme, accessible à tous les médiocres. En cela, Aurore Bergé ne se distingue en rien de la foultitude de clones du même genre, largement fournis par LR, le PS et leurs satellites respectifs.
    Comme ses modèles, elle ne vaut pas le temps perdu à rédiger un article à son sujet….ni le temps passé à commenter ce même article !

  2. Lucien Matron le 28 décembre 2024 à 08:19

    Aurore Bergé fait partie la start up macroniste qui installe la droite extrême et l’extrême droite sur les voies qui conduisent au pouvoir. Les ultra-libéraux de la société civile ( ceux qui ne sont jamais en poste dans les ministères et au parlement mais qui ont leur rond de serviette à l’Elysée) sont suffisamment habiles pour placer leurs valets et leurs chiens de garde aux rênes du pouvoir. Les Macron, Attal, Bergé, De Montchalin ont été mis en place avec l’aval et la complicitê des Arnaud, Bolloré, Mulliez, Stérin et compagnie. Leur but : éviter tout changement de politique qui dérangerait leurs affaires et leur business. Aurore Bergé fait partie de cette clique malfaisante pour l’intérêt général.

Laissez un commentaire