Los Angeles : Trump fait la guerre à son peuple

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Le président américain embrase les manifestations contre sa politique migratoire. Il ajoute de la violence autocratique à sa violence politique. Une fuite en avant qui menace l’État de droit.

Jours d’émeute à Los Angeles. Comme une impression de déjà-vu dans la « cité des anges ». La légende de la deuxième ville des États-Unis est aussi celle des grandes révoltes – 196519922020. En ce mois de juin 2025, ce ne sont pas contre les crimes racistes de la police que L.A. se rebelle, mais contre les arrestations et les expulsions massives, en particulier contre les latinos.


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Depuis le week-end dernier, des Américains descendent dans la rue, s’interposent, protestent. Des centaines, tout au plus des milliers de manifestants. C’est à la fois beaucoup et rien du tout. Mais leur nombre n’a pas d’importance. Donald Trump cherche une faille, une micro-étincelle, pour embraser le pays. Il l’a. « Ils crachent, on frappe », a-t-il résumé. Sa réponse est hors de toute mesure.

Assurant vouloir mater la rébellion, le président a envoyé la garde nationale. Le gouverneur de Californie Gavin Newsom a dénoncé un acte « illégal, immoral et inconstitutionnel », outre-passant la souveraineté californienne. Réponse : Donald Trump le menace publiquement d’arrestation.

Il est un ultime enjeu dans ce qui se joue à Los Angeles : mettre en scène une insurrection. La multiplication des manifestations pourrait permettre à Donald Trump de recourir à l’« Insurrection Act ». La constitution l’autoriserait alors à s’octroyer les plein pouvoirs.

En fait, l’affrontement est bel et bien l’objectif du milliardaire. Pour lever les obstacles à son pouvoir qu’il veut absolu, le président doit mettre au pas des États et des villes au solide poids politique. Opposée à la promesse d’expulser plus de 10 millions de migrants illégaux, la Californie s’est déclaré « État sanctuaire ». Depuis novembre 2024, les moyens de la police locale ne sont donc pas affectés aux expulsions. Cet acte de résistance rappelle celui du premier mandat de Trump, quand les grandes villes démocrates, de Chicago à New York, avaient tenu tête au président quittant l’accord de Paris sur le climat.

À Los Angeles, Donald Trump veut donc mater les résistances institutionnelles des États démocrates et tenir sa promesse xénophobe. Ce contre-feu tombe aussi à point nommé, alors le vote de son budget est difficile. Au-delà de la violente altercation avec Elon Musk, ce sont ses propres élus républicains qu’il doit mettre au pas pour voter ce budget douloureux pour l’électorat populaire. La remise au premier plan de la promesse exécrable d’expulsions massives lui redonne du souffle. Dans les sondages d’opinion, plus d’un Américain sur deux (54%) se déclare favorable à sa politique migratoire. 

Enfin, il est un ultime enjeu dans ce qui se joue à Los Angeles : mettre en scène une insurrection. Le Los Angeles Times a compté ce lundi 9 juin une vingtaine de manifestations à travers le pays. Elles ne sont guère massives à cette heure mais leur multiplication pourrait permettre à Donald Trump de recourir à l' »Insurrection Act ». La constitution l’autoriserait alors à s’octroyer les plein pouvoirs. Déjà, Donald Trump pointe du doigt « les ennemis de l’intérieur ». Voilà peut-être l’ultime et véritable raison des provocations présidentielles, pourquoi il sort l’artillerie lourde contre des poignées de manifestants.

Qui arrêtera ce délire autocratique ? Le gouverneur de Californie cherche à empêcher Donald Trump par la voie judiciaire. La maire démocrate de L.A., Karen Bass, a instauré un couvre-feu sur le centre-ville la nuit dernière. Au-delà, les démocrates dénoncent « un abus de pouvoir ». C’est faible. Toujours KO et divisés, ils sont dans une impasse. Qui est acculé, finalement, dans cet enchaînement vers la guerre civile ?

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