Législatives : mesurer la percée du RN pour la conjurer

bardella

À l’heure où ces lignes sont écrites, nul ne peut sous-estimer la gravité de ce que nous vivons. En attendant les résultats finaux de ces élections anticipées, Roger Martelli analyse les données du premier tour pour comprendre… et réfléchir pour la suite.

Avec la fuite des collaborateurs de Paris et de Vichy, à l’été de 1944, l’extrême droite avait été écartée continûment du pouvoir. Elle avait certes fait son entrée au Palais-Bourbon au printemps de 1986, bénéficiant d’un bref intermède de scrutin à la proportionnelle. Elle n’y est restée que deux ans. En 2012 encore, alors que Marine Le Pen était en pleine ascension, son parti n’a obtenu que trois députés. Ils sont huit en 2017, puis 89 en 2022. En 2024, la détestable logique du scrutin majoritaire, qui les tenait à l’écart jusqu’alors, est à deux doigts de jouer en leur faveur.

Rien n’est acquis et il est encore possible d’éviter le pire, à défaut de parvenir au meilleur. Malgré la dédiabolisation du RN et l’inénarrable fable des « deux extrêmes », la perspective d’un pouvoir d’extrême droite continue de heurter la conscience républicaine, bien au-delà de la gauche. Mais, dans tous les cas de figure, que le RN l’emporte ou qu’il trébuche, il faudra une dose volumineuse de réflexion, tout autant que d’action. Même dans l’urgence, il n’est donc pas absurde de commencer à réfléchir, à partir de ce qui est et non de ce qui aurait pu être.

Ce qui est, ce sont d’abord les résultats du premier tour, dans leur sécheresse.

L’état des lieux

2024 premier tour2022Écart
Liste des nuancesVoix% Inscrits% ExprimésSiègesVoix% ExprimésVoix% Exprimés
RN9 377 11119,0129,25374 248 53718,685 128 57410,57
NFP8 974 46318,1927,99325 836 07925,663 138 3842,33
Ensemble ! (Majorité présidentielle)6 425 52613,0220,0425 857 36425,75568 162-5,71
LR2 104 9784,276,5712 370 44010,42-265 462-3,85
Union de l’extrême droite (Ciotti)1 251 2032,543,91    
Divers droite1 172 5372,383,662530 7822,33641 7551,33
Divers gauche491 06611,530713 5743,14-222 508-1,61
Divers centre391 4190,791,220283 6121,25107 807-0,03
Extrême gauche367 1940,741,150266 4121,17100 782-0,02
Régionaliste335 8170,681,050291 3841,2844 433-0,23
Reconquête239 9850,490,750964 7754,24-724 790-3,49
Horizons231 6640,470,720    
Écologistes181 9880,370,570608 3142,67-426 326-2,1
UDI163 0720,330,510198 0620,87-34 990-0,36
Divers142 8890,290,450192 6240,85-49 735-0,4
Droite souverainiste90 0940,180,280249 6031,1-159 509-0,82
Extrême droite59 6790,120,1916 4570,0353 2220,16
PS29 2420,060,090    
PRG12 4340,030,040126 6890,56-114 255-0,52
LFI12 2230,020,040    
PCF3 1260,010,010    
Les Écologistes2 6680,010,010    
Total des gauches9 892 41620,0630,86326 942 75430,532 902 4030,33
Centre et droite10 579 29021,443359 489 86341,72857 763-8,72
Extrême droite10 927 97822,1634,0939521976922,95445700611,14


Au vu des promesses suggérées par les sondages – jusqu’à 37% pour certains instituts –, le RN peut certes être légitimement déçu. Son avance est finalement moindre que ce que prévue dans la dernière ligne droite. Il n’en reste pas moins que, si les anciens alliés de la Nupes améliorent d’un peu plus de deux points leur score de 2022, la gauche dans son ensemble n’augmente que très légèrement son résultat précédent. Dans le même temps, la Macronie et les Républicains reculent de près de 9%. C’est donc le Rassemblement national et ses nouveaux alliés « ciottistes » qui sont les grands bénéficiaires de l’opération. Le problème est qu’ils avaient déjà connu la même bonne fortune il y a deux ans.

La percée du RN n’est pas une surprise

Les élections législatives de la Cinquième République
 19581962196719681973197819811986
Abstentions22,831,318,920,018,716,829,722,0
Participation77,268,781,180,081,383,370,378,0
Extrême gauche 0,00,10,11,23,30,51,5
PCF18,921,922,520,021,420,616,19,7
Écolos        
Gauche radicale19,823,924,724,024,623,917,411,2
Gauche non communiste21,517,420,216,921,226,338,332,8
Total gauche41,341,343,640,945,850,255,744,0
Centre15,010,415,410,913,320,421,715,8
Droite classique40,647,640,447,640,426,421,213,7
Centre et droite classique55,657,955,858,553,646,742,929,5
Extrême droite2,60,80,60,10,50,80,310,1
Total droite54,348,341,047,740,947,543,254,7
       
19881993199720022007201220172022
Abstentions34,331,132,135,639,642,851,347,5
Participation65,768,967,964,460,457,248,7 
Extrême gauche0,41,72,62,73,41,00,81,2
PCF11,29,19,94,94,68,12,8 
Écolos 7,47,04,43,35,63,8 
Gauche radicale11,510,912,57,78,17,814,926,8
Gauche non communiste37,620,227,926,727,734,111,9 
Total gauche47,631,147,340,039,047,826,830,5
Centre18,819,414,45,27,81,734,327,0
Droite classique21,824,721,838,445,534,320,613,6
Centre et droite classique40,544,136,243,653,336,154,940,6
Extrême droite9,912,915,312,54,714,215,724,0
Total droite51,960,751,556,158,050,370,664,7


En 2017, la gauche s’est trouvée à son plus bas niveau législatif, avec un peu plus du quart des suffrages exprimés, tandis que la droite classique, celle des nouveaux « macroniens » et des héritiers mal en point du gaullisme, se rapprochait de ses records des débuts de la Cinquième République. Cinq ans plus tard, l’hôte vibrionnant de l’Élysée enregistre la débâcle simultanée de ses troupes et de celle de l’ancienne UMP. La gauche récupère alors une partie de ses électeurs perdus de 2017, mais une petite partie seulement. L’essentiel profite à l’extrême droite qui, avec ses deux jambes, inattendues quelques mois plus tôt, celles de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour. Elle progresse de près de dix points sur le vote précédent. Deux ans plus tard, la gauche stagne et la droite macrono-républicaine recule à nouveau de près de neuf points.

Emmanuel Macron avait triomphé en 2017 avec son slogan du « et de droite et de gauche ». Ce faisant, il a siphonné la gauche en 2017 et terrassé la droite en 2022, avant peut-être de la liquider en 2024. Quant à l’extrême droite, elle est passée tranquillement de 14,2% en 2017 à un peu plus de 34% en 2024 !

La vérité est donc que le score de l’extrême droite explose en quelques années, alors que celui de la gauche stagne au-dessous du tiers des suffrages exprimés. Il faudra bien sûr se demander comment, alors que la colère et l’inquiétude ne font qu’enfler, alors que la France a connu la force des contestations critiques, sur le climat, sur les violences faites aux femmes, alors qu’elle a vécu les journées fiévreuses des Gilets jaunes et – cerise sur le gâteau – l’immense mouvement sur les retraites, c’est l’extrême droite française qui en tire les bénéfices et pas la gauche… En attendant de tout comprendre, on peut commencer à regarder ce qui est disponible.

La propension populaire au vote RN

Les instituts de sondage ont d’ores et déjà offert beaucoup d’éléments d’analyse sur les structures du vote, sa ventilation territoriale et son profil sociologique. On ne retiendra ici que celui d’Ipsos, que l’on peut comparer avec un sondage identique réalisé après le premier tour des législatives de juin 2022.

Sondages IPSOS : sociologie du vote
20242022
 NFPENSLRRNNUPESENSLR-UDI-DVDRN
Ensemble28,120,310,23425,225,213,718,9
Sexe
Homme2719103623251421
Femme2921113227251417
Âge
18-24 ans48943342131018
25-34 ans38138323819618
35-49 ans311793631181126
50-59 ans2518104022171430
60-69 ans2421113526281313
70 ans et plus1832142915381912
Profession de l’interviewé.e
Cadre3426112128221411
Profession intermédiaire351883135221020
Employé301284431141025
Ouvrier21765718111145
Retraité2029133118351812
Dernier diplôme obtenu
Inférieur au bac1717104917271228
Baccalauréat261983824231522
Bac +22822113225231618
Bac +3 et plus3722122232271211
Revenus mensuels nets du foyer
Moins de 1 250 €35128383419721
De 1 250 à 2 000 €331573628191223
De 2 000 à 3 000 €262293526271121
Plus de 3000 €2623123222281715
Catégorie d’agglomération
Moins de 2 000 habitants2319104027211222
2 000 à 9 999 habitants2519103921211426
10 000 à 49 999 habitants2623103622291722
50 000 à 199 999 habitants2520133422231322
200 000 habitants et plus3321102827281413


Le Nouveau front populaire retrouve à peu près son profil de 2022 : plus féminin que masculin, très jeune, diplômé, de revenus modestes. Il se renforce nettement dans les grandes agglomérations mais recule dans les plus petites communes et il progresse davantage chez les cadres (34%) que chez les ouvriers (21%).

Le RN progresse chez les hommes, les jeunes, mais aussi chez les cadres. Il vient concurrencer la gauche dans les professions intermédiaires, poursuit son implantation dans les catégories populaires et conforte sa supériorité dans les petites communes. Il surpasse la gauche dans la tranche des 10 000 à 100 000 habitants et vient la concurrencer dans les plus grandes villes, à l’exception des centres métropolitains.

Depuis longtemps maintenant, on discute sur la question cruciale des catégories populaires et notamment sur le fait que les partis les auraient abandonnées. C’est oublier un peu trop vite que le rapport de la gauche aux catégories populaires à deux entrées. Les catégories populaires, notamment aux XXème siècle, se sont servis de la gauche pour exprimer leurs craintes, leurs demandes et leurs espérances dans le champ de la politique instituée. Mais en retour la gauche a utilisé le soutien des catégories populaires pour légitimer sa place sur l’échiquier politique et social. Le PCF ne se vantait-il pas, exagérément mais non sans raisons, d’être « le parti de la classe ouvrière » ? Au fond, les catégories populaires se sont tout autant détournées de la gauche que la gauche s’est trouvée incapable de tenir compte de ce qui avait changé dans l’univers populaire. L’incompréhension et les ressentiments qui en résultent ont ainsi, peu à peu, nourri le divorce.

Il se dit parfois, souvent de manière rigoureuse et informée, qu’il ne faut pas exagérer le tableau, que la gauche n’a pas tout perdu et que l’extrême droite n’a pas tout gagné. Ce n’est pas faux, loin de là, et la gauche – notamment à l’initiative de LFI, enregistre de bons résultats dans les zones les plus populaires des couronnes métropolitaines. Mais il n’en reste pas moins que, si une partie importante des catégories populaires s’abstient plus que les autres, d’autres préfèrent se tourner vers la part la plus à droite du monde politique organisé. 

Les sondages sont un instrument imprécis, dit-on encore. Sans doute, mais les statistiques sociales, corrélées aux mouvements du vote vont dans les mêmes directions. On trouvera en annexe une étude, portant sur les circonscriptions, qui cherche à mesurer les probabilités plus ou moins grandes du vote en fonction de différents critères socio-économiques. L’étude confirme que le vote en faveur du RN tend à augmenter quand on s’éloigne des centres-villes et des villes en général. Il augmente aussi avec le statut social (attraction des employés et surtout des ouvriers) et les cycles de formations courtes. Il augmente avec le nombre des propriétaires (l’accès à la propriété des plus modestes étant impossible dans les centres métropolitains) et avec l’absence de services fondamentaux. C’est donc une population exclue des grandes centres urbains et qui se sent abandonnée par « la ville » qui, faute d’alternative jugée crédible et attractive, se tourne vers le RN. Désespérée à la fois par la gauche et par la droite, cette population désorientée est tentée par le constat que depuis des décennies l’extrême droite est tenue soigneusement à l’écart du pouvoir. Tous les autres ayant échoué et même trahi, pourquoi ne pas essayer celles et ceux qui ont été si longtemps délaissés ?

Au contraire, le vote en faveur de la gauche est d’autant plus dense que l’on est au coeur des grandes villes (notamment l’agglomération parisienne) et que l’on possède une formation supérieure. Mais si les cadres sont attirés par le vote à gauche (et par le vote en faveur d’Ensemble), ce vote concerne aussi, et massivement, une population modeste, plus jeune et souvent plus éduquée que dans le reste de la société, mais qui ne dispose pas d’un statut et de revenus en rapport avec leur niveau de formation.

Quant au vote en faveur d’Ensemble, il présente l’aspect d’un vote de catégories sociales situées vers le haut de l’échelle sociale, âgés, dotés de formations supérieures et paradoxalement moins liés à la propriétés immobilière (la gauche touchant plutôt les catégories populaires du logement social et la droite les locataires du secteur privée concurrentiel).

Prendre la mesure du danger, pour mieux le conjurer

Quelles que soient les tendances délétères de l’époque, il n’y a pas plus de fatalité à l’expansion de l’extrême droite française et européenne, qu’il y en eut au déclin du communisme et à l’épuisement d’une social-démocratie plus libérale que sociale. Au bout du compte, nous aurons dimanche prochain moins de ces triangulaires que l’arithmétique rendait tellement possibles au soir du premier tour. Dès l’instant où la possibilité d’un Bardella à Matignon est devenue immédiatement tangible, même les tenants du double refus du RN et de LFI ont dû prendre conscience de l’opprobre que méritait leur soutien de fait à la mécanique lepéniste. Mais, même s’il n’y a pas de majorité absolue pour le Rassemblement, l’appel à la lutte ne suffira pas pour barrer la route aux périls qui nous attendent. Ils ne manquent pas.

Par exemple, il est vrai que, parmi celles et ceux qui votent, les membres des catégories populaires se portent davantage vers le Rassemblement national (près de 50% selon un sondage post-électoral récent de l’Ifop) que vers la gauche (25% pour le NFP, toujours selon l’Ifop). Mais, au fil des ans, le RN s’est renforcé vers le haut de l’échelle sociale, si bien que le profil global se rapproche aujourd’hui de celui de la société française tout entière.

L’impression est renforcée par la manière dont évolue la distribution territoriale des voix. Le RN progresse partout et de façon souvent soutenue. Avec ses alliés, il gagne plus de 10% dans 278 circonscriptions. Le bond est particulièrement sensible dans ses bases anciennes d’implantation, les Hauts-de-France, le Grand-Est et le littoral méditerranéen. Mais il fait aussi sa percée dans des terres restées longtemps réfractaires, en Corse, dans l’Ouest, le Sud-Ouest et les contreforts du Massif central. Longtemps contenu par le réseau d’implantation communiste, il vient aujourd’hui contester le PCF dans les anciens bastions, comme vient de le montrer spectaculairement la défaite du numéro un du PC, le pourtant populaire Fabien Roussel. Du coup la répartition RN se densifie : il est au-dessus de 30% dans environ 300 circonscriptions, réparties sur l’ensemble du territoire métropolitain. Seules les métropoles hors-littoral méditerranéen lui échappent, à commencer par Paris.

Il n’en est pas de même pour la gauche. Elle progresse certes dans 296 circonscriptions métropolitaines, mais elle régresse dans 243 autres. La progression est très forte dans les vieilles zones de l’implantation communiste, aujourd’hui relayées à gauche par celles de LFI. Sur les 32 députés du NFP élus dès le premier tour, 24 se trouvent en région parisienne, dont neuf à Paris et sept en Seine-Saint-Denis. Les métropoles et leurs périphéries sont le cœur de l’influence de la France insoumise et, partant, de celle de la nouvelle union de la gauche. Mais, du coup, alors que l’influence du Rassemblement national s’épaissit et se nationalise, celle de la gauche prend un peu plus l’allure d’un archipel, comme l’était l’implantation du PCF des premières années, au temps de la « banlieue rouge » naissante. Sans doute, cela devra-t-il alerter les formations de la gauche. Une position quasi hégémonique dans une fraction du territoire national peut être une chance pour une expansion ultérieure, mais à condition de ne pas s’enfermer dans une culture du bastion ou de l’îlot, sorte de contre-société que l’on entretient et que l’on protège… tant qu’elle accepte d’être protégée ou qu’elle ne trouve pas d’autre méthode de protection.

La force du RN, jusqu’à ce jour en tout cas, est d’avoir su utiliser l’inquiétude, l’amertume, le sentiment d’être méprisé et abandonné pour légitimer son projet cohérent de protection et de préférence avant tout nationales. Ne nous y trompons pas : la base du vote RN est le ressentiment populaire, mais ses ressorts sont dans l’inquiétude devant un avenir qui paraît bouché. Dès lors, qu’il y ait ou non du racisme en milieu populaire, la force du RN tient à ce qu’elle oppose à l’angoisse devant l’avenir, un véritable projet de société, , certes historiquement rétrograde, mais que sa simplicité (la protection nationale, la frontière et la mise à l’écart des « assistés ») installe comme une base possible de réunification des catégories populaires pour l’instant désunies. Or, aujourd’hui comme hier, ce n’est pas en regroupant une partie seulement du « peuple » autour de la colère, dans un territoire devenu sanctuaire, que l’on pourra durablement faire refluer la contre-révolution inquiétante, bien plus inquiétante que la contre-révolution libérale d’hier.

Mais nous aurons bien le temps de réfléchir à cela. Dans l’immédiat la petite fenêtre qui s’ouvre est celle de l’inquiétude populaire devant l’arrivée au pouvoir du RN, une inquiétude qui déborde heureusement des territoires de la seule gauche. Telle est l’opportunité à ne pas manquer, avant d’amorcer le repli de ce qui ne devrait plus progresser, en tout cas dans ce pays.


BONUS. Les corrélations des données sociales et du vote

Il existe une méthode statistique pour évaluer la probabilité d’un vote en fonction de telle ou telle donnée objective disponible : il s’agit de l’analyse des corrélations. La force des liens entre un vote et une donnée sociale est mesurée par un chiffre, qui va de 1 à -1. Plus le chiffre se rapproche de 1 et plus est grande la probabilité d’un vote en faveur de telle force ; au contraire, plus le chiffre se rapproche de -1 et plus est faible la probabilité d’un vote. Les chiffres positifs suggèrent une attraction, les chiffres négatifs une répulsion.

Les chiffres négatifs les plus significatifs sont surlignés en orangé, les plus positifs en gris.

Le lien entre le vote et les données sociales (en % de la population),
 Vote aux législatives 2024
Caractéristique socialeRassemblement natioalNouveau front populaireEnsemble !
Part de la population habitant une ville centre-0,420,570,12
Part de la population habitant à la campagne, à proximité d’une ville0,32-0,45-0,05
Part de la population habitant à la campagne, loin d’une ville0,20-0,37-0,17
Part de la population active au chômage0,090,39-0,27
Part de la population active ayant un CAP, BEP ou équivalent0,53-0,56-0,31
Part de la population active ayant un diplôme de niveau BAC+5 ou plus-0,510,410,38
Part des agriculteurs dans la population0,18-0,35-0,11
Part des artisans, commerçants ou chefs d’entreprise0,14-0,320,01
Part des cadres et professions intellectuelles supérieures-0,510,390,39
Part des professions intermédiaires-0,170,190,17
Part des employés0,39-0,09-0,42
Part des ouvriers0,47-0,42-0,33
Part des propriétaires de leur résidence principale0,35-0,64-0,05
Part des locataires-0,350,650,05
Part de population sous le seuil de pauvreté (60 % du niveau de vie médian)0,040,43-0,32
Part de la population ayant accès à un médecin sur sa commune de résidence-0,360,490,20


Les chiffres confirment l’attractivité plus grande du RN, non pas dans les « campagnes », mais dans les espaces extra-métropolitains où se concentre une population massivement ouvrière et employée, de formation courte et de revenus modestes, qui ressentent durement l’absence de services dont disposent les populations des centres urbains, y compris les plus modestes. En revanche, les villes-centres, les statuts sociaux élevés et les hauts revenus délimitent le contour des zones toujours répulsives pour la formation de Marine Le Pen.

Les territoires d’attraction de la gauche sont, par contraste, les très grandes unités urbaines qu’elle dispute à la majorité présidentielle, les plus jeunes, les formations élevées et les populations de statut et de revenu modeste des couronnes périphériques. Cruellement, les catégories ouvrières et les formations les plus courtes constituent aujourd’hui des zones répulsives, contrastant avec l’époque où la majorité des catégories populaires qui votaient le faisaient en faveur de la gauche.

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19 commentaires

  1. jimbo le 3 juillet 2024 à 17:51

    Analyser le vote RN sans faire la moindre référence à l’immigration ou à l’insécurité c’est comme analyser la vie de Napoléon sans évoquer l’empire ou la guerre. Ça risque d’être compliqué de « conjurer » ce qu’on a choisi d’ignorer.
    Par ailleurs la population « exclue des grandes centres urbains » est une appellation aussi fantaisiste que la population « parquée dans les cités ». Pour connaitre beaucoup des deux, la première a littéralement fui la seconde, que personne n’a jamais parqué nulle part.

    • Magnus le 3 juillet 2024 à 18:16

      N’importe quoi, ce qui manque c’est la référence à la soumission à la politique de droite de l’UE et les Etats-Unis.

  2. Frédéric Normand le 3 juillet 2024 à 19:04

    Il est frappant d’observer, dans les résultats électoraux, le croisement des courbes du PCF et du FN, à partir des élections européennes de 1984. L’un précipitait son déclin tandis que l’autre commençait son ascension. Le corps électoral n’étant pas élastique, cela ne pouvait s’expliquer que par une migration de l’électorat d’extrême-gauche, dont le PCF capitalisait l’essentiel, directement vers celui d’extrême-droite, où le FN l’attendait. D’autres électeurs communistes glissaient vers le PS.

    C’était un vivier convoité, à l’époque, que cet électorat communiste. Il fut siphonné par les deux bouts. Tout cela semble loin. Le rôle d’épouvantail que tenait le PCF du temps de l’URSS passa au FN, qui le garda jusqu’au début du siècle suivant, même encore quand il devint le RN en 2018.

    Maintenant l’épouvantail a changé de camp. Il est allé chez LFI, qui a tout fait par elle-même pour le récupérer et qu’elle agite comme une gorgone pour effrayer le bourgeois. Quel panache ! Mais c’est le mistigri : celui qui le détient est perdant.

    • Magnus le 4 juillet 2024 à 00:13

      Je constate que votre raisonnement ne tient pas debout.

      « Mais c’est le mistigri : celui qui le détient est perdant. »

      Vous semblez dire qu’il y a un rôle d’épouvantail qui fait partie intégrante de la Ve république. Et que ce rôle, sans doute lié au jeu médiatique, serait attribué à un parti puis à un autre.

      Mais loin de rendre perdant, ce rôle semble faire exister, incarner l’opposition, la véritable, dans la Ve.

      La Ve est assez polarisante, j’en conviens, assez binaire, mais je dirais qu’il existe un constat assez simple : un parti qui refuse de se soumettre à l’UE est dans cette Ve donné le rôle d’épouvantail. Car, voilà, s’opposer au système actuel suppose aujourd’hui s’opposer à la soumission à l’UE et à l’OTAN.

      En cessant de s’opposer à cette soumission, comme l’a fait le RN, on peut être mieux vu par la Ve, certes, mais du coup j’espère que LFI va savoir garder son opposition à la Ve pour finir avec en finit avec cet institution en décalage avec la démocratie.

      Mais je suis d’accord pour dire que la démocratie sera toujours perdante tant qu’on reste avec la Ve 😉

      • Dimitri le 4 juillet 2024 à 19:03

        Qu’appelez-vous soumission à l’UE ?

        • Magnus le 4 juillet 2024 à 19:44

          Pour citer le dernier numéro du Monde diplomatique (l’article « Nous y sommes ») :

          « l’extrême droite se nourrit depuis longtemps des renoncements et des accommodements des partis de gouvernement. »

           »
          Les premiers succès de Front national (FN) enregistrés lors de scrutins locaux en 1983 coïncident avec la soumission aux contraintes européennes des socialistes au pouvoir lorsqu’ils renoncent à la politique de « rupture avec le capitalisme » prévue dans leur programme. Si rien ne relie alors les deux événements, l’obéissance des partis de droite comme de gauche aux règles d’une mondialisation qu’ils présenteront parfois comme « heureuse » fournira le terreau fertile d’un parti qui totalisait cent mille voix aux élections législatives de 1981. À mesure que les classes dirigeantes abandonnent à des instances supranationales des pans croissants de leur souveraineté économique, monétaire, juridique, le débat public, jusque-là dominé par l’opposition entre libéralisme et socialisme, se trouve reformulé en clivages nationaux, culturels, sécuritaires, identitaires, voire civilisationnels.

          Le groupuscule fondé en 1972 par des partisans de Vichy et de l’Algérie française va s’épanouir dans le chaos social né de la désindustrialisation et du chômage de masse.
           »

          Voilà, ça résume assez bien les choses.



        • Dimitri le 4 juillet 2024 à 23:27

          Ok, mais concrètement, en quoi nous trouvez vous soumis aujourd’hui ? Vous transcrivez des formules maintes fois entendues, mais peu précises.
          Certains parlent des critères de convergence de la zone euro, mais cela fait 20 ans que nous ne les respectons pas, sans conséquences…. Je ne sais pas si nous sommes soumis, mais en tout cas, nous ne respectons pas beaucoup les traotés que nous avons votés et signés…



        • Magnus le 5 juillet 2024 à 09:47

          @Dimitri

          Je ne vous trouve pas plus précis pour ainsi dire. Il est vrai que ces contraintes sont tellement peu raisonnables que la pratique des pays de l’UE diffère d’elles (nombreux sont les économistes qui estime la zone euro mal foutue par exemple, destinée à aller vers une crise majeur aux conséquences potentiellement énormes). N’empêche que ces contraintes ne vont que dans un sens et ne permettent pas d’aller dans un autre, donc au contrecourant avec la démocratie.

          Désormais le rn adhère à ces contraintes, du coup il y a peu de doute que le parti aurait du mal à se maintenir au pouvoir démocratiquement dans le long terme si jamais il arrivait au pouvoir.

          Tout indique que le rn n’arrive pas au pouvoir cette fois-ci, ni lors des prochaines présidentielles, mais pour empêcher le parti d’arriver au pouvoir un jour il faut une politique de gauche, donc indépendante de l’UE et les Etats-Unis.



  3. Lucien Matron le 4 juillet 2024 à 07:38

    Toute les explications et raisonnements politiques qui ne s’appuient pas sur le fond des problèmes ne peuvent conduire qu’à la désillusion. Pourquoi les questions migratoires se posent elles dans tous les pays du monde : les latinos à la frontière Mexico-américaine, les peuples orientaux et moyen orientaux aux frontières est-européennes, les peuples maghrébins et africains aux frontières espagnoles, italiennes et françaises…Pourquoi tous ces peuples migrent-ils ? Sans compter les  » déplacés » climatiques . Pourquoi? Oui, mais pourquoi ? Sur toutes les thématiques de politique intérieure ou extérieure, si à chaque réponse, le pourquoi est posé, les réponses convergent vers la question du modèle économique global.
    De fait, il n’y que deux modèles économiques et par conséquent politiques possibles, le modèle libéral qui fait confiance absolue au marché et à la finance ( et ce modèle là met en place et soutient toutes les formes politiques qui acceptent sa soumission) ou un autre modèle plus social qui organise le cadre politique en fonction de l’intérêt général et des besoins humains. On peut appeler ce dernier modèle social-démocrate ( à condition qu’il ne se couche pas systématiquement devant les appétits de la finance) ou socialiste ( à condition qu’il ne se couche pas devant les autocrates religieux ou politiques). Autrement dit la responsabilité des politiques est immense. Le modèle économique qui accepterait que le gouvernement détermine de façon citoyenne et démocratique, le cadre dans lequel les priorités politiques et stratégiques se mettent en place, au profit de la population et pas au profit des intérêts privés est sans doute l’enjeu majeur des prochaines années et décennies.
    Soit les populations mondiales continuent d’être soumises à l’avidité sans limite de la finance ( exploitation des ressources, détérioration de la planète, faim, misère, guerre), soit d’une façon ou d’une autre, elles s’émancipent et prennent leur avenir en main.

    • lecteur le 4 juillet 2024 à 08:14

      Pourquoi ? Peut-être que c’est parce que se poser la question sous l’angle des systèmes économiques reviendrait à remettre en question le petit confort intellectuel de beaucoup – et les avantages et privilèges qui vont avec -, même s’ils se disent de gauche, qui n’ont qu’à recycler les analyses des chiens de garde et autres prétendus élites au lieu de se fatiguer à réfléchir. D’où cette démolition systématique (si ce n’est systémique) de la gauche « radicale » (au sens de « qui s’attache aux racines ») par cette même « gauche raisonnable » pour éviter cette remise en question gênante.

      • carlos_H le 4 juillet 2024 à 11:18

        +1 @Lucien Matron +1 lecteur

    • Frédéric Normand le 4 juillet 2024 à 11:02

      @Lucien Matron. Le libéralisme n’est pas la loi de la jungle, qu’on l’entende au sens économique ou au sens politique. Contrairement à ce que vous dites, il ne fait pas confiance absolue au marché. Il lui permet de jouer son rôle sans l’entraver par idéologie, sans le condamner a priori. Mais il l’encadre de lois pour éviter les abus que les positions dominantes peuvent générer. Par exemple, il s’oppose au protectionnisme en tant que système, mais il peut taxer les importations de pays pratiquant le dumping ou employant une main d’œuvre dans des conditions dégradantes. L’Etat qui forme le cadre où ces lois s’appliquent est de même nature dans la libéralisme et dans la social-démocratie. C’est le même régime dans les deux cas, le régime parlementaire – quand il s’agit de régimes démocratiques bien sûr, on ne parle pas de régimes autoritaires ou pire totalitaires. Seules les missions de l’Etat diffèrent de degré, non de nature, avec toutes les nuances possibles les séparant. Mais l’Etat, quel que soit la ligne gouvernementale, reste un Etat de droit et son économie est tout ce qu’il y a de capitaliste.

      Le libéralisme n’est pas contre le social. Il est contre le socialisme. La nuance est essentielle. Encore y a-t-il matière à d’infinies subtilités : le mot socialisme est polysémique et vous repérez, à juste titre, les deux sens principaux : la social-démocratie et le socialisme en tant que régime. Ces deux conceptions politiques ont divisé le mouvement ouvrier pendant des décennies. L’histoire n’a pas donné raison aux deux, avec des fortunes diverses mais dont chacune peut se relever pour continuer dans la même voie. Elle a donné tort au socialisme en tant que régime. Son bilan humain est effroyable.

      Par ailleurs les quelques pays qui dans le monde continuent politiquement le socialisme ont libéralisé leur économie. Autant dire qu’ils ont opté sans le dire pour le capitalisme que pourtant ils condamnent par principe.

      Cela nous invite à une prise de conscience de portée potentiellement universelle : le capitalisme n’est pas un régime politique et il ne disparaitra pas. Les libéraux l’ont compris depuis toujours. Les sociaux-démocrates l’ont compris depuis longtemps. Les marxistes-léninistes font de la résistance mais ils sont peu suivis.

  4. Lucien Matron le 4 juillet 2024 à 12:32

    Vous avez raison, ni le capitalisme, ni le libéralisme ne pratiquent la loi de la jungle dans laquelle des équilibres entre espèces s’installent et arrivent à se réguler. Pour le capitalisme et son système libéral , c’est bien pire que la loi de la jungle, c’est la loi du renard dans le poulailler : les poules n’ont aucune chance…

    • Frédéric Normand le 4 juillet 2024 à 13:19

      De grâce laissez tomber cette métaphore débile du renard dans le poulailler. Pour la énième fois, il faut vous rappeler que dans un poulailler, par définition, il n’y a pas de renard. Le poulailler a été conçu par les éleveurs de poules pour empêcher le renard de venir à leur contact. La bonne métaphore est celle du renard qui tourne autour du poulailler pour essayer d’y pénétrer sans y parvenir. C’est ça le libéralisme : l’équilibre général entre les espèces exige que les plus vulnérables soient protégées par l’homme. Il le fait par son intelligence et son esprit d’entreprise.

      La persistance de ce lieu commun traduit la difficulté que nous avons tous, peu ou prou, à nous débarrasser des stéréotypes qui nous permettent un certain confort intellectuel, le sentiment d’être dans le bon, l’excellence, le droit chemin, en écartant les questions qui viennent le troubler. On acquiert rarement les vertus dont on peut se passer. Mais qu’enfante le sommeil de la raison ?

  5. Lucien Matron le 4 juillet 2024 à 18:08

    Encore une fois c’est faux. J’´habite pas très loin de la Bresse…et régulièrement les renards entrent chez les éleveurs pour prélever des poules….y compris dans les poulaillers semi-industriels….pourtant construits avec  » intelligence et esprit d’entreprise » . La métaphore reste bonne et ici ce n’est pas un lieu commun. Une amie s’est fait prélever récemment 14 poulets ou poules en une nuit….Puis quelques autres 15 jours après. Les renards sont beaucoup plus malins que les poulets et que les hommes, à la moindre faille , ils se comportent en prédateurs comme les libéraux.

    • Frédéric Normand le 5 juillet 2024 à 00:58

      J’adore la Bresse, une région aux paysages variés, allant de la vallée de la Saône aux premières pentes du Revermont et, plus au nord, aux riants coteaux du Jura couverts de vignes. Elle se perd au sud parmi les premiers étangs de la Dombes qui la ponctuent de leurs miroitements, mais c’est déjà une autre région quand ils sont devenus nombreux. Le paradis des pêcheurs, qui viennent exercer leur art tranquille pour prendre ici un brochet, là une carpe. Oh, une grenouille plonge qui semblait somnoler sur une feuille de nénuphar. Plop !

  6. Berkor le 6 juillet 2024 à 14:20

    La plus grande arnaque contre les 95% de ceux qui vivent de ĺeur travail est le baratin du clan multimillionnaire Le Pen, y compris le gendre Bardella, qui est relayé par les milliardaires d’extrême droite. Ceux-ci contrôlent une part croissante des médias et instituts de sondage et veulent établir leur dictature sur la France et la majorité des autres pays.
    Les principaux dictateurs et mouvements d’extrême droite admirés par le clan Le Pen sont notamment des collaborateurs, Franco, Salazar, l’OAS. Pinochet, les généraux argentins Videla, les neo- mussoliniens italiens et le dernier en date l’Argentin ultraliberal Milei, applaudi par Me Le Pen à Madrid, et qui a baissé de 30 à 50 % le pouvoir d’achat des salariés et retraites

  7. Jena-Yves Bouron le 7 juillet 2024 à 14:10

    Je suis très étonné par le nombre de voix attribué à chacun des partis de gauche au 1ᵉʳ tour de législatives de 2024 (y compris par rapport au nb de voix du total gauches).!!
    Ne faudrait-il pas faire X10 ?

  8. ArthurFleck le 16 juillet 2024 à 19:21

    Dans la ville ou je suis ,ils ont même des « tagueurs RN » #_alors, qu’avant tu voyait pas ça !Ils ont pris de l’ampleur ,le Maire et, les élus politique faut qu’ils fassent gaffe à ça car, un beau jour ,ils perdront leur ville au profit de l’ extrême -droite s’ils refusent de voir ,de croire ,de prendre en charge le mécontentement des gens car, demain ce sont eux qui _voteront ou pas . (Institution autoritaire ,surveillance csu,restrictions ,inflations ,divisions …………………………………………………………………………………………………………………

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