Législatives : c’est officiel, la Macronie fera barrage à… la gauche 

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Contrairement à la gauche qui a toujours répondu présente, maintenant que le « barrage républicain » est entre les mains de la droite et du centre, il s’effondre.

Que serait la France si le peuple de gauche ne s’était pas mobilisé à chaque fois que cela fut nécessaire ? En 2002, lorsqu’il eut fallu voter Chirac. En 2017 ou en 2022, lorsqu’il eut fallu choisir Macron. Ce même Macron qui scandait, au soir de sa réélection, que « nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Et je veux ici les remercier, et leur dire que j’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir. »

La suite n’est que trahison. Et nous en atteignons son paroxysme dimanche. Suivant le vent des sondages Odoxa :

  • 47% des Français se disent prêts à faire barrage au Nouveau Front Populaire – 41% barrage au RN.
  • 71% des sympathisants Renaissance sont prêts à faire barrage au Nouveau Front Populaire – 65% barrage au RN.

Pour l’électorat du centre (pire encore pour celui de droite), la situation politique est très claire : plutôt Bardella que le Front populaire. Où sont passés ces macronistes qui suppliaient la gauche de voter pour eux quand ils affrontaient un candidat RN aux dernières législatives ? Ils creusent leurs tombes. Au mépris de l’Histoire.

Aussi assiste-t-on au défilé de ministres et députés en campagne sur les plateaux de télévision pour nous expliquer qu’ils « feron(t) barrage aux représentants de cette nouvelle Nupes […] qui seront un danger » (Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement), que « les candidats derrière Gabriel Attal sont les mieux placés pour faire barrage aux extrêmes à droite comme à gauche » (Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture) ou encore que « le meilleur rempart, notamment face au Front populaire, c’est pas le RN, c’est nous » (Aurore Bergé, ministre déléguée à la Lutte contre les discriminations). Au mieux trouve-t-on un Gabriel Attal incapable de dire qu’il fera barrage à l’extrême droite, trop occupé à parler « des » extrêmes et du « Front populaire ».

Désormais, les enfants de Dominique Strauss-Khan se retrouvent en contradiction avec leur mentor : l’ancien patron du FMI a signé une tribune arguant qu’il faut « tout faire pour éviter l’arrivée au pouvoir du RN… y compris voter LFI ». Mais c’est le chef de l’État en personne qui a tranché la question devant tous les ténors de son camp : en cas de duel RN-LFI, c’est « ni-ni ». En réalité, ce nouveau « ni-ni » ne met pas un signe égal entre l’extrême droite et « l’extrême gauche » (coucou Hollande !). Car il serait faux de penser qu’il s’agit ici seulement de La France insoumise. Emmanuel Macron a un plan et la victoire de la gauche n’en fait pas partie – rappelons que le Président a qualifié la création du Front populaire « d’indignité », porteur d’une « politique antisémite » et « immigrationniste ».

Le « ni-ni » est un suicide

Le « cordon sanitaire » de Chirac a été coupé en 2011 par ses héritiers. On parle désormais de « ni-ni ». Avec les résultats que l’on connaît : aux européennes de 2014, le Front national arrive en tête pour la première fois de son histoire. Et il la garde aux départementales et régionales de 2015, puis aux européennes de 2019, aux régionales de 2021 et dernièrement aux européennes de 2024. Parallèlement, la droite traditionnelle, celle que l’on dit « républicaine », passe de 20% aux européennes de 2014 à 7% en juin dernier. Le « ni-ni » de Sarkozy finira même par toucher les députés : ils étaient 320 sous son mandat, ils sont 62 depuis 2022. Cela saute aux yeux : seule échappe à l’extrême droite la victoire aux législatives et à la présidentielle.

Faisant fi de cette situation délétère, Marine Tondelier a jeté une bouteille à la mer. Dans une « lettre aux partis politiques du centre et de la droite », la patronne des Écologistes ses homologues de Renaissance, d’Horizons, de l’UDI et du MoDem pour qu’en cas de triangulaire aux seconds tours, le candidat en troisième position se désiste pour permettre de battre le RN.

Plus à droite, deux lignes s’affrontent : celle de Bellamy qui vote RN sans hésiter face à la gauche et celle de Larcher/Bayrou qui s’abstiennent. In fine, il ne reste qu’un seul homme pour rappeler l’essentiel de ce qui fait que le 7 juillet à 20h, la République sera toujours la République. Il ne s’agit pas de Manuel Valls, pas même de Bernard Cazeneuve, mais Dominique de Villepin. Mais dire non à l’extrême droite est devenu un positionnement de gauchiste. Pauvre France.

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9 commentaires

  1. Magnus le 27 juin 2024 à 12:32

    Regards n’arrête pas de découvrir des choses. Si ça continue comme ça, on va peut-être pouvoir se concentrer sur combattre l’extrême-droite d’ici le deuxième tour ?

  2. carlos_H le 27 juin 2024 à 14:37

    bizarre… j’ai comme une impression de « déjà-vu »…
    Booonnnn… et à ce moment là je dis Donc: « Dominique De Villepin c’est un peu Hibernatus qui se réveille d’un long sommeil et qui découvre qu’il est passé de « gaulliste » à « islamo-gauchiste »… »

  3. Frédéric Normand le 28 juin 2024 à 11:08

    Que nous dit Macron ? ‘Votez pour moi, sinon c’est la guerre civile.’ Sous-entendu : vous en serez responsables. Pour lui, les fauteurs de guerre civile sont les extrémistes, catégorie politique à laquelle il est étranger. Il craint plus les extrémistes de gauche que ceux de droite. On peut s’interroger sur le bien-fondé de cette attitude, imaginer qu’une partie du peuple français refuserait le verdict des urnes et irait dans la rue le contester, mais c’est la sienne. La macronie fait donc barrage à l’extrême-gauche.

  4. Marc le 28 juin 2024 à 16:01

    Bonjour,
    Pas d’accord avec votre photo montage montrant Macron avec une moustache « à la Hitler  » avec le mot RN.
    Vous ne pouvez faire u parallèle entre les 2
    C’est con.

    • carlos_H le 28 juin 2024 à 16:28

      @Marc : je ne crois pas que quelqu’un ait pris cette image au sens littéral…

    • carlos_H le 28 juin 2024 à 16:29

      …avant d’être « con », c’est quand même un peu « marrant » quand même (on pourrait choisir d’en pleurer bien sûr ;- ) )

    • Frédéric Normand le 28 juin 2024 à 18:00

      Oui c’est con et c’est surtout contreproductif. Donc doublement.

      • Magnus le 28 juin 2024 à 21:14

        C’est surtout qu’on peut faire pareil avec Hollande par exemple. C’est lui le maître après tout, Macron c’est juste son élève.

    • Magnus le 28 juin 2024 à 21:17

      C’est con pourquoi ? Vous sous-entendez que il n’y a pas de lien entre Hitler et Le Pen ? Pourquoi il y a des efforts de réhabilitation de Hitler dans des milieux d’extrême droite en dynamique alors, dont plusieurs votent pour le pen et le rn ?

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