Le Parti socialiste en quête d’un compromis fécond
Le PS a entamé des négociations avec les ministres de l’économie et des comptes publics. À quelles fins ?
Ce mardi, Olivier Faure en a posé les enjeux de ces pourparlers sur France Inter avec une argumentation en 3 points :
- 1. Il faut un budget pour la France.
- 2. Le PS est ouvert au compromis parce que « s’il n’y a pas ce dialogue fécond, cela conduit à ce que l’extrême droite soit appelée au pouvoir, comme c’est le cas, en ce moment même, en Autriche ».
- 3. Les négociations vont porter essentiellement sur les retraites, les dépenses de services publics (éducation, santé…), le pouvoir d’achat et la justice fiscale.
En clair, si les négociations aboutissent, le PS ne voterait pas la censure, ni après la déclaration de politique générale de François Bayrou le 14 janvier, ni sur le budget 2025. Il continuerait de s’opposer et de combattre la politique du gouvernement et notamment celle du duo Retailleau-Darmanin.
Le cas de l’Autriche est effectivement parlant. Mais la montée et l’arrivée de l’extrême droite à la direction du gouvernement autrichien ne sont pas seulement dues à l’échec des négociations entre les conservateurs et les sociaux-démocrates. Elles sont d’abord la conséquence des politiques qu’ils ont conduit ensemble ou séparément. Elles tiennent ensuite au renversement d’alliances décidé par les conservateurs qui ont choisi celle avec l’extrême droite. Elle sont dues, enfin, comme le souligne Romaric Godin dans Mediapart, aux milieux économiques qui soutiennent ce renversement d’alliances. Elon Musk est loin d’être seul au monde.
S’agissant de l’Autriche, cela ne nous rajeunit pas. Mais s’agissant de la France, cela peut nous faire réfléchir. La censure, en janvier ou en mars du gouvernement Bayrou, l’enfoncement dans la crise politique et économique, voire la démission rapide d’Emmanuel Macron avec de nouvelles élections présidentielles dans l’urgence, ne seront pas propices à empêcher l’accession au pouvoir de l’extrême droite française.
Il aurait fallu pour cela que le Nouveau Front populaire ait sérieusement labouré le terrain d’un projet, d’un programme, d’une mobilisation active de la société. Bref qu’il ait fait Front populaire. Mais un compromis sur le budget ne créera pas en soi une situation plus favorable. Cela risque tout aussi bien d’être « encore un instant, monsieur le bourreau ». Qui pourrait prédire autre chose qu’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite en France si le dialogue entre le « socle commun » du gouvernement Bayrou et la gauche social- démocrate ne change pas la trajectoire d’une politique qui enfonce le pays et une grande majorité de la population dans un déclin sans espérance ?
On a du mal à comprendre la stratégie du PS , du PC et des écologistes.
Ils semblent considérer comme légitime qu’une ou un représentant du NFP ne soit pas premier ministre.
Ils semblent considérer légitime cette coalition des macroniens et de la droite qui ne représente pas ce qui s’est passé dans les urnes .
Croient ils par ces négociations « fructueuses » obtenir l’abrogation de la réforme des retraites, le rétablissement de l’ISF, des moyens pour les services publics, le retrait des mesures contre les chômeurs et les bénéficiaires du RSA , l’arrêt des mesures et des persécutions contre les migrants et les sans papiers.
Si ces négociations se terminent par un os à ronger contre une promesse de non censure , satisfaisant les négociateurs , ce sera assez honteux.
Historiquement, chaque fois que la « gauche » a agi en ordre dispersé, les bénéfices politiques ont été recueillis par la droite. Les mêmes causes produisant les mêmes effets et la situation étant devenue pire côté droit de l’échiquier politique avec la domination idéologique du RN, c’est ce dernier qui sortira gagnant de la séquence. Certains peuvent toujours invoqués la stabilité, la nécessité vitale d’établir un budget ou la responsabilité, le poison du RN continue son effet dévastateur, avec l’aide de médias de plus en plus complices. Le RN avec ses alliés sont des alchimistes qui prétendent transformer leur boue nauséabonde en or. Personne n’a intérêt, à composer avec un gouvernement instrumentalisé par le RN. Ceux qui se prétendent, démocrates et républicains, et qui tomberont dans le piège tendu par le RN seront les complices, voire les collaborateurs d’une politique mortifère pour le pays.
peut-être oublie-t-on dans cette mauvaise histoire de négociations budgétaires les électeurs de gauche du front républicain qui ont misé sur le NFP (avec un certain succès aux législatives) et qui se retrouvent avec un PS négociant des « signes tangibles » et des « gels de réforme » : politiquement – électoralement et programmatiquement – est-ce vraiment lisible, compréhensible ou même raisonnable par tout un chacun ? le NFP avait porté l’espoir d’une union de la gauche, même arrachée dans l’urgence, et ce « mouvement » du PS vers ce gouvernement de droite allié avec la droite (très) dure (stratégie interne de Faure ? volonté de « stabilité » de l’AN ou des institutions ? ) me semble incompréhensible politiquement (c’est à dire sans fruits électoraux, ni ligne lisible), malgré les arguments de Faure sur le possible chaos … cela n’a pas de sens politique. cela condamne le NFP à la division (et une sorte de provocation envers LFI mais aussi les électeurs du NFP qui ont cru aux paroles qui condamnaient durement la macronie refusant de nommer Castet par deux fois). cela nous condamne presque sûrement à un premier tour 2027 dispersé face à une situation d’urgence démocratique (à moins d’un improbable dernier sursaut). les irresponsabilités ne se réduisent pas au PS (LFI porte une part) mais il est – à mes yeux encolérés – le principal vecteur de discorde avec ce choix de négocitations … et avec les voix – permanentes – venues de sa « gauche de droite » pour délégitimer de LFI/JLM. Impardonnable et suicidaire probablement.
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