LA LETTRE DU 30 DÉCEMBRE

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Rapport Draghi : la deuxième lame

par Bernard Marx

Mario Draghi en remet une couche : trois mois et demi après son premier rapport, il relance et précise ses critiques du modèle de croissance européen. Ses analyses trouvent écho auprès de Jean Pisany-Ferry. Un débat s’ouvre parmi les dirigeants européens sur le recul de l’Europe. Débat dont il faut se saisir.

Mario Draghi a délivré le 15 décembre un nouveau commentaire de son rapport sur la spirale du déclin économique et social de l’Europe et sur les moyens d’en sortir. Visant à redonner une boussole et une mission à l’Union européenne, son rapport avait été salué par Emmanuel Macron et fut adoubé par Ursula von der Leyen qui prétendait en faire une feuille de route de la nouvelle commission. Fallait-il y voir un soutien inconditionnel ?

Les résistances aux changements suggérés par Mario Draghi sont fortes. Le prédécesseur de Christine Lagarde à la banque centrale européenne insiste désormais clairement sur la responsabilité du modèle de croissance et de politiques budgétaire et monétaire déployé depuis plusieurs décennies par l’UE sous l’impulsion et la direction de l’Allemagne.

Bien sûr, ce que préconise le rapport est discutable et, selon nous, est loin de permettre d’aller vraiment dans la bonne direction. Certes, dans la mixité public-privé, Mario Draghi réclame plus d’investissements publics et de politiques industrielles. Mais, en même temps, il ignore les enjeux du climat et de la biodiversité, il continue de privilégier le marché en misant sur l’approfondissement du marché unique des biens, des services et surtout des capitaux.

Alors que l’UE va devoir se déterminer face à la politique Trump et que Christine Lagarde préconise déjà « d’acheter américain », Mario Draghi revient donc à la charge. Son rappel mérite d’être débattu.

Selon Mario Draghi, le modèle européen aujourd’hui en grande difficulté, repose sur trois piliers : « la faiblesse de la demande intérieure, les bas salaires et les investissements à l’étranger ». Ce qu’il met en cause, c’est le modèle du mercantilisme à l’allemande ou, d’une autre façon, la politique de l’offre à la française. L’économiste Jean Pisani-Ferry, un temps conseiller d’Emmanuel Macron, a rapidement repris à son compte l’analyse de Mario Draghi : « Depuis une quinzaine d’années, la zone euro a fait comme si elle pouvait compter sur ses partenaires commerciaux pour tirer sa croissance sans devoir elle-même la promouvoir et elle a massivement exporté son épargne vers le reste du monde , en particulier vers les États-Unis. En agissant de la sorte, elle s’est comportée comme une petite économie ouverte. » 

La zone euro s’est enfermée dans un cercle vicieux. Elle affaiblit sa capacité d’innovation, d’investissements dans les services publics et sociaux et sa productivité. Un diagnostic sans appel : l’UE doit d’urgence bifurquer de son modèle mercantiliste et miser sur le développement de sa demande intérieure et de sa capacité d’investissement intérieur et d’innovation. Tout le contraire en quelque sorte de l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Et tout le contraire aussi de la poursuite sans fin de la politique de l’offre des gouvernements et du capitalisme français.

Bernard Marx

MÉPRIS DU JOUR

L’enfance placée sous la surveillance d’un haut-commissariat

Après la disparition du ministère consacré à l’enfance dans le gouvernement de François Bayrou, Emmanuel Macron a annoncé, samedi 28 décembre, la mise en place d’un « haut-commissariat à l’enfance » au mois de janvier. « La protection des plus jeunes est au cœur de mon engagement », a proclamé le président sur X. La création de ce haut-commissariat, sur le modèle du haut-commissariat au plan, témoigne d’un total mépris : le vide abyssal du haut-commissariat se constate sur son site. Au « ministère des bras cassés », la réalité dépasse la fiction.

B.M.

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« Je ne me laisserai plus faire » est le bonbon d’Arte pour les fêtes. Yolande Moreau incarne une femme rejetée d’un Ephad faute d’argent. Loin d’être abattue, elle part réglée ses comptes et embarque avec elle une femme de ménage de cet Ephad (super Laure Calamy). Le couple de policiers qui les poursuit est des plus inefficaces et sympathiques. Drôle, tendre, féministe et anarchiste. Pourquoi se priver ?

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