LA LETTRE DU 28 MAI

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Comment être socialiste et de gauche ?

par Catherine Tricot

Les socialistes sont peu audibles et restent contestés à gauche. La phase ultime de leur congrès leur redonnera-t-elle une place ? Pas certain.

Dans moins de 3 semaines aura lieu à Nancy le congrès du Parti socialiste. Ce mardi, ses militants ont voté dans les sections en glissant un bulletin dans une urne. Comme il y a 3 ans, la motion portée par Olivier Faure et celle avancée par Nicolas Mayer-Rossignol arrivent au coude à coude, autour de 40%. Boris Vallaud ne pourra maintenir sa motion.

Ce premier vote n’a guère fait évènement, bien moins que celui des LR, pourtant devenu un micro parti. Que nous dit ce relatif désintérêt médiatique ? D’abord que la gauche peine à marquer le débat public. Désormais, on n’entend plus que la course aux idées rances. Ensuite que le PS est lui aussi devenu un petit parti. Moins de 30 000 votants. Il est à l’image de la crise générale des partis qui affecte la gauche et la droite. Seuls les mouvements aux contours flous et aux fonctionnements indéterminés restent un peu épargnés par cette crise de l’organisation partisane. Et encore. On s’interroge beaucoup sur l’avenir du macronisme. La vie de LFI n’est pas sans poser questions. 

Les partis sont repliés comme jamais sur la vie de l’Assemblée et tendus vers la seule conquête d’un pouvoir politique qui, chaque jour, semble en peine de comprendre et de peser sur le cours des choses. Pourtant, même de façon désolante, le trumpisme enseigne que la politique peut, même si la seule volonté ne remplace pas la société. Et c’est tant mieux. En dehors de LFI et du RN, qui affirme encore une authentique ambition politique ? Pour ces deux courants, leur force ne tient pas à la quantité de leurs propositions, ni à leur qualité, mais à la cohérence et la force de leur projet. 

On serait en peine de le relever du côté des socialistes. Conscient que « le socialisme est orphelin d’une idée forte », Boris Vallaud propose de « démarchandiser la vie » car, «  (…) Le tout-marché dissout la société, capte le temps, les liens, l’espace public, les ressources naturelles ». Les deux autres leaders socialistes proposent un processus politique « un laboratoire des territoires » autour des pratiques des élus locaux pour Nicolas Mayer-Rossignol ; « une plateforme commune de la gauche » non mélenchoniste chez Olivier Faure. Il est frappant que les questions de contenus et celle de la dynamique politique soient ainsi dissociés. Tous les courants sont unis pour rompre avec LFI. Qui peut croire que faire reculer le tout-marché ou généraliser les expérimentations locales peut se faire sans les militants engagés dans de multiples combats et qui votent LFI ? La force, voire la crédibilité, d’une proposition tient dans l’articulation du projet traduit dans un programme avec une stratégie politique cohérente. S’il manque un maillon, cela semble creux ou insincère.  

Il y a peu, les socialistes étaient rejetés des manifestations. On leur faisait reproche d’avoir lourdement trahi leur promesse et d’avoir engendré le macronisme auquel nombre d’anciens dirigeants et ministres s’étaient ralliés. On soutiendra ici que ce ne fut pas un accident de l’histoire. Faute d’un solide projet alternatif au social-libéralisme inégalitaire et autoritaire, au productivisme destructeur et au passé colonial qui continuent de les hanter (Mitterrand, le dernier empereur, par Pascal Blanchard), les socialistes ne pouvaient que glisser et tomber dans cette impasse. Ils savent qu’ils doivent en sortir. Un projet alternatif reste à élaborer. Il ne pourra faire l’impasse sur les luttes et rapports de force à construire : cela suppose une nouvelle approche de l’engagement et de la mobilisation de la société. Les socialistes n’ont toujours pas fait ce travail.

Il n’y a pas qu’une façon d’être de gauche, surtout en ces temps de nécessaire refondation des projets politiques. Les socialistes n’ont pas reconstruit la leur. 

Catherine Tricot

TRUMPERIE DU JOUR

Un avion et un golf sinon rien

Au moment où le Vietnam est frappé de droits de douane de 46% par les Etats-Unis, la famille Trump débarque avec un projet immobilier et un golf de 18 trous pour 1,5 milliard d’investissement. Les autorités vietnamiennes sont sommées de libérer 900 hectares cultivés. On comprend que les négociations sur les droits de douane sont intimement liées aux intérêts privés de la famille Trump. Ce nouveau passe-droit intervient après « le cadeau » d’un avion par le Qatar. Une journaliste audacieuse de Fox News s’est même émue de la corruption du président… Force à elle.

C.T.

ON VOUS RECOMMANDE…


Marcel Ophuls vient de décéder. En 1971, il fut le réalisateur d’un très important documentaire « Le chagrin et la pitié », longtemps interdit sur les antennes de télé françaises. Ce film (visible sur de nombreuses plateforme de VOD) a brisé le mythe gaullien d’une France résistante. Il a changé le regard hexagonal sur les années d’Occupation et résonnait avec les travaux de l’historien américain Robert Paxton sur la France de Vichy. Il a ouvert la voie à la reconnaissance, 25 ans plus tard, par Chirac, de la collaboration de l’État français avec l’occupant. L’excellent documentaire sur Arte restitue l’importance du film, rappelle son accueil et révèle l’hostilité de Simone Veil et de François Mitterrand. 

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