LA LETTRE DU 27 NOVEMBRE
Clap de fin pour Hidalgo : quel héritage ?
Dans un entretien au Monde, Anne Hidalgo annonce qu’elle ne sera pas candidate à sa réélection en 2026. À 65 ans, la première femme maire de Paris se retire après seulement deux mandats. C’est assez rare pour être souligné et salué.
Au-delà des petites polémiques, le bilan d’Anne Hidalgo est contrasté. Elle s’est engagée sans faiblir sur les enjeux écologiques. Le plan climat adopté par le conseil municipal fourmille d’idées novatrices. La volonté d’anticiper le réchauffement climatique dans une ville toujours très minérale, dont les toits en zinc font l’identité est nécessaire et salutaire. La mise en avant de concepts comme « la ville du quart d’heure », promettant les services du quotidien à moins de 15 minutes à pied était anticipateur. La proposition de « ville résiliente » est riche de l’affirmation que les ressources existent pour faire face aux crises. Son combat pour donner place aux vélos, aux promenades et qualité à la Seine feront également parti de son bilan.
À côté de ces éléments assurément positifs, on ne peut que souligner que la ville s’est embourgeoisée à un point qui confine à l’écœurement. Le centre de Paris est dévolu aux hôtels hors catégories, musées, fondations et tourisme international. Les salariés ont de plus en plus de mal à se loger malgré des efforts colossaux pour la réalisation de logements abordables alors même que s’alimente une logique de valorisation immobilière. Ainsi, la muséification de la ville, la politique de réduction de la place de la voiture sont des éléments d’une stratégie pour attirer une upper class soucieuse de son bien-être. Résultat : habiter Paris est de plus en plus hors de prix et la capitale devient une ville d’étudiants, d’ultra riches, de super pauvres, souvent immigrés, et de touristes.
Dans ce même entretien, Anne Hidalgo affirme vouloir la renaissance d’une social-démocratie dont elle charge Raphaël Glucksmann d’être le leader. Elle montre dans sa gestion de la ville qu’elle adhère toujours aux préceptes du hollandisme – quand celui-ci avait Emmanuel Macron comme conseiller puis ministre. L’édile croit encore que la richesse ruisselle, que le marché innove et fait mieux que le public. La vérité est autre. En dehors du très mauvais goût imposé par LVMH à tous les coins de rue, Paris est l’emblème d’une ville ségréguée, en son sein et vis-à-vis de son environnement, la banlieue.
Anne Hidalgo a voulu promouvoir sa conception de la société lors de la campagne présidentielle 2022. Elle a ramassé 1,75% de suffrages. Elle persiste sur cette ligne social-libérale, qui mobilise l’écologie au service de l’attractivité internationale de la ville.
La question de sa succession s’ouvre. Au Parti socialiste, elle s’incarne dans deux candidatures : l’une souhaitée par Anne Hidalgo pour poursuivre la stratégie mise en œuvre depuis 2001, le sénateur Rémi Féraud ; l’autre est portée par l’ancien premier adjoint, Emmanuel Grégoire, proche d’Olivier Faure. Ian Brossat, sénateur communiste, a lui aussi annoncé sa candidature. On attend celle des écologistes : Yannick Jadot ou David Belliard ? Le débat fera-t-il émerger une autre idée de la ville, de l’écologie et du social ? On y reviendra.
Catherine Tricot
TRÊVE DU JOUR
Au Liban, le bouquet final israélien
Jusqu’à la dernière seconde, Israël aura pilonné Beyrouth ce 26 novembre. Un « hystérique déchaînement de violence en prélude à tout cessez-le-feu », écrit Issa Goraieb dans L’Orient-Le Jour. Puis, à 4h du matin, la trêve, enfin, conclue sous l’égide de la France et des États-Unis. Une trêve de deux mois que le président américain espère pérenne. Un accord en 13 points, qui comprend notamment le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban et un recul des hommes du Hezbollah de la frontière. L’État libanais (s’il existe), son armée (si elle existe) et les casques bleus de l’Onu doivent reprendre le contrôle de cette zone tampon. Dans les rues de Beyrouth, c’est la fête et, déjà, les milliers de déplacés ont repris la route. Pendant ce temps-là, en Israël, Benyamin Netanyahou n’a que des menaces à la bouche – contre le Hezbollah, le Hamas, l’Iran, la Syrie – et des reproches à adresser aux États-Unis et à la France. Sa guerre au Liban aura causé la mort de plus de 3500 personnes depuis octobre 2023, dont 231 enfants. Et à Gaza, à quand une trêve ?
L.L.C.
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Bonjour,
J’ai une question à propos de Paris, notamment sur la question du logement.
Je suis un ancien communiste.
C’est un communiste, Ian Brossat, qui a en charge le logement à la Mairie de Paris, depuis ce dernier mandat, voire (sauf erreur de ma part) depuis ces 2 derniers mandats.
Au début, j’étais (naïvement ?) content : je me disais : tiens, on va voir ce que fait un communiste à ce poste ?
J’ai lu des choses sur ce qu’il a fait (l’encadrement des loyers,ok), il paraît (vu ce que je lis dans l’article) beaucoup de logements sociaux, du logement social dans les beaux quartiers. Ok.
Mais, globalement, est-ce que l’accès au logement à Paris s’est amélioré ? Je ne crois pas.
Où est l’apport spécifique d’un communiste alors ?
J’ai lu des interviews de Ian Brossat qui m’ont fait sourire : à Paris, c’est très compliqué (ah bon, sans blague?!), on a fait avancer des choses (oui, peut-être, mais lesquelles exactement ?), il faut des mesures d’ordre gouvernementale pour pouvoir faire plus de choses (ah, c’est toujours à cause des autres).
Bref, moi, il m’a pas convaincu.
Ian Brossat annonce être disponible pour prendre la tête d’une liste pour devenir Maire. Ok. Mais, toutes les promesses, tous les engagements qu’il prendra, il les tiendra ? Est-ce qu’il ne dira pas à la fin : mais, c’est pas ma faute, le gouvernement n’a pas pris les bonnes décisions pour nous permettre de faire ce qu’on voulait.
J’ai remarqué une chose : dans beaucoup de grandes villes de par le monde, depuis des dizaines d’années, des communistes ont pu se faire élire Maire (si, si, ça existe, Rome par exemple). Ça n’a jamais duré. Pourquoi ?
Donc, les grandes belles idées, oui. Mais leur application ?