LA LETTRE DU 26 AVRIL

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Discours de la Sorbonne : l’essence du macronisme

Quel projet pour l’Europe ? Emmanuel Macron a délivré sa feuille de route devant un parterre à la Sorbonne débarrassé de ses étudiants.

Emmanuel Macron a tenté de relancer la campagne de sa candidate par un discours fleuve, mais dense, sur l’Europe. Cette intervention avait peu à voir avec un meeting électoral : en parlant en pleine journée, pendant 1h45, Emmanuel Macron s’adressait en fait aux décideurs européens : cette allocution fut retransmise depuis l’Élysée en 4 langues. Il a délivré un exposé de super consultant avec un immense fond sur lequel était projeté les thèmes de son intervention. 

Cela ne signifie nullement que le Président se détachait des enjeux politiques et de la campagne électorale. Au contraire, il a parlé à son électorat qui a attend une vision stratégique, là où le gouvernement semble chahuté par les évènements.

Les thèmes développés par Emmanuel Macron ne sont pas inconnus des Français. Il a parlé avec conviction du souverainisme européen. Il a développé un long discours en faveur non pas d’une armée mais d’une industrie de l’armement européenne. Il a fait un plaidoyer de soutien à l’innovation et proposé de remettre en question quelques piliers de l’Europe, en particulier pour dégager l’équivalent de 1000 milliards d’investissement sur l’énergie décarbonée, le numérique et l’armement. Enfin, il s’est voulu dans la continuation du projet européen, humaniste et des lumières. 

Ce discours appelle 4 remarques. 

  • Macron reconnait un déficit démocratique en Europe mais vise un souverainisme européen. Il y a là un grave problème si l’on accepte ce projet sans une révolution démocratique. Si davantage d’enjeux se jouent bien à l’échelle européenne alors il est nécessaire que la politique, la contradiction, le débat et surtout la démocratie soient premiers et vivants.
  • Macron se réfère, sans l’expliciter, au projet européen. Dans la totalité de son intervention, il ne prononce le mot social que deux fois et chaque fois pour rappeler que ce sont des dépenses. Macron croit que la force de l’Europe réside dans ses entreprises, ses capitaux, sa recherche… mais pas dans les Européen.nes eux-mêmes qui ont droit et besoin de sécurité, de protection et de progrès pour leur vie.
  • Le discours de Macron est à la fois cohérent avec ses orientations libérales au plan économique et totalement dissonant dans ses références à l’humanisme. La réalité de sa politique nationale, que ce soit pour les migrants, les enfants, les chômeurs ou les plus précaires dit le contraire des mots prononcés à la Sorbonne. 
  • Si Macron est un super consultant et son discours assez vide de politique, il n’était néanmoins pas creux. De nombreux thèmes abordés ne doivent pas rester son apanage : la gauche a d’autres logiques à défendre. Elle doit dire avec cette entrée qui fait du développement humain la raison de toute politique et le socle de toute richesse, comment elle appréhende les sujets soulevés par Emmanuel Macron. 

Catherine Tricot

BLOCUS DU JOUR

Occupy Sciences Po

Sur le modèle de certaines grandes universités américaines, Sciences Po Paris est aujourd’hui occupé par des étudiants en soutien au peuple palestinien avec force drapeaux vert-blanc-rouge-noir, tentes et slogans. Vive cette mobilisation. Elle doit déboucher sur un engagement pour la coexistence des deux Etats israélien et palestinien et non sur l’exacerbation des détestations et des haines entre communautés et camps politiques.

P.P.V.

IMPASSE DU JOUR

Le gouvernement ne cesse de revenir sur l’esprit de l’ordonnance de 1945 qui posait que, vis-à-vis des mineurs, la responsabilité première de l’État était la prévention et l’éducation. Que la punition des fautes en fasse partie était inséré dans cet objectifs jamais perdu de vue : faire grandir les enfants qui deviendront les adultes, des citoyens. L’ensemble des mesures prônées par le gouvernement sont désormais sur le mode répressif et coercitif : couvre-feu, contrôle d’internet, internat, uniforme, livret scolaire qui porte la marque jusqu’au brevet, au bac et dans Parcoursup de tout manquement à la discipline. L’ensemble de ces mesures dessinent une approche et une politique : on n’éduque pas nos jeunes, on veut les brider, les dompter, les dresser. Comme dirait Marine Le Pen, il s’agit d’une victoire idéologique de plus pour l’extrême droite. Outre que cela ne marchera pas, c’est totalement contraire aux valeurs humanistes auxquelles se référait le Président de la République dans son discours de la Sorbonne.

C.T.

ON VOUS RECOMMANDE

  • De l’émeute à la démocratie d’Alain Bertho aux éditions La Dispute : l’anthropologue voit dans les soulèvements – même s’ils ne sont pas nécessairement couronnés de succès – la possibilité de refonder la démocratie réelle dont l’humanité a aujourd’hui un besoin vital.

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1 commentaire

  1. Lucien Matron le 27 avril 2024 à 04:15

    Macron n’aime pas les gens, il fait seulement croire qu’il les aime. Son déficit monumental en matière d’humanisme social en fait un des pires présidents de la République libre, égale et fraternelle. Il a horreur des revendications sociales et de celles et ceux qui les formulent. Son appétence pour l’élitisme par l’argent est sans limite, il remplit toutes les cases de l’ultralibéralisme. La casse programmée de tout ce qui fait commun et social est la caractéristique de sa politique. De l’éducation à la santé, en passant par le logement, la fiscalité, la sécurité, la culture ou encore le sport, il s’éloigne chaque jour un peu plus des vrais enjeux de société. Après les résultats prévisibles des européennes, l’action et la mobilisation pour un changement politique profond sera un enjeu majeur.

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