LA LETTRE DU 22 JANVIER

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L’Europe face au tsunami Trump

En ordre dispersé, les Européens, à droite comme à gauche, se cherchent pour contrer les projets de déséquilibre du monde du nouveau président américain. Avec plus ou moins d’urgence.

par Pablo Pillaud-Vivien

« Face à ce que Donald Trump annonce, réponse de la présidente de la Commission européenne : ‘on va acheter davantage de gaz de schiste, on va amadouer M. Trump’. Réponse de la Banque centrale européenne : ‘on va acheter davantage d’armement américain’. On n’a pas compris la nature du choc qui vient. » Ces mots sont ceux de Dominique de Villepin face à Edwy Plenel dans Mediapart. Son constat est sans appel : devant l’ampleur des bouleversements engagés par le nouveau président américain, nous ne sommes pas à la hauteur. Qui est ce « nous » ? D’abord l’Europe.

L’Union européenne ne semble pas en capacité d’offrir une réponse coordonnée voire unique aux propositions trumpiennes : entre la Première ministre italienne qui se rue à la résidence privée du futur président ou un président hongrois qui le prend en exemple, on se dit que les admonestations du président Macron, inquiet de voir se constituer une « internationale réactionnaire », ne préfigurent pas forcément la construction d’une réponse commune.

Ceux qui ont toujours été au cœur du moteur de la construction européenne se retrouvent dans une impasse, qu’ils ont longtemps fait semblant de ne pas voir en tant que telle : sans vision commune, pas de discours commun et encore moins d’actions communes malgré l’actuel moment de bascule. Ainsi, on voit poindre, au centre droit, des critiques inattendues : le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, réputé proche d’Emmanuel Macron, a affirmé sur France Inter que « soit la Commission européenne applique avec la plus grande fermeté les lois que nous nous sommes données pour protéger notre espace public, soit elle ne le fait pas et alors il faudra qu’elle consente à rendre aux Etats de l’UE la capacité de le faire. »

Le ministre de la Défense Sébastien Lecornu a lui aussi mis en garde, toujours sur France Inter, contre les orientations pressenties d’Ursula Von Der Leyen : « On ne va pas échanger notre sécurité militaire contre des hamburgers et des voitures allemandes. » Ces critiques sont franches et nouvelles, mais préfigurent-elles un changement de logiciel politique ? Elles témoignent en tout cas d’une prise en conscience du danger représenté par Donald Trump.

Et la gauche ? Elle est relativement discrète. Peu de tweets, de notes de blogs ou de déclarations pour tenter d’analyser en profondeur la dynamique trumpienne – et de réfléchir aux voies et moyens pour la contrer. Certes, elle dénonce l’agressivité, les outrances et les remises en cause du nouveau président américain. Mais elle hésite : s’agit-il d’une nouvelle forme d’impérialisme ? D’une aggravation du néolibéralisme ? Est-ce une reconfiguration à base nationale ou à visée mondiale ? En tous les cas, les gauches françaises restent isolées nationalement, coincées dans le petit espace de la politique en crise, sans liens structurés à l’échelle internationale – ni avec les gauches américaines, ni avec les mouvements qui, déjà, tentent de s’organiser (féministes, antiracistes, écologistes notamment). Elles doivent impérativement travailler à leur dépassement pour pouvoir faire face au tsunami qui vient… ou plutôt : qui est déjà là.

Pablo Pillaud-Vivien

DÉFAITE DU JOUR

Le candidat NFP dans l’Isère fait 50% à Grenoble… et 23% dans le reste de la circo

L’élection partielle de l’Isère a reproduit le scénario devenu classique. La gauche est bien installée au cœur des métropoles, mais est surclassée en dehors. Le NFP peut atteindre la majorité à Grenoble (où l’abstention est très forte) et se faire ratatiner ailleurs. Comme quoi, ce n’est pas en se focalisant sur une partie du « peuple » que l’on peut battre la droite et l’extrême-droite. Si l’on perd plus à un endroit que l’on ne gagne ailleurs, la défaite est au bout du chemin.

R. M.

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1944 : il faut bombarder Auschwitz. A quelques jours de la commémoration des 80 ans de la libération du camp d’extermination par l’Armée rouge, un documentaire passionnant d’Arte sur les réflexions des Alliés dans un moment-clef de notre Histoire commune : l’humanité comme principe premier ou l’efficacité dans la guerre ? 

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