Rassembler sans écraser : les enjeux de la réunion de Lucie Castets

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La lettre du 2 juillet 📨

par Pablo Pillaud-Vivien

Pour penser candidat⋅e commun⋅e en 2027, la gauche se réunit autour de l’ex-prétendante à Matignon. Toute la gauche ? Non. Mais ce n’est qu’une partie du problème…

Ce mercredi 2 juillet, Lucie Castets réunit à Paris une brochette de partis de gauche – PS, EELV, L’Après (purgés de LFI), Génération.s (le parti fondé par Benoît Hamon), Debout ! (le nouveau parti de François Ruffin) – dans une volonté clairement affichée : montrer que l’unité n’est pas un vain mot. Il y aura une photo. Une image pour dire qu’au sein de la gauche, beaucoup ne se résolvent pas à recomposition façon puzzle. Une image pour ceux qui refusent que l’histoire se répète, avec son cortège de premiers tours éparpillés, d’hégémonies mal digérées, de deuxièmes tours par défaut. Une image, donc. Mais une image ne fait pas tout.

L’objectif de la réunion est clair : trouver une méthode pour désigner un ou une candidate commune de toute la gauche à l’élection présidentielle de 2027. Ce n’est pas rien. Cela change même la logique : placer l’unité en amont, dans le processus, et non à la dernière minute, dans l’arithmétique des rapports de force. On a vu ce que cela donnait en 2022 : une gauche divisée, un pays livré à la résignation.

L’initiative est précieuse. Mais elle pourrait se penser au-delà des partis. Le Nouveau Front populaire, né dans l’urgence, a prouvé au moins une chose : la gauche ne peut se résumer à ses formations politiques. Mouvements, syndicats, intellectuel·les, collectifs citoyens, journaux indépendants… c’est aussi de cette richesse, de cette porosité, qu’était née l’espérance. Et c’est peut-être aussi de son étiolement qu’est mort le NFP. La gauche ne pourra pas gagner en 2027 si elle se réduit à la négociation entre appareils. D’autant que ceux-ci sont bien trop faibles, désormais, pour impulser à eux seuls un élan populaire.

Autre question : sur quoi allons-nous nous rassembler ? Le programme du NFP est une base. Peut-on le poser comme la seule légitime ? Il est fondé, dans la gauche, de discuter ce programme et il est même nécessaire de rouvrir un processus d’élaboration politique. Ce qu’il faut construire, ce n’est pas un catéchisme commun mais un espace où toutes les sensibilités puissent s’exprimer, se confronter, se répondre. Bref, une gauche qui débat sans se fracturer. Une gauche qui rassemble sans imposer.

Car c’est bien un esprit de rassemblement qu’il faut faire renaître. Aujourd’hui, il est dramatiquement absent. La gauche ne souffre pas tant de ses désaccords que de l’incapacité à les nommer sans rompre. Toutes les questions qui divisent la gauche ne seront pas résolues d’ici 2027. Aussi parce qu’elles relèvent de conceptions différentes. Mais elles ne doivent pas empêcher de bâtir ensemble. Il semble n’y avoir que deux consensus pour borner l’espace : récuser le social-libéralisme et le modèle xénophobe, façon Danemark ou Sahra Wagenknecht.

Il faut espérer que la réunion de ce jour autour de Lucie Castets ne se transformera pas en conclave entre chefs de partis. Choisir un⋅e candidat⋅e dans un huis clos politique, c’est s’assurer de l’indifférence, ou pire, de la colère. Reste alors une piste crédible : la primaire. Classique ou à choix préférentiels. Mais à une condition : que celui ou celle qui l’emporte ne cherche pas à imposer sa ligne et que, dans le même temps, il ou elle dise quelque chose de gauche et de fort. Qu’il ou elle incarne au contraire la certitude que la gauche ne gagnera qu’en étant diverse, loyale et rassemblée. Ce que cette réunion de juillet peut enclencher, ce n’est pas encore l’unité. Mais c’est peut-être la culture politique qui la rend possible.

Pablo Pillaud-Vivien

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10 milliards par-ci, 15 milliards par-là… Chaque année, l’État arrose les entreprises à coups d’aides publiques sans trop réfléchir à qui elles sont destinées, juste parce que c’est le fond de leur logiciel : être pro-business. C’est ce que devrait confirmer une commission d’enquête sénatoriale qui a vu se succéder des auditions aussi édifiantes que consternantes. Résumé : les aides aux entreprises, subventions, exonérations, crédits d’impôts et autres joyeusetés fiscales, c’est open bar, sans contrôle ni conditions. Pas d’obligations sociales ou écologiques, pas de retour sur investissement pour la collectivité. Juste un gros chèque. Et un haussement d’épaules. Une générosité rarement débattue au Parlement, jamais conditionnée à l’emploi ni à la transition écologique et, évidemment, sans transparence. On parle quand même d’une somme qui dépasserait le budget de l’Éducation nationale, rien que ça. Mais chut, il ne faudrait pas effrayer le Medef. Pendant ce temps-là, la moindre allocation pour les pauvres est scrutée au microscope et le RSA sous conditions fait la Une des chaînes d’info. À gauche, on parle de planification écologique, de services publics, de justice fiscale quand le pouvoir, lui, planifie les profits privés.

P.P.-V.

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