LA LETTRE DU 16 JANVIER

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Après la destruction, Palestiniens et Israéliens dépossédés de leur paix

La signature d’un cessez-le-feu ouvre de nouvelles questions politiques et géopolitiques. Et les puissances régionales et mondiales risquent de s’en saisir au détriment des principaux concernés.

par Catherine Tricot

Enfin les armes vont se taire à Gaza. L’accord de cessez-le-feu négocié et prêt depuis le mois de mai va enfin voir le jour : Benjamin Netanyahou qui le refusait y est aujourd’hui contraint. Que de temps perdu, de morts, de souffrances et de destructions auraient pu être évités.
Aujourd’hui, c’est le moment du soulagement, de la joie pour les familles des 33 otages israéliens kidnappés le 7 octobre 2023. Ils vont enfin être libérés, à raison de quatre par jour. Qui sont-ils ? On ne sait pas qui vit encore. Comment vont-ils ? Ils vont avoir besoin de l’amour des leurs pour revivre.
Ce sera la fête dans les familles palestiniennes qui vont revoir leurs proches, 1000 d’entre eux vont sortir des terribles geôles israéliennes où se pratiquent la torture et les pires sévices. On rêve que Marwane Barghouti soit des leurs. Sans trop y croire, tant il incarne un ultime espoir politique pour les Palestiniens.
Pour les Gazaouis ce sera le répit et les larmes devant le désastre de leur pays dévasté, systématiquement pour que la vie soit impossible. Ils vont compter leurs morts (64 000 officiellement), leurs blessés à jamais.

Ce cessez-le-feu est annoncé pour 42 jours. C’est déjà un déchirement : la guerre ne peut pas reprendre. C’est insensé : peut-on retuer les morts, détruire un pays en ruine ? Le cessez-le-feu doit devenir un accord de paix.
Dans les prochains jours, l’aide humanitaire est attendue dans la bande de Gaza où elle a été empêchée par l’armée et le pouvoir d’extrême droite israélien. La fluidité de l’accès aux humanitaires sera un des tout premiers enjeux.

Et déjà la suite, celle des prochains jours et celle du plus long terme, est dans toutes les têtes.

Il va falloir assurer l’effectivité de l’arrêt des combats. Il s’en est vu tant et tant des trêves et des cessez-le-feu qui ne sont pas respectés. Aujourd’hui encore les bombes tombent sur Gaza.
Le plus dur est à venir : inventer le futur des Palestiniens qui passe par l’avènement d’un État palestinien vivable et la vie commune des deux peuples, israélien et palestinien.
Les organisations palestiniennes cherchent à construire une unité politique : il y va de leur participation et de leur poids dans les plans qui vont s’échafauder sur leur devenir. La très faible Autorité palestinienne va composer avec le Hamas qui, bien sûr, n’a pas été éradiqué par les armes. Qui pouvait le croire ?

Pourtant, le gouvernement Israélien et les forces politiques palestiniennes ne vont pas négocier entre eux. Affaibli par les conflits et leur discrédit, Palestiniens et Israéliens sont relégués dans le vestibule des discussions qui vont s’ouvrir. La résonance du conflit dans les opinions publiques – notamment parmi les jeunes – en fait un enjeu politique mondial. Mais aussi d’équilibre régional.

Un nouveau Moyen-Orient va se négocier entre puissances.
L’arrivée dès ce lundi de l’administration Trump s’accompagnera de plans favorables à Israël et ses visées expansionnistes, ainsi qu’au business, évidemment.
Le devenir du Liban, convoité et en danger, est en jeu.

La récente chute du pouvoir Syrien et ses effets en chaine sur la région pèsera dans le redessin. Autour de la table prendront place les pays du golfe qui ont accru leur influence, notamment le Qatar. L’Arabie Saoudite ne laissera pas la solution s’élaborer sans elle. Il y aura aussi la présence ou l’ombre portée de l’Égypte, l’Iran, la Turquie. Tous se pousseront des coudes.

Le sujet principal des discussions ne sera pas l’établissement de la paix reposant sur les intérêts des Palestiniens et des Israéliens. Ils seront instrumentalisés pour d’autres considérations, celles de la stabilité, de la redéfinition des zones d’influence, de la recherche de belles affaires économiques.
Beau travail.

Catherine Tricot

(NON-)CENSURE DU JOUR

Le PS a le droit de choisir

Le PS réunit son Bureau national à midi pour décider si ses députés voteront la censure. Il en va de l’avenir du parti et c’est donc à ce niveau-là que doit être prise la décision. Premier enjeu : que les 66 socialistes de l’Assemblée nationale votent la même chose – et ce n’est pas gagné. Mais c’est aussi l’avenir du NFP qui se joue : les insoumis, Mélenchon en tête, multiplient leurs intimidations, ne comprenant toujours pas qu’il n’existe pas une seule façon d’envisager stratégiquement la politique quand on est de gauche. Ne leur en déplaise : le PS n’est pas devenu LFI et il restera le budget pour faire tomber Bayrou.

P.P.-V.

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Cet article de The Conversation, qui revient sur l’enjeu majeur de la scolarisation des enfants à Mayotte après le cyclone Chido. Une situation déjà extrêmement critique avant la catastrophe naturelle, qui appelle des réponses plus ambitieuses que celles prévues par le « plan Mayotte debout » présenté le 30 décembre dernier par François Bayrou.

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