LA LETTRE DU 16 DÉCEMBRE

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Piketty n’a pas raison sur tout

par Roger Martelli

Faut-il, comme l’avance l’économiste, recouvrer le clivage gauche-droite et considérer le RN comme faisant partie du bloc de droite – et non pas d’extrême droite ?

Dans une intéressante chronique du Monde, Thomas Piketty avance des analyses passionnantes sur ce qui plombe notre démocratie et englue la gauche dans une tripartition étouffante. Il pourfend ainsi les tentations de coalition des « raisonnables » contre les « extrêmes ». Il rappelle à la gauche qu’elle ne se relancera qu’à condition… d’être conforme aux valeurs qui sont historiquement les siennes.

Mais il termine son texte par l’idée que, pour retrouver la simplicité du dualisme de la droite et de la gauche, il faut que les Républicains acceptent de s’allier avec le Rassemblement national. Je ne crois ni que la gauche a moralement le droit d’envisager l’inéluctabilité d’une telle hypothèse, ni que ce soit tactiquement pertinent.

Accepter une fusion de la droite « classique » et de l’extrême droite, c’est entériner une rupture dans l’histoire même de la droite. Non sans peine, dans la dernière partie du 19ème siècle, elle avait coupé les ponts avec le parti pris contre-révolutionnaire et elle s’était acclimatée à la République. Il n’a pas manqué par la suite, à droite, de tentations de nouveaux raidissements. C’est ainsi que, dans les années 1930, une partie des « élites » françaises ont « préféré Hitler au Front populaire » et qu’un bon nombre a choisi la collaboration. Mais il s’est tout de même trouvé un De Gaulle pour éviter à la droite de sombrer définitivement dans l’indignité nationale. Peut-on se réjouir de voir la droite s’y enfoncer de nouveau ?

Les Républicains se rangeant en bloc du côté du RN, ce ne serait pas seulement un glissement vers leur droite, mais une rupture historique. Tout comme l’arrivée au pouvoir du RN ne serait pas seulement une aggravation des dérives autoritaires actuelles de la démocratie, mais une rupture avec plus de deux siècles d’histoire démocratique.

On devine, en filigrane des propos de Piketty, l’hypothèse selon laquelle la droitisation de la droite permettrait à la gauche de récupérer celles et ceux qui, tentés par la droite, refuseraient d’aller jusque-là. Mais le risque arithmétiquement le plus grand est ailleurs : que, à un moment où la gauche est dans ses basses eaux électorales, la convergence des droites conduise au pouvoir une droite radicalisée à son extrême.

La peur n’est jamais bonne conseillère. Si les inquiétudes et les colères ne se raccordent pas à l’espérance, c’est le ressentiment qui gagnera la partie. Si l’on veut éviter cela, si l’on veut redonner du sens au conflit originel de la gauche et de la droite, la reconstruction de cette espérance doit revenir au centre des débats publics, en laissant au placard les combinaisons, tout aussi savantes que dangereuses.

En bref, pour que le dilemme de la gauche et de la droite retrouve son lustre, il faut une gauche à la hauteur, à la fois diverse et rassemblée, équilibrée dans sa composition, ancrée dans ses valeurs et toujours plus soucieuse de rassembler, de lutter et de rassurer.

Roger Martelli

TANGO DU JOUR

Ça tangue pour le colonel Fabien

Samedi était jour de conf’ nat’ place du Colonel Fabien. Belle salle mais petite contenance pour tirer les leçons des derniers scrutins, européens (2,3%) et législatifs (neuf députés communistes). « L’esprit de Noël » et de réconciliation n’ont pas soufflé au PCF. Les désaccords entre communistes restent vifs. Certes, le texte proposé par la direction a été adopté par 80% des présents mais on a vu un amendement de Frédéric Boccara proposant de « conforter le NFP ». Soumis aux voix, il a été rejeté mais par une majorité moindre. Officiellement les communistes se préparent à des alliances à géométrie variable, accusant le NFP d’être aux origines de leurs médiocre résultats.

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Catherine Tricot

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« La Nuit au travail », sur France Culture. Déjà, parce que la série LSD est toujours super ! Ensuite, parce qu’avec ces quatre épisodes, on se plonge dans le travail de nuit, qui concerne plus de 4 millions de Français. Une condition de travail particulière, ses impacts sur le sommeil, le corps, la vie privée et mentale. Cette série documentaire de Juliette Boutillier, réalisée par François Teste, est à écouter absolument !

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