Macron nomme Macron
La lettre du 10 septembre 📨
par Catherine Tricot
Comme Macron n’aime que lui-même, le président place Seb, son fidèle copain, son miroir, en première ligne face au mouvement social protéiforme et insaisissable du jour. Le pauvre Lecornu va donc sortir d’une confortable pénombre et ne bénéficiera d’aucun moment de grâce, ni même d’indulgence polie ou d’attention curieuse.
Tout le monde découvre que ce falot ministre de la Défense était en fait un solide homophobe qui en avait « ras-le-bol du lobby gay » au moment de l’adoption du mariage pour tous. Logique, il fut le directeur adjoint de la campagne de l’amateur de beaux costume, de grosses bagnoles et de châteaux, François Fillon. Pas bégueule et agile, il rallia Emmanuel Macron dès l’entre-deux tours de 2017 avec ses autres amis de droite, Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. Jouant les utilités, il dine maintenant avec Marine Le Pen.
Bref, Sébastien Lecornu est un homme politique de la droite la plus réac. Il était désigné par Bruno Retailleau comme « son candidat ». Fin des balivernes, Macron tente de sauver « son socle commun » entaillé par le vote contre ou l’abstention de la moitié des députés LR.
Sébastien Lecornu va donc devoir aller au turbin dès les premières heures pour imposer une politique qui exaspère, malmène, épuise notre pays et ses habitants. Mais il aura l’appui massif du ministre de l’Intérieur et des forces de l’ordre mobilisées.
Quand le lendemain d’une déroute du premier ministre (364 députés ont voté contre la confiance, 194 l’ont accordé), le président nomme un représentant du dernier carré de ses fidèles ; quand face à un mouvement légitime d’expression d’une colère et du refus du malheur, le gouvernement affirme « une tolérance zéro »… alors la suite est écrite. Lecornu tombera et la crise prend une tournure inédite et imprévisible : sociale et politique. Une fois encore, Emmanuel Macron devrait ouvrir ses livres d’histoire.
Pour finir, écoutons ces mots étonnants de Gabriel Attal en ouverture de son intervention à l’Assemblée nationale, lundi. Citant Albert Camus au sortir de la guerre, il dit, clairvoyant : « nous étouffons parmi les gens qui croient avoir raison tout le temps ». Eh oui !
Catherine Tricot
🔴 BLOCAGE DU JOUR
Jour de colère
Les sirènes retentissent mais les clameurs aussi : en ce mercredi 10 septembre, la France bouge. On verra l’ampleur de la mobilisation – et ses modalités ! – mais d’ores et déjà, les témoignages de déploiements exorbitants de forces de l’ordre affluent : elles empêchent les déplacements, les réunions, à l’extérieur et dans les cafés, elles voient dans tout signe de démocratie qui vit les prémisses d’un débordement susceptible de nuire à l’ordre établi et donc répréhensible. Heureusement, on n’apaise pas la colère avec un bâton et des lacrymogènes.
P.P.-V.
ON VOUS RECOMMANDE…
Dans Question du Soir sur France Culture, l’économiste Thomas Piketty livre une analyse profonde du moment politique que nous traversons, rappelant notamment qu’au moment de la Révolution française ou à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les finances du pays étaient aussi très endettées… et cela a nécessité des changements radicaux dans les politiques publiques !
C’EST CADEAU 🎁🎁🎁
ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR
Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !
