La lettre de Regards et Politis du 20 juin 📨

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Rhinocérite

par Catherine Tricot

En revenant sur une multitude de faits accumulĂ©s ces derniers mois, une logique se dĂ©gage : celle de l’abandon des principes fondamentaux de notre RĂ©publique, des droits humains, du droit international. Sans fracas, l’affreuse contagion gagne.

Cette semaine, un prĂ©sident de la RĂ©publique, la nĂ´tre, a cru possible de valider le principe d’une guerre prĂ©ventive, en l’espèce celle d’IsraĂ«l contre l’Iran… On institue ainsi qu’un pays a « le droit » de se dĂ©fendre en attaquant un autre pays. Sur les plateaux et dans les journaux, la dĂ©testation gĂ©nĂ©rale du rĂ©gime iranien vaut argument. Au diable le respect du droit international qui peut nous prĂ©munir de la gĂ©nĂ©ralisation de la guerre. 

Ce mercredi et ce jeudi, le ministre de l’IntĂ©rieur, encore un Trump aux petits pieds, a dĂ©ployĂ© plus de 4000 policiers dans les gares et dans les bus pour dĂ©busquer des sans-papiers. Sur les plateaux tĂ©lĂ©, les critiques se limitent Ă  dĂ©noncer une opĂ©ration de com’ sans rien dire du scandale de cette chasse Ă  l’homme.  

Depuis quelques temps, un ministre qui se dit de la Justice prĂ©pare l’incarcĂ©ration Ă  l’isolement total et pour 5 ans des 200 plus grands narcotrafiquants. La pratique par notre pays de ce qu’il est convenu d’appeler la torture blanche n’est pas dĂ©battue. Qui pour dĂ©fendre les droits humains, refuser la torture et s’opposer Ă  ce qui s’apparente Ă  un retour de la peine de mort ? On pĂ©rore sur l’habiletĂ© politique du ministre qui montre qu’il en a. Qui se soucie de l’inĂ©luctable engrenage ? Une nouvelle Ă©chelle de la rĂ©pression se construit sous nos yeux. On acceptera demain que les voleurs de poules soient bien maltraitĂ©s dans les commissariats. 

Quelques semaines plus tĂ´t, un petit prĂ©tendant au poste de prĂ©sident de ce qu’on appelle la RĂ©publique, faisait voter une loi supprimant l’excuse de minoritĂ© face Ă  la justice et adopter la comparution immĂ©diate pour les enfants rĂ©cidivistes. C’est donc du Conseil constitutionnel qu’est venu ce rappel des « exigences du principe fondamental reconnu par les lois de la RĂ©publique, en ce qu’il exige la mise en place de procĂ©dures appropriĂ©es Ă  la recherche du relèvement Ă©ducatif et moral des mineurs Â».

Au SĂ©nat, vient d’être rejetĂ©e une proposition pour dĂ©fendre le principe d’égalitĂ© : faire contribuer les milliardaires Ă  la dĂ©pense publique. La mesure « Zucman » a Ă©tĂ© dĂ©criĂ©e au nom de l’importance supĂ©rieure Ă  toute autre exigence : conserver nos riches et pour cela, leur cĂ©der en tout.

Toutes ces dĂ©rives – et il y en a d’autres, loin de tous les principes fondamentaux de la dĂ©mocratie, de la RĂ©publique, du droit international et des droits humains – sont conduites par les plus hautes autoritĂ©s de l’État, par la majoritĂ© des dĂ©putĂ©s et des sĂ©nateurs. On se rassure en pensant que cela n’a pas toujours de consĂ©quences immĂ©diates. Mais non : leur effet – et sans doute leur objet – le plus tangible est de nous habituer Ă  dĂ©battre de l’efficacitĂ© de ces ignominies et non plus de leur caractère ignominieux. DĂ©sormais, on commente l’habiletĂ© de l’un ou de l’autre dans la course aux petits chevaux qui doit conduire Ă  2027 ! 

HĂ©las, quand on entend des voix « d’éditorialistes de gauche », elles sont si souvent elles-mĂŞmes imprĂ©gnĂ©e des postulats de base. La justice devient vengeance ; la loi et la police doivent ĂŞtre dures contre les immigrĂ©s ; il faut se plier au chantage des plus riches et se dĂ©fier des pauvres toujours tentĂ©s par la fraude.

La valorisation absolue du pragmatisme et de l’efficacitĂ© Ă  la base du « en mĂŞme temps Â» est en train de produire un dĂ©sastre. En dĂ©crĂ©dibilisant tout dĂ©bat idĂ©ologique devenu mĂŞme un gros mot, ils nous dĂ©sarment face Ă  l’idĂ©ologie bien campĂ©e du fascisme qui monte. Quand la mode est au vert de gris et Ă  la force, qui pour tenir tĂŞte ? Qui a encore les idĂ©es claires ? 

Comme le hĂ©ros de la pièce de Ionesco RhinocĂ©ros, nous voyons l’attraction pour le troupeau inhumain se diffuser, se propager, en commençant par les amoureux de l’ordre. MĂŞme la femme du personnage principal, sa chère Daisy, succombe au charme de la masse homogène et Ă  la puissance du troupeau. On apprend aux lycĂ©ens que RhinocĂ©ros est une pièce emblĂ©matique du théâtre de l’absurde. Vraiment ? Si seulement.

Catherine Tricot

Comment les pro-Nétanyahou colonisent le langage médiatique

par Hugo Boursier

Galaxie Bolloré, chaîne d’infos en continu ou incursion dans l’audiovisuel public, la propagande du premier ministre israélien et de son armée continue d’envahir les médias français, non sans une relative vigilance des sociétés de journalistes.

Un article à lire juste 👉 ici

« Quand je regarde Gaza, je suis pris d’un sentiment de vertige, de honte et d’inutilitĂ© profonde »

Karim Kattan, Ă©crivain palestinien et français, est l’invitĂ© de #LaMidinale.

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