LA LETTRE DU 9 JUILLET

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Il faut un gouvernement de gauche

Parce qu’il faut répondre aux besoins sociaux des Français.

Passé l’étonnement, la stupéfaction même, il faut envisager la formation d’un gouvernement. Dans l’éclatement des forces à l’Assemblée nationale, aucun chemin n’est évident. Il faut faire preuve d’inventivité pour résoudre les nombreuses équations. Le chemin emprunté est déjà une heure de vérité.

Pour ceux qui en douteraient encore, Emmanuel Macron n’a pas dit son dernier mot et s’active pour construire une coalition avec la droite. Il est soutenu par ses ministres venus de la droite, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ou encore Aurore Bergé. C’est l’inénarrable Rachida Dati, qui le dit, comme souvent, le plus clairement : « La grande majorité des Français a exprimé son souhait d’une politique protégeant le pays contre l’insécurité, la pression migratoire ou la dérive des finances publiques. L’intérêt de la France est de trouver au Parlement une majorité qui soit à l’image de ce que pensent majoritairement nos concitoyens. » Ce qui ne s’est traduit que par des débauchages individuels tout au long des 2 mandats de Macron pourrait, selon ces anciens LR, devenir une industrie, voire une OPA totale sur la droite conservatrice.

L’affaire n’est vraiment pas faite. L’analyse qui domine chez les LR canal historique est que la France glisse à droite et qu’il faudra une alternative à la macronie et à l’extrême droite. Ils entendent bien être celle-là. On peut se dire qu’on s’en moque. En fait non. Il importe qu’il reste des alternatives au RN. La gauche doit en être une ; mais si la droite décide de rester de droite et de na pas se faire manger… c’est mieux. Pour le moment, tous les élus LR semblent tenir sur cette position. Leurs électeurs beaucoup moins : la majorité d’entre eux se sont reportés sur les candidats RN face à un candidat de barrage. La droite doit aussi reconstruire son bagage idéologique.

À gauche, après des hésitations dimanche soir compréhensibles au vu de la surprise des résultats, les partis de gauche semblent se mettre d’accord pour écarter toute coalition. Ce sera « rien que le programme du Front populaire » à défaut de « tout le programme du Front populaire ». Tous disent vouloir gouverner en utilisant les ressorts du pouvoir : décrets, non promulgations de réformes en cours voire 49.3. Mais ils semblent assurés de pouvoir réunir une majorité, même relative, sur des sujets qui font consensus dans le pays. Et de citer, la cantine gratuite, indexation des retraites, blocage des prix de premières nécessité, abrogation de la loi retraire, etc. S’ils ne parvenaient pas à faire voter ces lois, les Français seraient pris à témoin. Ils affirment donc vouloir et pouvoir gouverner. Le nom du Premier ministre sortira bien sûr des rangs de la gauche. Il devra être consensuel parmi les députés du NFP et le plus largement parmi les Français. La bataille de l’opinion publique a commencé. Objectif : améliorer la vie, apaiser la société et démasquer le RN.

Catherine Tricot

DIABLE DU JOUR

Marine, seule dédiabolisée du RN – et encore

La défaite du RN est avant tout une déroute de la stratégie de « dédiabolisation » mise en place par Marine Le Pen. Ses photos de chat, ses vidéos d’elle chantant et dansant, ses purges contre les fachos aux petits pieds, son abandon des mots-clés de l’extrême droite, toute une entreprise pour faire péter le plafond de verre à 5 millions de voix de Jean-Marie. Cerise sur le gâteau : l’ascension d’Éric Zemmour, déplaçant le RN un peu plus au centre de l’échiquier. Et puis… patatras. Jordan Bardella est une coquille vide et la politique en a horreur. Se sont engouffrés une légion de candidats plus antisémites, complotistes, racistes et violents les uns que les autres. « 99% de nos candidats sont absolument irréprochables », ose le candidat de la lose. Il ne compte donc que six « brebis galeuses » là où on en a vu des dizaines, dont au moins 26 ayant été élus selon Mediapart. La seule vérité, c’est que les masques tombent. Très symboliquement, le RN aura joué la montre pour que, au lendemain du second tour des législatives, soit créé un groupe au Parlement européen avec le dirigeant hongrois Viktor Orban – groupe que va présider « Heir Jordan ». Le seul problème du RN, c’est qu’il est l’héritier de son histoire : le fascisme.

L.L.C.

ON VOUS RECOMMANDE

  • Si vous aimez les westerns réacs, allez voir « Horizon : une saga américaine » de Kevin Costner. Oui, c’est à la fois raciste et sexiste, faisant des colons blancs des héros d’une Amérique fantasmée, et des autochtones des scalpeurs primitifs. Mais au fond, c’est un film des années 1950 avec les mêmes ressorts et les mêmes envolées, les mêmes travers et les mêmes problématiques. Sauf que la société a évolué. Mais pas Kevin Costner a priori.

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1 commentaire

  1. Magnus le 9 juillet 2024 à 12:36

    Ok je vois, un gouvernement pour promouvoir une politique de gauche à défaut de pouvoir l’implémenter (faute de majorité).

    Bon pourquoi pas, si ça peut faire évoluer l’opinion un peu dans le bon sens. Après, je crois qu’il est impératif de se pencher sur comment encourager l’engagement de gauche d’en bas, combattre l’extrême droite PARTOUT.

    Il faut savoir qu’il est impératif de dissocier la gauche avec l’élitisme.

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