LA LETTRE DU 26 JUIN

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Débat sur TF1 : Bompard a fait le taf

En même temps, face à l’agressive pusillanimité d’Attal et de Bardella, le faux pas n’était pas de mise.

Trois hommes et pas de couffin, mais la République : Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard ont débattu sur TF1 ce mardi 25 juin dans le cadre de la campagne des élections législatives. Chacun représentant l’un des trois blocs qui dominent la vie politique en ce moment. Pour ce premier grand débat, ils ont fait dans le classique : le Premier ministre a défendu son bilan que peu peuvent qualifier d’un autre mot que calamiteux, la gauche a fait ses propositions keynésiennes et l’extrême droite a tenté de rendre plus clair le flou de son projet néolibéral et discriminatoire.

Ne boudons pas notre plaisir : Manuel Bompard a fait une excellente prestation, d’un humanisme et d’une précision mâtinés de pédagogie qui le rendaient d’une pertinence affûtée. Mieux : il ne faut pas oublier qu’il était censé représenter à lui tout seul toutes les sensibilités du Front populaire, c’est-à-dire aussi communiste, socialiste et écologiste, notamment. Là encore, il a su porter haut les couleurs de ce rassemblement en ménageant, sur le style comme sur le fond, les différents courants qu’il incarnait.

Ce débat est une nouvelle étape d’une dynamique certaine au nouvellement créé Front populaire. Les animosités internes qui avaient un temps semblé plomber la campagne s’estompent petit à petit et sur TF1, pas une fois (que c’est rare !), n’a résonné le nom de Jean-Luc Mélenchon. Le risque d’extrême droite qui dessine des contours de plus en plus précisément, abandonnant les fallacieux oripeaux ««« socialisants »»» avec lesquels certains esprits obscurs voulaient les habiller pour revêtir ceux d’un racisme décomplexé commence à effrayer même dans des sphères où le ni gauche ni extrême droite était de rigueur. Baisser les impôts sur les entreprises, faire travailler jusqu’à 66 ans, s’en prendre aux binationaux et interdire la viande casher et hallal : personne ne pourra dire qu’il ne savait pas.

Pablo Pillaud-Vivien

Non, le parti ne se renforce pas en s’épurant !

Voici ce que l’historien Roger Martelli pense de ce qui se passe à La France insoumise.

Pendant près de vingt ans, j’ai été membre de la direction du PCF et participé activement à la vie de la dissidence refondatrice. Ce ne fut pas une partie de plaisir et les moments de la plus vive tension n’ont pas manqué, pour moi ou pour d’autres de mes camarades.

Mais je suis frappé de la violence qui, à la France insoumise d’aujourd’hui, est organisée contre les « frondeurs ». J’étais refondateurs et jamais personne ne m’a dit alors que, déloyal à l’égard du « numéro un », ma place était en dehors du parti. Georges Marchais n’a jamais présenté de candidats contre des députés sortants « dissidents ». Jamais aucun d’entre nous n’a été traîné en justice pour usurpation de label politique.

Je ne risque pas de faire l’apologie du PC de ces temps-là. Je sais trop le prix de l’esprit d’obédience, du discrédit qui affecte la parole présumée déviante, de la mise à l’écart, absolue ou relative, de celles et ceux qui énoncent, peut-être trop tôt, le risque d’un déclin qui s’avère in fine inéluctable. Mais là, je dois dire que je suis ébahi, par ce que je vois du côté même de ceux que j’ai côtoyés si longtemps, au temps où nous luttions ensemble pour éviter à la gauche la honte des reniements sociaux-libéraux.

Malgré mon désappointement, je continuerai de considérer que la gauche ne peut pas se passer de l’engagement insoumis, à plus forte raison quand l’extrême droite est si proche du pouvoir. Je ne risque pas de gloser stupidement sur le refus des « extrêmes ». Je ne contribuerai pas à alimenter le brasier dressé, contre une France insoumise considérée comme un bloc, par les nouveaux inquisiteurs d’une gauche et d’une droite du renoncement.

Mais j’aimerais que la dérive interne violente cesse et que les Insoumis renoncent à concourir pour savoir qui, de l’insoumission actuelle ou du PC de sa période la plus stalinienne, mérite le grand prix de la rigueur épuratrice.

Non, le parti ne se renforce pas en s’épurant !

Roger Martelli

QUEEN DU JOUR

Léna Situations à Matignon !

À force de considérer les influenceuses (oui, au féminin) comme des pimbêches écervelées prêtes à vendre leur 🍑 pour une poignée de dollars, le retour de bâton fait mal. Léna Situations, l’influenceuse la plus influente de France, avait déjà fait parlé d’elle, le 13 juin dernier, appelant à voter « contre l’extrême droite, contre la xénophobie, contre l’intolérance ». Rebelote cette semaine où, dans une story, elle confirme qu’elle ira « bien voter contre le RN les 30 juin et 7 juillet ». Le problème, c’est qu’elle est influenceuse. Donc forcément, le doute plane – bonjour tristesse. Fait-elle des choses sans être rémunérée ? Sa vie n’est-elle qu’un « contenu sponsorisé », une « collaboration commerciale » ? C’est un autre influenceur, Jeremstar, qui a semé le doute en affirmant avoir « refusé 15 000€ pour faire la promo d’un parti ». Mais la queen a répondu à ceux qui l’accusent (en l’occurrence un bon gros facho) : « O€ car j’emmerde le RN gratuitement ».

L.L.C.

ON VOUS RECOMMANDE

  • Contre l’extrême droite, une centaine de médias indépendants (dont Regards !) organise un rassemblement place de la République à Paris, ce jeudi 27 juin. Rendez-vous dès 18h pour des concerts, des prises de paroles… Soyons nombreux pour mettre un bon coup de pied au cul du RN !

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1 commentaire

  1. Magnus le 26 juin 2024 à 17:32

    Pour moi c’est assez simple : il y a de facto une radicalisation qui s’opère. Puis on a le ps, eelv, martelli, regards, … qui sont là en train de dire comme la célèbre histoire de Marie-Antoinette : « ah mais pourquoi vous ne mangez pas des gâteaux ? »

    Alors c’est vrai que c’est troublant le changement. Ben, nous y sommes dans une de ces périodes dans l’histoire. Que ce soit la France avant la révolution ou l’Allemagne avant l’arrivée de Hitler et les nazis : il y a des moments dans l’histoire où ça peut basculer à un côté ou à l’autre. Mais ils sont celui-ci en commun : ce qui est en train de mourir est en train de mourir. Mélenchon a été suffisamment visionnaire pour voir l’arrivée de ce basculement. Loin de moi de dire qu’il est parfait, à mon avis il fait comme il peut avec la république tordue qu’est la Ve etc. Mais au moins il n’est pas comme ps, eelv, martelli, regards en train de dire : « ah mais pourquoi vous ne mangez pas des gâteaux ? »

    Le système est à bout, Martelli. Vous avouez vous-même en faire parti en parlant de votre temps dans le parti etc. comme si c’est de là qu’une solution verra le jour pour combattre l’extrême-droite et éviter que le bascule se fasse vers ce côté-là.

    Je n’ai aucun doute : en vous accrochant au passé comme vous faites, vous manquez une certaine lucidité dont Mélenchon n’est pas privée.

    Les temps changent, le monde évolue. Il y aura toujours des gens qui ont trop peur de voir que l’ancien ne tient plus, style « mais pourquoi vous ne mangez pas des gâteaux ? » – mais au final ils se marginalisent au lieu de contribuer au futur.

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