LA LETTRE DU 17 JUIN

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Législatives : Mélenchon fait le ménage à LFI

Saisissant l’opportunité d’élections anticipées, Raquel Garrido, Alexis Corbière, Danielle Simonnet et Hendrick Davy, sont victimes d’une vendetta.

On y est. La campagne peut commencer. On a cru que c’était déjà le cas vendredi soir, une fois les accords signés, le programme du Nouveau Front Populaire annoncé et bientôt les manifestations du week-end.

Mais non. Tard vendredi soir, la direction de la LFI annonçait la mise à l’écart de cinq députés sortants : Raquel Garrido, Alexis Corbière, Danielle Simonnet et Hendrick Davi. Motif ? Pas de motif. D’ailleurs, les intéressés n’ont pas eu droit à un entretien préalable et encore moins à une explication. Juste, le chef a décidé et ses suiveurs ont suivi.

Tout le monde a bien compris : c’est une sanction, une purge, une bêtise et du sectarisme.

Clémentine Autain et François Ruffin protestent et le font savoir. Parmi les députés, seuls Loïc Prudhomme, le député de Gironde, et Leïla Chaibi, députée européenne, ont publiquement dénoncé le coup de force.

Mais dans le mouvement, le choc a été grand. Un sale coup, à ce moment-là ! Pourquoi ? Est-ce une erreur ou un calcul dégueulasse ? Une vendetta ou un truc plus moche encore ? Les partenaires du NFP sont en pétard. Dans les médias, chez Macron, on se régale.

La direction de LFI est finalement contrainte de s’expliquer avec des arguments qui n’expliquent pas le fait que ça tombe justement sur ceux-là : on aurait voulu faire une place à la diversité des acteurs engagés (l’hypocrisie n’a pas de limite) ; il n’y a pas de mandat à vie (4 des 5 réprouvés sont élus depuis moins de deux ans). En interne, on tente le discrédit : ces cinq députés manquaient de loyauté, ce sont des social-traitres – parce qu’ils veulent un peu de démocratie ? Et puis ce n’est pas une purge puisque Autain et Ruffin sont investis, etc. Personne n’est dupe.

Depuis hier soir, les candidatures ont été déposées. Raquel Garrido, Alexis Corbière, Danielle Simonnet et Hendrick Davi maintiennent bien leur candidature face aux candidats investis par LFI. Ils auront l’appui des autres partis du Front populaire, des citoyens et militants de leur circonscription.

Le Nouveau Front populaire a pris un mauvais coup. Cette mise à l’écart brutale a fait passer au second plan la signature du programme du NFP. Il y aura des traces. La confiance, déjà fragile, est encore ébranlée.

Pourquoi LFI a-t-elle fait ce choix ?

Franchement, comment croire qu’ils pouvaient ignorer le tollé et penser qu’on serait serait dupe. Ces députés ont en commun d’avoir réclamé un fonctionnement plus démocratique de leur organisation ; d’avoir plaidé pour un respect des autres partenaires de la Nupes et pour un style moins violent ; ils ont rechigné devant la mansuétude du groupe vis-à-vis d’Adrien Quatennens ; ils ont reconnu dès le 7 octobre le caractère terroriste des attaques du Hamas et n’ont pas cru devoir alimenter ou relativiser l’antisémitisme. Bref, ils sont restés insoumis, même à La France insoumise. On reconnaîtra que ces questions ne sont pas à la marge. On attend qu’elles soient débattues…

En tout cas, cette liberté a été inacceptable pour la direction de LFI. Il fallait que cela cesse, d’autant plus qu’il était difficile de discréditer l’engagement de Corbière, Simonnet et Garrido, venus du premier cercle mélenchoniste, figures fondatrices de LFI.

Au-delà de ce qui apparaît comme une gestion hautement autoritaire (stalinienne pour tout dire, ce qui est un comble pour des Trotskistes-Lambertistes…), cette affaire porte tort à tout le Front populaire et à la dynamique anti-RN. Par l’exaspération que cela suscite et par le rejet de Jean-Luc Mélenchon que cela exacerbe.

Surtout, on peut s’inquiéter des conséquences que cette attitude pourra avoir le 7 juillet quand il faudra rassembler largement, bien au-delà des électeurs du premier tour. NFP et LFI pourraient y perdre des élus et grever les chances de succès du Front populaire. Et cela, Mélenchon le sait.

Osons les grands mots : Manuel Bompard et Jean-Luc Mélenchon ont pris une lourde responsabilité devant l’histoire. Mais la campagne est partie. Le 7 juillet, on peut gagner (s’il vous plait, plus de coups tordus !). Go !

P.S. : Disons notre tristesse de voir Céline Verzelati, secrétaire confédérale de la CGT, participer à cette détestable action contre Danielle Simonnet si implantée à Paris, longtemps seule face à Anne Hidalgo. Hélas, elle accepte en connaissance de cause, cette investiture de la honte. Pourquoi ?

Catherine Tricot

FRONT DU JOUR

Prise de position de la revue Esprit

« Il nous faut collectivement, dans les prochaines semaines, jeter toutes nos forces dans la bataille pour que le pire n’advienne pas. Cela commence, sur un plan intellectuel et politique, par le refus de la rhétorique consistant à renvoyer dos-à-dos les ‘extrêmes’, face auxquels s’imposerait le choix de la ‘modération’. Les dernières années ont apporté la preuve que ce discours est non seulement problématique sur le fond, mais manque systématiquement sa cible. Alimentant les colères et les exaspérations par l’arrogance dont il témoigne, il ne fait en définitive qu’accélérer la montée de l’extrême droite. En France, mais aussi en Europe, les électeurs ont suffisamment exprimé leur rejet de l’idée selon laquelle ‘il n’y a pas d’alternative’. »

C.T.

ON VOUS RECOMMANDE

  • Le film « Blue et Compagnie », encore à l’affiche dans les salles. Pour retomber en enfance comme Loïc Le Clerc (et y rester aussi longtemps que possible comme son fils).

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2 commentaires

  1. Magnus le 17 juin 2024 à 20:36

    Enfin ce qui est illisible c’est Hollande qui se présente, ça c’est vraiment l’assurance d’arriver derrière le rn. Quant à Corbière etc. – j’interprète ça simplement comme de la clarification.

    Avec Hollande dans l’équipe il est déjà clair qu’il n’y aura pas de majorité, et Regards le sait bien sûr.

    Pour qui roule regards vraiment, en pratique ? La réponse paraît de plus en plus être le rn.

    Même si pour regards il s’agit juste de se positionner pour un truc mou qui ne s’oppose pas à l’ordre mondial injuste et raciste après ces élections.

    Si la direction de LFI se positionne pour une ligne claire et réellement subversive, ben dans ce cas je suis 100% pour.

  2. Max le 18 juin 2024 à 08:49

    C’est troublant, vu comme Catherine Tricot s’exprime. A priori, elle aurait raison si, depuis longtemps il n’y avait pas des raisons plus profondes, politiques. La LFI n’est pas un parti, mais un mouvement qui se relie directement à l’extérieur aux citoyens, pas de direction centrale mais des espaces qui gèrent eux-mêmes leurs actions. Ces espaces sont reliés et par un programme qui fixe les objectifs. Je me souviens bien des propos entre autre de Raquel Garrido à ce propos qu’elle tenait publiquement. Et ce n’est pas de pure forme, mais une vision de fond. Le désaccord s’est creusé et puis la rupture était déjà en place. Donc le comité électoral à choisi, c’est normal. Mettre JL Mélenchon est malhonnête. Comme il est la figure de proue du mouvement, c’est facile de le cibler.

    Il n’ y a pas tant de commentaires sur la candidature de François Hollande de la part de Catherine Tricot, je me demande bien pourquoi.

    Je regrette le renoncement d’Adrien Quatennens dû à des pressions internes et externes par un faux féminisme. Il a fauté, il l’a reconnu avant sa condamnation. Il n’est pas un délinquant sexuel, il a payé très cher et « on » veut lui faire payer encore plus cher. Avec cette position il est assimilé aux pires obsédés. Les féministes qui ont voulu sa peau devraient se regarder de plus près, ce n’est pas défendre la cause des femmes et du féminisme.

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