LA LETTRE DU 10 JUIN

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2024 : le New Front populaire ou rien

Il y a eu le choc du score du RN aux élections européennes. Quelques minutes d’attentisme avant que Macron apparaisse pour proposer l’autodestruction.

Après la stupeur, monte la colère. Plutôt que d’écouter vraiment le pays qui vient de voter, le chef de l’État continue l’épreuve de force. Il prend de court toutes les forces politiques et relance les dés : trois courtes semaines pour décider de l’avenir du pays.  

Il y avait une autre voie. Les résultats enregistrés dimanche ne sont pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Ils viennent après tant de souffrances et de désarrois et avant tant d’autres annoncés. Ils viennent après la réforme des retraites honnie et imposée et celle sur l’immigration écœurante mais infligée. Ils viennent avant la réforme de l’assurance-chômage, la remise en cause du statut de la fonction publique, la pitoyable réforme de l’audiovisuel public. Macron pouvait choisir de mettre sur pause toutes ces réformes et de relancer la France sur les chemins qui ont fait l’unité du pays et du peuple, ceux du progrès. Cela porte un nom : politique écologique ambitieuse et cohérente, protection sociale et services publics, soutien aux plus faibles, politique fiscale juste. Rien d’infamant.

Le macronisme du « en même temps » est mort. Son glissement toujours plus à droite est en déroute. Mais le président pouvait écouter les résultats et changer l’axe de son pouvoir. Congédier Le Maire, Darmanin, Vautrin, Dati et Attal. Hier soir, il fut question de Charles de Gaulle. Lui a su quitter ses habits monarchistes de droite pour s’ouvrir au siècle de l’État providence et de la décolonisation. Mais n’est pas de Gaulle qui veut.

Macron se croit surement flamboyant, il est insouciant et irresponsable : il prend le risque fou de livrer la France à l’extrême droite. Il imagine laisser à Le Pen et Bardella les outils de l’autoritarisme qui n’ont cessé d’être renforcés sous ses mandats même. Il le fait alors que le monde est si dangereux. On comprend la colère de François Ruffin : vraiment ce type est dingue.

Bien, il va donc falloir relever le gant. Les Français ne veulent plus de ce mélange de caprices, de cruauté et d’autoritarisme. Il faut un autre chemin. Pourquoi est-ce le RN qui est en position de tirer les marrons du feu de la catastrophe Macron ? Le débat est reporté a plus tard. L’urgence est de ne mettre en avant que ce qui nous aide.

La gauche sort bien abimée de ces derniers mois de campagne européenne et avant elle, de désaccords lourds sur la manière de mobiliser et rassembler pour Gaza comme pour les retraites. Les européennes ont traduit ce désaccord mais elles n’ont pas vraiment tranché. Les grands centres urbains et les quartiers populaires se sont aussi reconnus dans l’intransigeance de La France insoumise. Face aux dangers de tous ordres, LFI parait une sorte de repère, de rempart. Mais LFI ne dépasse pas les 10%. Il faut rassembler beaucoup plus. Il faut toutes les couleurs de la gauche politique et sociale ; il faut la force de la jeunesse, des syndicalistes et celle des intellectuels.

Devant l’imminence du péril en 1934, toutes les gauches ont convergé. Avons-nous le choix de ressasser nos désaccords ? Actons que le pays est divers et qu’il faut une gauche diverse.

Go.

Catherine Tricot

PAROLE DU JOUR

Le Front pop’, ça n’est pas que les partis

Ce lundi 10 juin sur France Inter, le journaliste Nicolas Demorand décrit ses invités du matin François Ruffin et Olivier Faure quittant le plateau « bras dessus bras dessous ». Le député LFI rétorque spontanément : « On sera bras dessus bras dessous avec toute la gauche, avec des millions de personnes dans la rue et j’espère que les syndicats vont appeler à une grande marche pour le front populaire pour nous. »

L.L.C.

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2 commentaires

  1. Marc le 10 juin 2024 à 10:28

    Bonjour,
    Front populaire ?
    Désolé, mais presqu’1 siècle et plusieurs quiproquos, malentendus, coups bas, trahisons et échecs plus tard, la question se pose quand même : avec qui et pour quoi faire ?
    Non, je ne donnerai pas ma voix à n’importe qui qui se pretenderait de gauche.
    A chaque fois, on ne sait comment ni pourquoi, le PS se remet sur pied.
    A chaque fois, on nous repasse le plat.
    A chaque fois, il faudrait se faire enc… ?
    Car, à chaque fois, les sociaux-démocrates nous enc… c’est comme ça. C’est leur nature sociale démocrate. Partout, tout le temps, c’est la même chose.
    Décidément, l’Histoire, les rapports sociaux, les rapports humains, l’âme humaine sont impénétrables.
    Quelque soient leurs situations, les Hommes s’entre déchirent et s’entre dechireront !
    Quoi faire et comment faire me direz vous ?
    Vaste question à laquelle je n’ai plus de réponse.

  2. Magnus le 10 juin 2024 à 17:47

    Alors je trouve cet article un peu pathétique. Utiliser des mots anglais comme « new » et « go » est tellement en décalage avec le projet alternatif qui doit voir le jour contre Macron et l’extrême droite.

    Au mieux ça évoque un espèce de sauce Roosevelt (new deal). Au pire le simple soutien à l’impérialisme américain.

    Comme on sait, les Etats-Unis n’auraient pas joué le rôle qu’ils ont joué si les japonais n’avaient pas attaqué le sol américain. Puis, bien que c’était bien de tuer des nazis, en ce qui concerne lâcher les bombes atomiques c’était juste grotesque. Et en même temps la ségrégation continuait. Là, ce n’est guère mieux, l’égalité formelle ayant été accompagnée d’inégalités plus criantes que jamais.

    On sait aussi qu’il y a une élite destructrice qui règne aux Etats-Unis. Qui fait sauter des régimes comme ça l’arrange, peu importe qu’ils sont démocratiques ou pas.

    Qu’aucun président a voulu ou osé défier cet élite depuis l’assassinat de Kennedy.

    Si on est inconscient au point d’utiliser un vocabulaire empreint de l’impérialisme américain, ça ne va pas aller très loin…

    Il faut un nouveau monde, un projet alternatif, et ça passe aussi par avoir conscience sur comment l’ordre mondial actuel se reflète aussi dans la manière dont des mots anglais s’immiscent de plus en plus dans le vocabulaire.

    Je suis pour une Palestine tout autant que la Norvège avait droit de voir le jour. Je suis contre l’escalade qui risque mener à des bombes atomiques sur la France et le Royaume Uni (je ne me fais aucune illusion sur les Etats-Unis : ça ne va probablement pas engendrer une troisième guerre mondiale, pour la simple raison que les Etats-Unis ne vont pas lancer la première guerre mondiale nucléaire juste pour défendre l’Europe, bien que c’est les Etats-Unis qui ont le plus encouragé l’escalade – c’est facile quand on ne va pas être attaqué avec des bombes nucléaires soi-même). Que les Etats-Unis joue ce pari risqué n’est pas étonnant, mais que l’UE fait pareille est assez surréaliste.

    Du coup j’ai voté LFI dans les européennes. C’était eux ou eelv. Choix facile (vu le positionnement d’eelv par rapport à l’utilisation de l’Ukraine comme un pion géopolitique).

    Alors, tout indique que Regards prône une position pro-Etats-Unis vis-à-vis Ukraine. L’utilisation de mots comme « new » et « go » n’est pas anodine : on va avoir un projet Etats-Unis-compatible. C’est risible. LFI aura toute raison de ne pas y participer, vu ce que ça risque de donner.

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