IA : pour une Europe leader
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Alors que Trump annonce un plan ambitieux de 500 milliards d’euros pour financer le développement de l’intelligence artificielle, Macron organise un sommet de l’IA sans grande ambition. La France et l’Europe doivent se réveiller.
Cet article est tiré du dossier Politis/Regards, que vous pouvez recevoir tous les vendredis en vous inscrivant ici.
Trump joue à nous faire peur. Comme il fait peur au Canada, au Mexique, au Groenland, au Panama. Et maintenant à Gaza pour des raisons différentes. Sur le plan économique, la menace que fait peser le nouveau président américain sur l’Union européenne – qu’il exècre -, avec la taxation des produits importés, est sans doute préoccupante.
D’autant plus préoccupante si nous ne lui imposons pas une riposte à la hauteur. Parce que nous en avons les moyens si elle est anticipée, et concertée par les Etats-membres. La perspective d’une taxe contre taxe, pour plus protectionniste-que-moi-tu-meurs, serait en réalité perdant-perdant pour les européens et les américains.
Nul n’y a intérêt en réalité. Et Trump le sait. Rappelons-nous, quand même, qu’il y a une part de bluff dans Trump. Les annonces de taxes à l’endroit du Mexique et du Canada n’ont duré que quelques heures. Trump affirme avoir gagné une négociation qui n’existe pas, ou qui préexiste à son investiture. Le Mexique a déjà envoyé ses troupes à la frontière américaine par le passé. À la demande-même des Etats-Unis.
Quant aux canadiens, ce qu’il dit avoir obtenu avait déjà été annoncé en décembre dernier, à savoir un plan frontalier du Canada à hauteur de 1,5 milliards d’euros. Bien sûr il ne faut pas sous-estimer le Trump. Mais nous autres européens ferions mieux d’observer ce qu’est le trumpisme. Parce que, contrairement à l’Union européenne, le trumpisme – au-delà du danger fasciste qu’il représente – est un plan stratégique à long terme. Il a une visée stratégique. Ce que n’a pas, ou plus, l’Union européenne.
Qu’avons-nous à opposer aux 500 milliards d’euros d’investissement promis par Trump sur l’Intelligence artificielle ? Pas grande chose. Ou peut-être un sommet français de l’Intelligence artificielle avec les amis de Trump en guest star. Pourquoi l’Europe se montre-t-elle si timide devant les géants du numériques, les GAFAN/GAFAM, les Musk, Bezos et Zuckerberg ? « S’il s’avère qu’Elon Musk utilise sa plateforme pour mettre en avant certaines opinions ou certains partis politiques et qu’il utilise ses algorithmes pour le faire, il est en infraction », commente ainsi, faussement naïve, la nouvelle ministre du numérique française, Clara Chappaz.
Parce qu’il est avéré que ces patrons, acquis à la cause de Trump, sont une menace pour nos démocraties. Les ingérences sont prouvées. Qu’attendons-nous pour interdire leurs plateformes en Europe ? Qu’attendons-nous pour développer et maitriser nos propres outils numériques ? Voilà ce que nous devons imposer à Trump : d’autres géants du numérique à l’échelle européenne. Nous avons un savoir-faire majeur en matière d’intelligence artificielle en Europe. Il faut aller plus loin encore. Devenir leader pour mieux contrôler ses effets indésirables, mieux réguler sa pratique et en favoriser plus encore ses innovations.