Guerre : la démocratie n’est pas une option

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Emmanuel Macron veut préparer la France et l’Europe à son autonomie de défense. Mais pour cela, il faut de l’argent. On ne sait ni combien, ni comment il compte s’y prendre.

Les dépenses militaires, comme toutes nos dépenses d’ailleurs, ne sont pas du ressort du président de la République mais du Parlement. La dernière loi de programmation militaire a été votée en 2023 et court sur la période 2024-2030. Elle prévoit une augmentation substantielle (de 32 à 69 milliards par an). Si l’on comprend bien le président, il entend encore augmenter cette enveloppe. Seulement, Emmanuel Macron est chef des armées, pas législateur suprême. La démocratie a ses règles, même le président de la République doit les respecter.


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Plus problématique encore : Emmanuel Macron veut accroître les dépenses militaires mais « sans que les impôts ne soient augmentés ». Il veut « des réformes, des choix, du courage » en la matière. Le courage, dans la langue néolibérale, cela signifie couper dans des services publics ou supprimer des investissements de l’État (comme le plan vélo, selon le ministre des armées Sébastien Lecornu). Évidemment, partis de gauche comme syndicats s’y opposent fermement. Car si certains à gauche discutent l’effort en matière de dépenses militaires, tous refusent qu’elles soient financées par la protection sociale ou l’écologie.

Emmanuel Macron dit vouloir défendre l’humanisme et la démocratie, peut-il, pour ce faire, passer outre le fonctionnement normal de nos institutions démocratiques ?

Si Emmanuel Macron s’affranchit une nouvelle fois de tout débat démocratique, comment imagine-t-il que le peuple français puisse estimer ces choix et ces efforts justifiés voire justes ? Emmanuel Macron dit vouloir défendre l’humanisme et la démocratie. Peut-il, pour ce faire, passer outre le fonctionnement normal de nos institutions démocratiques et réduire ce qui est la traduction de notre humanisme, de notre solidarité et de notre sécurité sociale ? Si Emmanuel Macron passe outre, il risque d’être incompris. Les sondages montrent déjà une faible adhésion à son propos : 48% contre 52% sur le fait que son allocution télévisée ait convaincu.

Emmanuel Macron veut que nous nous dotions de moyens de défendre la patrie et ses valeurs. Les valeurs d’égalité, de liberté et de fraternité qui sont pourtant inscrites sur les frontons de nos bâtiments publics, ne peuvent être des concepts abstraits convoquer uniquement pour mener à bien des politiques mortifères. Avant de dire « nous devons défendre par les armes la démocratie », il faut s’assurer que ce dernier mot résonne comme une réalité, une expérience tangible. Trop en doutent. La perspective de la guerre peut même être l’occasion d’encore davantage d’autoritarisme. Et l’extrême droite s’en frotte déjà les mains.

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