Faits divers et diversions politiques

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L’actualité récente a mis en lumière une tendance inquiétante : l’instrumentalisation des faits divers par l’extrême droite et le bloc central aux responsabilités.

Ces événements, souvent tragiques et isolés, sont transformés en armes idéologiques, alimentant le plus souvent des discours sécuritaires et xénophobes. Plusieurs jours durant, quasi 24h/24 d’émissions en continue sur un fait divers – comme ce fut le cas ces derniers jours avec les derniers rebondissements liés à la mort du petit Émile – alors que dans le même temps Poutine menace, que les bombes continuent d’exploser à Gaza, ou que le dérèglement climatique s’accélère, interroge sur les choix éditoriaux des médias autant que sur la manière dont le traitement de cette actualité façonne nos perceptions collectives et influence les débats publics.


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L’extrême droite a toujours su tirer parti des faits divers pour imposer son agenda politique. En exploitant des drames comme le meurtre de Lola à Paris en 2022 ou celui de Thomas à Crépol en 2023, elle inonde le débat public à coup d’éléments de langage toujours stigmatisants et racistes, associant systématiquement ces événements à l’immigration. Cette stratégie n’est pas nouvelle, mais elle est amplifiée par la structuration de l’espace médiatique, où les réseaux sociaux et l’information en continu jouent un rôle prépondérant.

Les médias, en quête d’audience, deviennent souvent des relais de ces discours, contribuant ainsi à leur diffusion massive. Le bloc central, de Bayrou à Attal en passant par Macron, Darmanin ou Retailleau, n’est pas en reste. En reprenant à leur compte certains éléments de langage de l’extrême droite, elle cherche à capter une partie de son électorat. Cette posture opportuniste n’est pas sans conséquences. Elle légitime des discours de haine et de division, tout en détournant l’attention des véritables enjeux sociaux et économiques.

Bien sûr, les médias ont une responsabilité dans cette instrumentalisation. En choisissant de mettre en avant certains faits divers au détriment d’autres actualités, ils participent à la construction d’une réalité biaisée. La couverture médiatique des féminicides ou des violences policières, par exemple, est souvent reléguée au second plan, sauf lorsqu’elle sert des intérêts politiques spécifiques. Cette sélectivité dans l’indignation est révélatrice d’une instrumentalisation à grande échelle, où l’émotion est utilisée pour nourrir des discours partisans.

Il est urgent de repenser notre rapport aux faits divers et à leur traitement médiatique et ne pas céder à la facilité du sensationnalisme. L’école et même au-delà, tout au long de la vie, devrait davantage préparer à mieux aiguiser nos esprits critiques, pour toujours mieux absorber et décrypter l’information, d’où qu’elle vienne. Et ne surtout pas se laisser emporter, collectivement et individuellement, par les émissions immédiates. 

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