Élections allemandes : malgré Trump, l’AfD contenue

Les Allemands ont voté : face à une extrême droite en force, la jeunesse antifasciste et les femmes résistent.
Après l’éclatement de la coalition sociaux-démocrates/Grünen/Libéraux et la convocation des élections anticipées, les Allemands ont donc voté ce dimanche 23 février. 100 jours d’une campagne largement dominée par les thématiques de l’immigration. C’est sur ce sujet que la CDU et l’AfD ont mêlé leur voix au parlement, soulevant une vague de manifestations historiques. Le climat de la campagne était alourdi par des attentats meurtriers islamistes et par l’appui des trumpistes au parti d’extrême droite.
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L’AfD, le parti néonazi, sort donc renforcée de ce scrutin. Apparemment, elle ne profite pas de l’appui appuyé et réitéré des libertariens américains, Musk et Vance en tête. Son résultat est conforme aux sondages des premiers jours : un peu plus de 20%. On peut penser que la mobilisation de très larges pans de la société allemande a constitué le mur pare-feu que la CDU faisait sauter au parlement. Il reste une donnée majeur : l’AfD qui réunissait 4,8 millions de suffrages en 2021 en rassemble 10,3 aujourd’hui. Elle multiplie par 2,5 ses voix. L’autre élément marquant est la force de l’opposition du pays à l’arrivée au pouvoir de ce parti ouvertement néo-nazi. L’extrême droite reste un tabou : à la bonne heure. Les coups de butoirs de Trump ne sont pas parvenus à enfoncer cette résistance. Pour l’heure, le futur chancelier ne pourra faire alliance avec ce parti rejeté par 80% des Allemands.
L’autre fait marquant est la fragmentation renforcée du paysage politique allemand. Les deux grand partis de la scène allemande – la CDU et le SPD – réunissent moins d’un électeur sur deux. C’était déjà le cas il y a quatre ans mais se trouve renforcé par l’émergence de l’AfD, l’affaiblissement historique du SPD, le retour de Die Linke. Cette fragmentation est à l’image du paysage politique européen et traduit la panne structurelle des deux grandes forces libérale-conservatrice d’une part, sociale-démocrate d’autre part. Leur désarroi face à l’évolution américaine, leur discrédit économique qui se lit dans le très mauvais état des infrastructures, la montée de graves problèmes sociaux qui ont nom pauvreté et logement inabordable… les impactent de plein fouet, eux qui dirigent l’Allemagne en alternance depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Les jeunes femmes ont accordé 34% de leurs voix à Die Linke ; les jeunes hommes ne lui accordaient que 15% mais plaçaient l’Afd en tête de leurs votes avec 25%. Ce différentiel impose une réflexion sur ce gap que l’on retrouve si souvent entre le vote des (jeunes) femmes favorable à la gauche de gauche et celui des (jeunes) hommes en faveur de l’extrême droite.
Les socialistes du SPD payent très lourdement leur passage au pouvoir. Ils perdent un tiers de leur voix (de 12 millions en 2021 à 8 millions hier) et enregistrent leur plus mauvais score depuis 80 ans. Ils entrainent dans leur chutes leurs alliés. Les Grünen reculent en pourcentage et en voix, passant de 14,7 à 11,6% et de 7 millions d’électeurs à 5,7. Les libéraux du FDP s’effondrent passant sous la barre des 5% et quittent le parlement. Les sociaux-démocrates se sont montrés totalement incapables de revenir sur les désastres des politiques régressives du chancelier SPD Schröder. Leurs promesses de dernière minute comme celle de relever le Smic horaire n’ont pas convaincu. Globalement, le SPD est dans la nasse de ses camarades : aucun projet, aucune détermination.
Enfin, la percée surprise de Die Linke (8,8% et plus de 4,3 millions de voix) est le contrepoint heureux de ces désastres. La gauche d’alternative allemande a trouvé un nouvel élan après la clarification opérée en son sein. Le départ de Sahra Wagenknecht partie jouer (et se fracasser – moins de 5%) avec les idées d’extrême droite au nom du peuple, a permis à ce parti de prendre une part remarquée dans les mobilisations des dernières semaines. Die Linke a trouvé le ton juste pour s’opposer avec fermeté à l’AfD au parlement où sa représentante a donné écho aux mobilisations de la rue. Die Link est parvenu à intriquer antifascisme et revendications d’égalité et de progrès social. Ces mots ont été entendus dans la jeunesse où près d’un électeur sur quatre de moins de 25 ans a voté pour ses candidats. C’est surtout le cas des jeunes femmes qui lui ont accordé 34%, le plaçant en tête de tous les partis. Les jeunes hommes ne lui accordaient que 15% (c’est quand même plus que la moyenne nationale) mais plaçaient l’Afd en tête de leurs votes avec 25%. Ce différentiel impose une réflexion sur ce gap que l’on retrouve si souvent entre le vote des (jeunes) femmes favorable à la gauche de gauche et celui des (jeunes) hommes en faveur de l’extrême droite.
Il est difficile de dire que la poussée d’un parti qui double son nombre de voix d’une élection à l’autre est contenue. Idem pour Die Linke : les extrêmes se renforcent par rapport à leurs niveaux respectifs antérieurs. C’est un artifice de langage, typique de la petite planète journalistique, de ne jamais parler d’extrême-gauche : on dit la gauche radicale, la gauche de gauche, c’est plus gentil. L’extrémisme ne peut être que de droite bien sûr.
Pourtant si l’on regarde les réalités derrière la fumée sémantique, on voit que Die Linke est le parti construit autour du SED, relooké après la chute de la RDA où il était au pouvoir, de 1949 à 1991. De quoi est-il responsable ? La question a un sens pour ceux qui refusent que le devoir de mémoire soit sélectif. Le patron du SED, Erich Honecker, comme avant lui Walter Ulbricht, avait donné l’ordre aux Vopos de tirer à vue sans sommation sur toute personne tentant de fuir la prison à ciel ouvert qu’était la RDA. Un pays ceint de barbelés, balisé par des miradors, voilà les hautes œuvres du SED, devenu le cœur de Die Linke. Présenter le succès de celle-ci comme un réconfort moral relève de l’esbroufe, pour dire le moins.
Tiens ? Ça faisait longtemps que Glycere Benoît ne nous avait pas fait part de ses obsessions !
Le danger, pour lui, c’est bien sûr la gauche.
L’extrême droite, ça lui va.
» Il reste une donnée majeur : l’AfD qui réunissait 4,8 millions de suffrages en 2021 en rassemble 10,3 aujourd’hui. Elle multiplie par 2,5 ses voix »
Pourquoi écrire » par 2.5 « alors c’est un peu plus de 2 (2.14) ?
C’est déjà beaucoup inutile d’en rajouter !