Contre l’irresponsabilité au pouvoir

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« Je n’assumerai jamais l’irresponsabilité des autres », nous a dit le président. Et la sienne ?

Je ne démissionnerai pas et je ne dissoudrai pas l’Assemblée nationale avant 2027… À quelques jours de distance, Emmanuel Macron a dit et redit que, pour lui, le peuple n’est souverain qu’au second tour de l’élection présidentielle et que, cette élection passée, ses attentes, exprimées dans la rue ou dans les urnes, ne servent à rien. Mais qu’envisage-t-il vraiment avec cet inconcevable entêtement ? Le blocage politique, la censure à répétition, l’émeute ou la guerre civile ?


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La crise politique jouxte désormais la crise de régime, le peuple français ne croit plus vraiment aux vertus de la politique. L’extrême droite n’a certes pas partie gagnée, mais ses idées et sa crédibilité se sont renforcées. Qu’importe : nous avons le meilleur président du monde, auquel il n’aura manqué que l’onction pontificale.

Ce n’est pas responsable. Il est vrai que l’issue à la crise n’a rien de simple dans une opinion publique inquiète, désorientée, qui doute de ses repères. Mais il est impensable que se dégage une solution partagée en dehors d’une véritable délibération citoyenne et nationale.

La proposition présidentielle de rencontre se voulait une réponse au désir de paix civile ; mais elle était un piège. Fallait-il y aller ou pas y aller ? Il pouvait y avoir désaccord sur la façon de faire : il ne vaut pas une rupture du Nouveau Front populaire.

Au fond, il n’y aurait qu’une solution raisonnable : consulter le peuple pour qu’il exerce sa pleine souveraineté. Pas nécessairement dans la précipitation de quelques semaines post-démission, mais pas non plus en reportant la décision à la Saint-Glinglin. Si Emmanuel Macron et ses amis avaient été à la hauteur de l’histoire, ils auraient pu par exemple proposer que, dans un délai qui ne devrait pas excéder une année, le corps électoral soit convoqué pour élire le ou la titulaire à la présidence et renouveler l’Assemblée. Y a-t-il une autre méthode, en attendant les refontes constitutionnelles, de remettre les pendules à l’heure ?

L’intérimaire de l’Élysée ne fera pas ce choix, mais il serait inconcevable qu’on lui laisse la fonction de maître des horloges. S’il ne veut pas entendre, il convient de remettre, plus fort encore, ce qui est juste et raisonnable dans le débat public : permettons au peuple de trancher. Cela signifie du mouvement citoyen, de la mobilisation pour empêcher la régression sociale et démocratique et du rassemblement politique à gauche pour proposer une alternative claire.

Du rassemblement, pas de la division, du débat à gauche et pas de l’invective ou de la chicane. L’opinion est partagée entre l’incertitude, la colère et la peur des discordes et des chaos. La proposition présidentielle de rencontre se voulait une réponse au désir de paix civile ; mais par sa composition – écarter les « extrêmes » – elle était un piège. Fallait-il y aller ou pas y aller ? Cela pouvait nécessairement se discuter et les arguments ne manquaient pas dans un sens ou dans un autre. Mais la controverse franche n’autorise pas les à-peu-près et les contre-vérités. La France insoumise n’avait pas en tête que des ambitions présidentielles et mettait en garde contre des risques réels. Quant aux autres formations, elles ne sont pas allées à l’Élysée pour négocier un accord de gouvernement avec Emmanuel Macron – leurs responsables ont dit clairement qu’ils ne gouverneraient pas avec la droite, qu’ils réaffirmeraient, pas devant le président mais devant la nation, la proposition raisonnable d’un exécutif confié au NFP. Et, pour rendre cette proposition crédible, ils suggéreraient un deal « non-recours au 49-3 contre non-censure », qui n’était pas une méthode générale de gouvernement, mais un accord, limité et valable jusqu’à une probable dissolution, laissant le libre cours aux majorités de circonstances.

Il pouvait y avoir désaccord sur la façon de faire ce mardi : il ne vaut pas une rupture du Nouveau Front populaire. Au contraire… Car s’il faut se tourner résolument vers le mouvement populaire, s’il faut faire grandir l’idée d’une alternative sociale, démocratique, écologique et pacifique, cela ne pourra pas aboutir dans la division.

Pas d’autre solution alors que de revenir aux fondamentaux : la gauche est diverse, elle est sans doute polarisée, mais si l’on s’enferme dans l’idée qu’il y a deux gauches, il n’y aura pas de majorité progressiste pour faire face aux régressions de la droite ou au renoncement démocratique de l’extrême droite. Et si cette gauche diverse et solidaire entend vraiment exercer le pouvoir pour changer, elle ne peut pas se contenter de dénoncer, d’attiser les ressentiments, mais elle doit repartir de ce qui motive les consciences, améliorer sans cesse ses propositions programmatiques, opposer au Rassemblement national la cohérence d’un projet mobilisateur et rassurant, et convaincre de sa capacité à construire dans la durée, pacifiquement, démocratiquement, les majorités nécessaires pour avancer, partiellement ou globalement.

Dans ce monde qui inquiète, dans cette société qui doute, face à la menace planétaire des droites extrêmes, face à un RN toujours en embuscade, il y a besoin de cette confiance et de cette solidarité. Ou alors chacun n’a plus qu’à se réfugier, en vain, dans son pré carré.

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