Censure du gouvernement : et après ?
À quelques jours d’une possible chute du gouvernement, aucune stratégie coordonnée de la gauche et des écologistes n’a été élaborée. L’ombre portée de la présidentielle avivent encore les difficultés entre partenaires du NFP.
Les probabilités que le gouvernement chute avant Noël augmentent au fur et à mesure que les oppositions, de gauche comme d’extrême droite, renforcent leurs argumentaires sur un budget qui ne leur va décidément pas. Mieux : le NFP, dans son entièreté, a, depuis le premier jour, affirmé l’illégitimité du gouvernement Barnier et avait annoncé qu’il le censurerait dès que les occasions se présenteraient. Quant au Rassemblement national, il semble s’être récemment résolu à cette option, affaires judiciaires et impopularité de l’exécutif aidant.
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Après la Commission mixte paritaire conclusive d’hier soir sur le budget de la Sécurité sociale, le texte devrait arriver aux votes dès lundi avec un 49.3 suivi donc d’une motion de censure. Si elle l’emporte, le plus probable est… la démission de Barnier. Et après ? Au sein du NFP, les stratégies divergent : LFI appelle à la démission du président de la République et à une élection anticipée, quand le PS, principalement au nom de la stabilité institutionnelle, affirme préférer voir Emmanuel Macron terminer son mandat.
Ainsi, pour LFI, la question du premier ministre et de son équipe devient secondaire devant l’objectif de rebattre les cartes politiques à l’occasion d’une élection présidentielle anticipée. De son côté, le PS se prépare (mollement) à la nomination par Emmanuel Macron d’un premier ministre de gauche… Comme nous le confiait Philippe Brun dans #LaMidinale, ce n’est pas vraiment de leur ressort que de choisir la personnalité du locataire de Matignon. Les socialistes semblent très souples, au nom de l’impériosité de l’exercice du pouvoir, et disent pouvoir s’accommoder d’une nomination « de Manuel Bompard à Bernard Cazeneuve ».
Les ébauches de stratégie socialistes et insoumises ne portent pas à la convergence des initiatives, des programmes ou du projet. Aux uns, le retour aux préceptes de la « respectabilité » dans la normalité anormale du capitalisme financier. Aux autres, la « radicalité » sans préoccupations de rassemblement.
À quelques jours d’une possible chute du gouvernement, aucune stratégie coordonnée du NFP n’a été élaborée. Le PS dit vouloir un accord de non-censure avec les macronistes mais n’a pas commencé à négocier quoi que ce soit. À LFI, on continue d’en appeler à la nomination de Lucie Castets sans vraiment y croire : ce n’est plus le cœur du sujet.
Les 230 députés du dit « socle commun » ont fait la démonstration qu’il leur était impossible de s’entendre et d’avoir un gouvernement aussi minoritaire.
À quelles conditions les 192 députés du NFP pourraient-ils faire mieux ? L’absence de travail commun de fond depuis 2022 pèse lourdement. Mais surtout, ce travail reste strictement circonscrit à l’Assemblée nationale, sans volonté d’impliquer la société ou de s’y inscrire véritablement. Les désaccords émergent sans chemin pour les dépasser. L’ombre portée de la présidentielle avivent encore les difficultés entre partenaires du NFP. Elles poussent chacun à s’identifier, à exacerber son originalité et à mettre ses partenaires en difficultés. Enfin, les ébauches de stratégie socialistes et insoumises ne portent pas à la convergence des initiatives, des programmes ou du projet. Aux uns, le retour aux préceptes de la « respectabilité » dans la normalité anormale du capitalisme financier. Aux autres, la « radicalité » sans préoccupations de rassemblement. Avec ça, on est bien barré.