BRICS, ONU : les Suds s’organisent

À Kazan en Russie, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se sont réunis. Avec, en sus, la visite du secrétaire général de l’ONU Antonio Gutteres.

Vladimir Poutine n’était pas peu fier de montrer aux Occidentaux qu’il n’était pas seul. Malgré la guerre qu’il mène en Ukraine depuis presque trois ans, il y a de quoi relativiser la capacité de l’Europe et des États-Unis à mettre au ban un pays tiers.


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Une multipolarité globale est en train d’émerger et de se construire. Le leadership moral et économique de l’Occident en prend un coup. La croissance mondiale poussive ne permet plus d’en faire vecteur de puissance suffisant pour les États-Unis d’Amérique comme pour l’Europe. Quant aux valeurs de la démocratie, elles sont trop en berne, au cœur même de « l’Occident », pour que les tout-puissants d’autrefois puissent capitaliser sur leur défense contre « l’axe du Mal »…

Lorsque la Corée du Nord et la Russie annoncent un partenariat stratégique militaire d’assistance mutuelle ce jeudi 24 octobre, inutile d’y voir l’existence d’un nouvel axe Moscou-Pyongyang. L’accord nous dit simplement que la dictature coréenne et le despotisme poutinien peuvent utiliser les contradictions du moment pour rendre inefficaces l’ostracisme et le blocus organisés contre eux. Blocus dont Pyongyang s’accommode fort bien pour écarter son peuple de toute influence venue de l’extérieur… Au fond, penser en axes ne rend pas compte de la réalité du monde : il vaut mieux la lire comme un entrelacs complexe de réseaux, faits de relations fortes et faibles entre les nations et les peuples, entre les mondes économiques et les zones culturelles.

Certains ne peuvent supporter que le monde ne soit pas uniformément occidental, comme on le croyait après l’effondrement de l’URSS. Ils poussent donc des cris d’orfraie à la vue de la poignée de mains entre le secrétaire général de l’ONU Antonio Gutteres et le président russe Vladimir Poutine, en marge de la réunion des BRICS. Ils tournent le dos au fait qu’une majorité de la population mondiale n’est pas disposée à s’engager dans une croisade de « l’Occident ». Ils font mine d’ignorer que l’ONU – dont la Corée du Nord fait partie depuis 1991 – est l’un des derniers lieux où peuvent se rencontrer toutes les parties du monde sans exception. Quand le premier responsable de l’ONU serre la main du leader russe, il ne cautionne pas sa politique : il rappelle simplement que la mission de l’ONU est, dans les pires moments, de rappeler que la discussion peut et doit toujours prendre le pas sur l’affrontement des États. 

Les enjeux de puissance et d’hégémonie font aujourd’hui oublier notre destin planétaire commun. On préfère trop souvent exalter la violence, exacerber les identités réelles ou fantasmées, transformer l’autre en ennemi séculaire qu’il convient de contenir ou même d’éradiquer. Or on peut refuser les violations du droit – et elles ne sont pas le fait d’un seul « camp » – sans s’enfoncer dans une logique de guerre sans fin. On peut combattre ce qui tourne le dos aux valeurs humaines, sans s’enfermer dans une spirale belliqueuse qui finit inéluctablement par les remettre en cause partout.

En bref, nous n’avons qu’un monde, il n’a pas de centre et nous devons le préserver.

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