Bétharram : Bayrou ne démissionnera pas

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Qu’une telle affaire ne pousse pas un premier ministre à la démission en dit long sur l’impasse de la Macronie.

Embrouillaminis, confusion et joute politique : pendant près de 5h30, François Bayrou a tenté de répondre aux questions incisives des députés réunis en commission d’enquête pour comprendre son rôle dans l’affaire Bétharram. Celui qui était sur le grill, c’était le premier ministre, l’ancien élu local, l’ancien président du conseil général, l’ancien ministre de l’éducation nationale. Ça, c’était ce que les deux co-rapporteurs, la macroniste Violette Spillebout et l’insoumis Paul Vannier, ainsi que la présidente socialiste Fatiha Keloua-Hachi, ont essayé de travailler. Mais François Bayrou a préféré répondre en tant que père de famille d’une autre époque, éludant ses responsabilités politiques. Cette stratégie creuse un fossé d’incompréhension dans lequel s’enlise le résidant de Matignon.


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« Des méthodes un peu rudes » : voilà comment François Bayrou continue de qualifier les conditions « d’éducation » de l’établissement Bétharram, sous le prétexte que l’on était « en 1996 » et que l’époque n’était pas la même. Mais c’était déjà inacceptable… et identifié, par les parents qui y plaçaient leurs enfants pour ces méthodes d’un autre âge. L’incapacité du premier ministre à prendre de la hauteur pour expliquer son inaction face à ces exactions confine à la faute politique grave. C’est précisément ce que l’on attendait de lui hier : comprendre, expliquer pourquoi, durant ces longues années, il n’a rien vu, rien dit. La généralisation des responsabilités – « Nous sommes tous coupables » – ne permet pas de tracer une direction politique au confusément élaboré.

François Bayrou premier ministre est le fruit de circonstances qui rendent le pouvoir exécutif tellement faible que même l’absence de sincérité ou de compréhension de la société ne semble pas une raison suffisante pour coaliser assez de forces et le démettre.

Le rôle de François Bayrou dans les horreurs révélées sur Bétharram n’est pas en tant qu’acteur des exactions. Évidemment. Il n’était pas entendu non plus là en tant que père de famille. C’est au titre de ses fonctions politiques passées et de son devoir de vérité devant les députés que le chef du gouvernement est interrogé. Sur ce dernier point, il est établi clairement qu’il a baratiné en prétendant dans l’hémicycle n’avoir rien su et reconnaitre aujourd’hui ne savoir que ce que la presse avait rendu public. Ses attaques à l’encontre de la professeure de mathématique qui a donné l’alerte ont provoqué un réel malaise : elles peuvent être qualifiées d’odieuses et d’hors de propos. Jamais son discours n’est revenu de façon étayée sur le système et sur les victimes. Des enfants et des adultes ont parlé, ont porté plainte mais n’ont pas été entendus ; ils entendent que cela change et que leur place, la première, revienne dans les réflexions. Déconstruire le système de violences des établissements catholiques est une nécessité à laquelle François Bayrou se dérobe.

Pourtant, le premier ministre ne court pas le risque imminent de se voir démissionné. Paradoxalement, la force de sa position institutionnelle actuelle réside dans sa faiblesse politique. La coalition à la tête de laquelle il a été placé ne sera pas remise en question par son audition malaisante. D’abord parce qu’aux yeux d’Emmanuel Macron, il n’y a pas d’alternative. Le président a rappelé, la veille sur TF1, sa confiance en François Bayrou qu’il « connaît depuis longtemps ». Un soutien d’« homme à homme ». En vérité, ce n’est pas la dextérité politique ou la justesse de son récit qui ont permis à François Bayrou de devenir premier ministre. Il est le fruit de circonstances qui rendent le pouvoir exécutif tellement faible que même l’absence de sincérité ou de compréhension de la société ne semble pas une raison suffisante pour coaliser assez de forces et le démettre. François Bayrou sur Bétharram est la preuve de la profondeur de l’impasse politique dans laquelle nous sommes enlisés. Devient d’une gravité extrême quand elle touche la morale et affecte la probité.

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4 commentaires

  1. Berthelot Jacques le 15 mai 2025 à 20:13

    Bayrou , minable pour fuir ses responsabilités le fait en faisant le procès de Paul Vannier et de LFI .
    C’est consternant, immonde Bayrou ne pense qu’à son poste , sa carrière se moque complètement des victimes et ne veut pas aborder son soutien à l’institution Betharram.
    sa bêtise est insupportable, mais hélas beaucoup de médias le soutiennent et reproduisent servilement sa communication.

  2. Florent le 16 mai 2025 à 08:06

    Et tout aussi long sur la gauche dite de gouvernement qui l’a soutenu en ne votant pas la censure.

    • Berthelot Jacques le 19 mai 2025 à 22:05

      Très juste.

  3. Lucien Matron le 17 mai 2025 à 17:06

    Chacun sait que l’affaire Bétharam est une affaire à haut risque pour la majorité gouvernementale. Chacun sait que François Bayrou n’a pas répondu clairement et a menti, devant la commission d’enquête parlementaire. Sa défense ses accusations de « chasse à l’homme » n’ont pas convaincu, ni dans l’opposition, ni dans sa propre majorité.
    Pour autant, même enlisée dans une crise morale, politique et démocratique, cette majorité n’envisage aucunement de changer de cap, elle bénéficie de la protection du président de la République. Il n’y aura pas de nouvelle dissolution, le RN auquel le gouvernement ne cesse de donner des gages ne votera pas de censure. Seules des mobilisations populaires d’ampleur seraient en mesure de modifier cette situation. Qui allumera la mèche à la prochaine rentrée ?

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