Austérité budgétaire XXL : le pouvoir de dire non

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Le gouvernement envisage une cure d’austérité à hauteur de 40 milliards d’euros. Du petit Elon Musk, mais le style y est !

Le premier ministre François Bayrou et le ministre de l’économie Éric Lombard ont organisé mardi 15 avril une « grande conférence » sur les finances publiques. Objectif : doubler la mise austéritaire du budget 2025 pour le budget 2026 et réaliser au moins 40 milliards « d’économies » sur les dépenses publiques. Soit au moins 14 milliards sur les dépenses de l’État, 8 milliards sur les dépenses des collectivités locales et 18 milliards sur les dépenses de la Sécurité sociale. Plus policée et, semble-t-il, un peu moins ambitieux que la méthode DOGE de Trump et Musk, mais néanmoins déplorable. Il y a au moins cinq bonnes raisons de dire NON !


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1. Des données et des prévisions totalement foireuses et délibérément trompeuses

Selon Éric Lombard, ce ne serait pas de l’austérité puisque « 40 milliards, c’est l’écart par rapport à la trajectoire naturelle du budget. Une autre façon de le dire, c’est que nous allons légèrement baisser la dépense publique, très légèrement, par rapport à son niveau de 2025. » 

En réalité, en 2025, on a déjà une régression des dépenses publiques. Et dans l’exécution du budget en cours, le gouvernement a déjà gelé 5 milliards de dépenses votées il y a deux mois.

Les prévisions gouvernementales tablent sur une croissance seulement ralentie par le budget en cours et la guerre commerciale de Trump. Il y a en fait un risque majeur de récession totalement ignoré. 

L’économiste Henri Sterdyniak, à qui on ne la fait pas en matière de comptes publics et de macro-économie, a refait les comptes : une baisse des dépenses publiques de 42 milliards correspond à 1,4 point de PIB soit une baisse de 2,5% en volume des dépenses publiques (hors dépenses d’armement et des intérêts de la dette). Si ça c’est pas de l’austérité ! Car une telle politique économique aurait un fort impact négatif sur l’activité économique nationale. Surtout que la menace de récession est déjà forte. Toujours selon Henri Sterdyniak « l’impulsion budgétaire serait alors négative de 1 point, soit un impact de -0,8% sur le PIB. Et donc une baisse des recettes publiques de 0,4 point de PIB » – les recettes publiques correspondent à environ 50% du PIB. « Au mieux, conclut-il, le déficit serait de 5% du PIB ». Et non 4,6% qui est l’objectif censé justifier la cure… Sans parler des effets sur le chômage, la poursuite de la dégradation des services publics et le dos tourné à la bifurcation écologique. On est bien sur des Diafoirus de l’austérité.

2. Le déficit vient des recettes pas des dépenses

’est la baisse des recettes qui explique le déficit, pas les dépenses ». C’est exact. Michaël Zemmour a publié sur son compte Bluesky un graphique ci-dessous, tout à fait parlant. Le niveau de « dépenses publiques » en part de PIB est inférieur à celui de la période 2014-2017, légèrement supérieur à 2018-2019.

Pour rappel on est à un niveau de "dépenses publiques" en point de PIB inférieur à 2014-2017, légèrement supérieur à 2018-2019.En 2018 (année exceptionnelle, au déficit à 2,3%) les dépenses étaient plus faible de 0,7 points de PIB. Les prélèvements étaient plus hauts de 2,1 points de PIB.

Michaël Zemmour (@michaelzemmour.cpesr.fr) 2025-03-27T21:33:28.836Z

Comme le souligne l’économiste, en 2018 (année exceptionnelle, au déficit à 2,3%), les dépenses étaient plus faibles de 0,7 points de PIB et les prélèvements étaient plus hauts de 2,1 points de PIB. Puis la politique macronienne de l’offre a délibérément et massivement fait baisser les prélèvements sur les contributions fiscales et sociales des entreprises et sur les revenus financiers distribués aux plus riches. Cela n’a pas ruisselé ni vers les investissements, ni vers une réindustrialisation, ni vers les revenus des salariés. Mais c’est au nom de la poursuite de cette politique qu’il faudrait maintenant doubler la mise sans fin sur les dépenses.

L’autre argument martelé est qu’avec des dépenses publiques qui représentent 57% du PIB, la France bat des records et qu’il serait non seulement possible mais nécessaire de les diminuer puisque malgré cela les services publics vont mal, les inégalités sociales et territoriales se creusent et les insécurités progressent. La dégradation de l’efficacité de l’action publique et des protections sociales est une réalité. Elle mériterait une véritable délibération collective. Mais la baisse des dépenses publiques et l’extension du domaine de la privatisation ne fera pas globalement dépenser moins pour la santé, l’école, la vieillesse, la recherche ou la culture. Elle aggravera surtout et encore plus, les inégalités.

… la suite est à lire sur regards.fr (on vous met le lien juste en dessous !)

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