Ukraine : « Les discours racistes et opportunistes sur l’accueil des réfugiés sont inacceptables »

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Le commissaire européen à l’Aide humanitaire et à la Réaction aux crises Janez Lenarčič envisage plus de 7 millions de déplacés ukrainiens des suites de la guerre engagée par la Russie. La question des réfugiés est donc d’ores et déjà centrale. Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de la Cimade, est l’invitée de la Midinale.

UNE MIDINALE À VOIR…

 

ET À LIRE…

Sur l’action de la Cimade dans le contexte de guerre en Ukraine
« On est encore en attente de l’évolution du conflit et des possibilités et conditions pour les personnes qui veulent fuir la guerre de pouvoir sortir d’Ukraine. »
« A la Cimade, on essaie d’avoir une grosse d’action d’information en en rassemblant un maximum et en les diffusant aux Ukrainiens pour expliquer quelles sont les modalités de sortie du pays et comment ils peuvent faire concrètement l’exercice de leurs droits en matière de demande d’asile et de protection. »
« Des discours inacceptables sont tenus en France sur l’accueil des réfugiés. »
« La France a la présidence tournante de l’Union européenne : il faut faire en sorte que les pays limitrophes de l’Ukraine gardent leurs frontières ouvertes pour permettre aux personnes qui fuient la guerre de pouvoir sortir du pays – toutes les personnes, toutes nationalités confondues. »

Sur l’inconditionnalité de l’accueil des réfugiés
« Parfois, dans ce que l’on entend depuis plusieurs jours, on donne le sentiment que l’on pourrait discuter des principes de la Convention de Genève sur l’accueil des réfugiés (…). On a notamment entendu “ah mais les Ukrainiens, c’est différent parce qu’on va avoir de l’immigration de qualité dont on va pouvoir tirer profit économiquement” ou “ah mais il y a une compatibilité culturelle plus simple avec les réfugiés ukrainiens”. L’accueil des réfugiés et le respect de la Convention de Genève ne doivent pas être à géométrie variable. »
« Il faut être intransigeant sur les discours et sur les faits : nous remontent des récits sur des tris de migrants à la frontière ukrainienne sur la base de la nationalité ou de la couleur de peau. Je ne sais pas la véracité de ces informations mais c’est ce que l’on a pu voir sur les réseaux sociaux : si c’est vrai, c’est inqualifiable. Il faut une réaction de la communauté européenne et internationale. »
« Il y a une responsabilité dans le débat public : que ce soit les personnalités politiques, médiatiques ou universitaires, nous avons collectivement une responsabilité dans le débat public à faire en sorte que l’on ne laisse pas passer ces discours et ces faits en rappelant que la question de l’accueil des réfugiés est un principe avec lequel on ne peut pas transiger. »
« On a une nouvelle manifestation de ce que l’on analyse et pressent depuis des mois voire des années : il y a une extrême-droitisation du débat public avec une banalisation de la parole raciste. »
« Il faut toujours faire le pendant entre l’extrême-droitisation du débat public et la réalité du terrain qui est qu’il y a des initiatives de solidarité venant d’un certain nombre de collectivités locales mais aussi du tissu associatif. »

Sur l’autre information du jour : la sortie du nouveau rapport du GIEC
« Le nouveau rapport du GIEC dit quelque chose du monde de demain et notamment de la question des réfugiés climatiques dont on sait aujourd’hui que c’est une donnée qu’il faut intégrer pour envisager la façon dont nous allons vivre ces prochaines années. »
« Les discours actuels jouent sur les peurs : ce qui fait le plus peur aujourd’hui à une grande partie de la classe politique, médiatique ou de l’opinion publique, ce n’est pas le réchauffement climatique qui est pourtant une menace existentielle pour l’humanité mais les personnes qui fuient la guerre et qui cherchent à sauver leur peau. »

Sur la réponse des acteurs associatifs et locaux
« La prise de parole des maires est essentielle. Pour l’instant, elle est symbolique parce que l’on en n’en est pas encore au moment où l’accueil se fait mais c’est important car il faut anticiper. »
« Tous les acteurs doivent agir et prendre leur part à l’accueil des réfugiés. »
« Il y a eu, ces dernières années, une augmentation du nombre de places pour les demandeurs d’asile et les réfugiés. Mais il est clair qu’il y a beaucoup de besoins et que la volonté politique n’est pas assez affirmée en ce sens. »
« Il faut sortir de l’enfermement des personnes dans des catégories administratives : on ne peut pas dire qu’il y a le bon réfugié et le mauvais migrant, les personnes qui réussissent à obtenir le statut de réfugié et celles qui ne vont pas réussir à se le faire reconnaitre et qui sont en situation irrégulière. »

Sur le rôle de l’Union européenne dans l’accueil des réfugiés
« Il y a un vrai enjeu à refonder la politique de l’Union européenne en matière d’asile pour avoir une politique solidaire et basée sur la volonté des personnes, sur leur souhait personnel de s’installer dans le pays de leur choix et sur une harmonisation par le haut de l’accueil des réfugiés… ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »
« L’Europe a été en mesure de prendre des décisions très rapidement par rapport à la question ukrainienne en revenant sur un certain nombre de principes qui, jusqu’à présent, régissaient son action : pourquoi ne serait-elle pas en capacité de le faire sur des questions de solidarité et d’accueil ? »

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