Uber Macron

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« Est-ce une affaire d’État ? », interroge Thomas Hugues sur Public Sénat. « Je ne comprends même pas qu’on appelle ça un scandale Uber », affirme une chroniqueuse de BFM qui ajoute « Macron fait ce pourquoi doit être payé un politique ». « Est-ce que je suis le seul à penser qu’Emmanuel Macron a été le meilleur avocat d’Uber et qu’il avait le droit de le faire ? », justifie Christophe Jakubyszyn sur TF1. « Macron a-t-il outrepassé ses fonctions ? », se demande François Lenglet qui répond : « Je dis non ». Je vous ai gardé le meilleur pour la fin : « Ça ressemble à la vie normale d’une démocratie parce que les amendements des groupes de lobby qui sont glissés dans les textes de loi, ce n’est pas illégal et c’est comme ça que ça se fait », balaie d’un revers de main l’éditorialiste de BFM, Nicolas Doze. Vous pouvez retrouver ces compilations des meilleures déclarations des meilleurs avocats-journalistes d’Emmanuel Macron dans une vidéo montée et publiée sur le compte Twitter de Caisse de grève. C’est savoureux.

 

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Lundi 11 juillet, une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation révèle, sur la base de documents internes à Uber, les pratiques de l’entreprise américaine pour s’implanter partout dans le monde. L’enquête accuse Emmanuel Macron d’avoir facilité son installation en France lorsqu’il était ministre de l’Économie. Macron est ainsi accusé d’avoir négocié un accord secret. Il y est question d’échanges « significatifs » par mail ou SMS. Mais aussi de rencontres et de dîners avec des parlementaires et des représentants de l’entreprise Uber. Des amendements auraient également été rédigés clés en main par l’entreprise pour les introduire dans la loi. Et s’ils ont été retoqués la plupart du temps, ils ont été discrètement repris à travers des décrets, histoire que ça passe inaperçu… Parmi les avantages obtenus : le nombre d’heures nécessaires pour obtenir une licence de VTC qui est passé de 250 heures à 7 heures. Au détriment de la sécurité de tous, des chauffeurs, comme des passagers.

Alors on pourrait se dire, comme ces journalistes complaisants – à l’instar de Nicolas Bouzou qui fait partie de ceux qui sont attaqués par l’enquête pour avoir réalisé des études payées par l’entreprise afin de ne dire que du bien de l’entreprise dans les médias – on pourrait se dire que tout ça n’est pas très grave puisque « pas répréhensible » comme l’affirme l’ancien ministre du numérique Cédric O qui ajoute : « Le plus important est de savoir si oui ou non l’implantation d’Uber a été une bonne chose socialement et économiquement ». Oui, c’est sans doute le plus important. C’est vrai. Et c’est à cela que la politique doit s’attaquer : l’absence de droits et de protection sociale qu’induit l’ubérisation de l’emploi.

Pas répréhensible. L’avenir nous le dira. Parce qu’il restera tout de même à prouver que ces accords secrets n’ont pas été réalisés à coup de contrepartie. Mediapart révèle déjà qu’en juin 2015, l’ancien député Pierre Person avait sollicité – lorsqu’il avait fondé Les Jeunes avec Macron – l’intervention de Stéphane Séjourné, conseiller parlementaire d’Emmanuel Macron au ministère de l’économie, pour être recruté chez… Uber. Et si l’intéressé dit ne pas se souvenir s’il avait poussé ou non sa candidature, il ne fait pas de doute qu’il frappait à la bonne porte et qu’il était de notoriété publique que le ministre entretenait d’étroites relations avec la plateforme californienne.

Rien de répréhensible, donc. L’avenir le dira, disais-je. Déjà confronté à ces accusations en 2015 sur un plateau de France 2 lorsqu’il était ministre de l’Économie, Emmanuel Macron lui-même répondait que ces accusations étaient « très graves ». Et ajoutait : « Quand on profère des accusations aussi graves, on donne les noms, on donne la liste et on va devant le juge ». Depuis l’enquête du consortium, on a les noms, on a la liste. Reste plus qu’à aller devant le juge…

 

Pierre Jacquemain

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