Manon Aubry : « Macron se sert de la présidence du Conseil de l’UE comme d’un outil électoral »
La France a pris le 1er janvier 2022 la présidence du Conseil de l’Union européenne pour six mois. En pleine campagne présidentielle. Pour en faire quoi ? On en parle avec la députée européenne LFI Manon Aubry qui est invitée de la Midinale.
UNE MIDINALE À VOIR…
ET À LIRE…
Sur le rapport d’Oxfam sur les inégalités
« Pendant la crise sanitaire, il y a un petit nombre d’individus qui s’en est mis plein les poches. »
« Il y a une accélération des inégalités parce que la fortune des milliardaires a augmenté plus pendant la durée de la pandémie que pendant toute la dernière décennie. »
« Aujourd’hui, les aides d’Etat qui ont été versées ont bénéficié à ces grandes fortunes et à ces grandes entreprises. »
« Il n’y a pas de volonté politique pour taxer les profiteurs de crise. »
« Mélenchon dit qu’au-dessus de 12 millions d’héritage, il prend tout. Il veut taxer de manière progressive l’héritage pour financer une allocation d’autonomie de 1063€ pour tous les jeunes. »
Sur la présidence du conseil européen et la campagne présidentielle
« On savait que Macron faisait campagne sur les deniers de l’Etat, il fait exactement la même chose avec la présidence française de l’Union européenne. »
« Pour ceux qui ne le savent pas, cette prrésidence française n’arrive que tous les quatorze ans. C’est donc un fait rare et une opportunité historique pour créer un changement à l’échelle européenne. »
« Macron se sert de la présidence du Conseil européen comme un outil électoral. »
« La priorité de la présidence française devrait être la levée des brevets sur les vaccins. »
Sur les marges de manœuvre de la présidence du Conseil européen
« En six mois, on ne peut pas tout changer mais si on prenait au sérieux la question européenne, on profiterait de cette présidence pour faire un big bang et secouer les règles européennes. Et mettre au cœur des priorités de l’Union européennes les attentes populaires. »
« La France aurait pu impulser un certain nombre de choses : nous sommes la deuxième économie européenne. »
« On aurait pu proposer que les règles d’austérité budgétaires européennes ne soient plus réintroduites. »
« On se bat pour gagner tout ce qui a à gagner. On mène les combats. »
Sur les propositions de Macron
« L’Union européenne est devenue un espace de compétition sociale -notamment avec la directive des travailleurs détachés qui crée de la compétition entre les européens plutôt que de créer des solidarités et de l’harmonisation. »
« Le salaire minimum européen est un outil de façade que souhaite proposer Macron (…). Il y a des Etats européens qui n’ont même pas de salaire minimum. La proposition de Macron est une proposition a minima qui oriente les Etats à peut-être adopter un salaire minimum à hauteur de 60% du salaire médian de chaque pays. C’est plus bas que ce que l’on a en France. »
« Si on est faible sur la question sociale, c’est aussi parce qu’on est contraints par les règles européennes et les traités européens qui empêchent d’établir de nouvelles règles. »
« Macron est aussi celui qui temporise et essaie de gagner du temps sur la protection des travailleurs des plateformes alors même que pour une fois, la Commission européenne proposait un véritable statut pour les travailleurs ubérisés. »
Sur l’espace Schengen
« Emmanuel Macron cède aux sirènes de l’extrême droite. »
« Macron préfère consolider le bunker de l’Union européenne avec ses barbelés aux frontières plutôt que de réfléchir à un accueil coordonné entre Etats européens et réviser les accords de Dublin. »
« La mer Méditerranée est devenue un vrai cimetière, notamment sous l’effet de Frontex qui criminalise les migrants. »
Sur l’Europe et l’Union populaire
« Nous avons une analyse lucide des obstacles qui sont posés par les règles européennes. »
« Les règles européennes interdisent les Etats par exemple à mettre en place une TVA à taux zéro sur les produits de premières nécessités. »
« On ne veut pas renoncer à nos propositions donc pour dépasser ces obstacles, nous avons deux types d’outils : mener le rapport de force au sein du Conseil (…). Et le deuxième type d’outil, c’est que si le Conseil ne veut pas, on est prêt à désobéir. On est prêt à ne pas respecter un certain nombre de règles européennes – ce que fait déjà Macron d’ailleurs. »
« On veut imposer un principe de non régression écologique et sociale. Aucune norme européenne ne s’appliquera si elle applique un retour en arrière en matière de protections sociales et écologiques. »
« Notre expérience au Parlement européen nous a permis d’affiner notre stratégie. »
Sur l’extrême droite en France
« La citation de l’extrême droite inquiète et elle inquiète partout en Europe. »
« L’extrême droite est forte partout en Europe. »
« L’extrême droite est au pouvoir en Hongrie, en Pologne et en Slovénie. »
« Nos collègues européens sont inquiets du péril qui pèse en France parce que la France a été un peu avant-gardiste. Des pays qui étaient relativement protégés comme l’Espagne ou le Portugal sont en train malheureusement de suivre cette marche. »