Macronie : le front de la honte

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En difficulté aux législatives, la Macronie optera finalement pour le « cas par cas », voire le « ni-ni ». Et sur les cendres du front républicain, elle invente le front de la honte.

 

Il fut un temps où la perspective d’une victoire d’un élu du Front national, quelle que soit l’élection, locale ou nationale, faisait trembler la droite et la gauche réunies. Il fut un temps où la présence dans les médias d’un représentant du parti des Le Pen révulsait les républicains de tous bords. Aujourd’hui, le Front national devenu Rassemblement national, banalisé, légitimé, parfois même encensé, est entré dans le champ républicain en faisant sortir toute une partie de la gauche de ce champ. L’antiracisme et la défense de la laïcité des uns ne serait pas compatibles avec les valeurs républicaines des autres. Ainsi dans les circonscriptions où la coalition de la majorité présidentielle a été sèchement battue dimanche dernier laissant place à un second tour NUPES-RN, la Macronie hésite. Quelles consignes, se demande-t-elle ? Après avoir longtemps tergiversé dimanche soir – preuve de plus de l’improvisation du camp présidentiel – ça sera au cas par cas. Macron s’est fait élire en 2017 et 2022 contre l’extrême droite grâce aux voix de la gauche. Aujourd’hui, il poursuit son entreprise de banalisation alors que l’extrême droite a progressé de dix points et plus de deux millions de voix sous son quinquennat.

 

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Il fut un temps où la gauche et la droite se désistaient pour laisser des chances de victoire au candidat le mieux placé face à la menace d’extrême droite. Il fut même un temps où gauche et droite, malgré les désaccords profonds, vantaient les qualités républicaines des uns et des autres pour disqualifier les candidats de la haine et du ressentiment. Le Pen n’est plus l’ennemie de la République. Le « en même temps » macronien a troqué Le Pen pour Mélenchon. Même quand il n’y a pas de menace de l’extrême droite, les candidats de la majorité présidentielle en appellent au Front républicain contre les candidats de la NUPES, comme le fait l’ancienne ministre des sports, Roxanna Maracineanu contre son opposante Rachel Kéké, syndicaliste connue pour la grève des femmes de chambres de l’hôtel IBIS qui a duré 22 mois et qui avait abouti à un accord historique en leur faveur. Son tort : appartenir à l’extrême gauche, selon la ministre. La Macronie a décidément perdu sa boussole.

Il y a plusieurs nuances dans la Macronie. Ceux qui plaident pour le ni-ni : ni RN, ni NUPES. Ceux qui choisissent au cas par cas et distribuent des brevets de républicanisme. Ceux qui assument et déclarent que pas une voix ne doit aller à l’extrême droite, formule célèbre que l’on doit pourtant à Jean-Luc Mélenchon le soir du premier tour de l’élection présidentielle et qui lui avait été largement reprochée. Pas assez clair, lui objectait-on. Enfin, il y a ceux qui perdent la mémoire. Comme Richard Ferrand, pilier de la Macronie qui en quelques semaines est passé de « Nous avons des valeurs communes » avec Mélenchon et la NUPES à « Nous avons des valeurs diamétralement différentes ».

Pas de doute : c’est panique à bord dans la macronie. La majorité présidentielle, en difficulté pour obtenir une majorité à l’assemblée nationale dimanche prochain, a perdu son sang-froid. Et sur les cendres du front républicain, elle a inventé le front de la honte.

 

Pierre Jacquemain

 

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