Législatives : les effets de la campagne anti-NUPES

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Alors que la NUPES arrive en tête des intentions de votes pour le premier tour des élections législatives, la majorité se voit obligée de faire une contre-campagne de diabolisation caricaturale. Mais au fait, pour quels effets électoraux ?

Ce jeudi 9 juin, avait lieu sur France 2, le seul débat des élections présidentielle et législatives rassemblant toutes les forces politiques. Et hier, haro sur la NUPES ! Le contradicteur le plus en forme était assurément le LR Charles Consigny qui a dénoncé « une coalition collectiviste » sous le regard amusé du communiste Ian Brossat. Mais, dans l’outrance, le représentant de Reconquête Guillaume Peltier tenait la corde, parlant lui, des « quatre candidats d’extrême gauche », provoquant le rire du secrétaire national du Parti socialiste Olivier Faure.

 

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Panique morale à droite

Ce fut, en quelque sorte, un parachèvement de la panique morale à l’oeuvre chez tous les opposants à la NUPES, de l’alliance présidentielle à l’extrême droite, depuis maintenant un mois. Les uns voyant leur majorité fortement menacée, les autres regardant la gauche récupérer des voix et un discours auprès des classes populaires, pourtant chasse-gardée du Rassemblement national lors (au moins) du dernier quinquennat.

C’est ce que l’on appelle, en communication politique, une campagne négative. L’idée, c’est de porter préjudice à son concurrent, par exemple en contestant la crédibilité de son programme. « Avec vous, les retraités auraient peut-être 1.500 euros, mais pas longtemps, parce que ce serait une banqueroute », déclarait, hier soir, le ministre des relations avec le Parlement, Olivier Véran, sans même avoir besoin de justifier sa phrase, le seul objectif étant de dénigrer efficacement l’adversaire, par des mots forts et une assurance qui laisserait entendre que lui a forcement raison.

Dans une de ses recherches, le sociologue Pierre Lefébure montre que ces campagnes négatives peuvent produire trois types d’effets. D’abord, cela peut provoquer un sentiment de malaise chez les citoyens et accroitre la défiance en vers la politique dans sa globalité. Mais, ces campagnes négatives peuvent aussi avoir pour effet d’élever le niveau d’information des citoyens quant aux éléments saillants de chaque programmes. Au vu de la bassesse des attaques contre la NUPES, pas sûr qu’en l’espèce, cette supposition soit la bonne. Enfin, et il s’agit sûrement de l’effet recherché par le parti présidentiel, de telles attaques peuvent aussi produire une motivation à voter pour le parti attaquant (l’alliance présidentielle) pour se préserver des menaces brandies contre le parti attaqué (la NUPES).

À vrai dire, rien ne permet de connaitre l’effet électoral final d’une telle campagne sur le premier tour. Mais pour le second, dans le cas de duel NUPES-parti présidentiel, cela peut inciter une partie de l’électorat à se réfugier dans le vote Ensemble. Établir des corrélations nécessiterait des enquêtes d’opinions à cet effet – qui n’existent pas. A notre niveau, celui de l’analyse, nous pouvons néanmoins regarder ce que cela raconte des forces politiques en présence. Les campagnes électorales négatives ont toujours existé et souvent d’ailleurs menés par la gauche, du Parti socialiste en 1981 à la France Insoumise en 2017.

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Sauf que la gauche l’a toujours fait en jouant son rôle d’opposition au pouvoir en place, avec la critique d’un bilan, par exemple sur l’emploi. La spécificité du moment est que le pouvoir en place anticipe un potentiel bilan catastrophique du pouvoir qui lui succéderait, soit des attaques très conditionnelles… à tel point que l’AFP s’est pris à fact-checker les contre-vérités du gouvernement sur le programme de la NUPES.

Sur les traces de l’extrême droite ?

Le problème est que ceux qui ont eu le plus recours aux campagnes négatives ces dernières années sont les responsables du Rassemblement national, obsédé qu’ils sont par les thématiques xénophobes. Par exemple, en surnommant Alain Juppé ou Benoit Hamon, respectivement Ali et Bilal lors des élections de 2016-2017. LREM n’a finalement fait que leur emboîter le pas lors du dernier quinquennat qualifiant systématiquement La France insoumise d’islamo-gauchistes, peu importe que cette thèse puisse raisonnablement être étayée ou non. Une chose est alors certaine : le paysage politique s’est savamment inspiré des méthodes d’extrême droite pour mener campagne.

Il reste que l’alliance de la NUPES tient bon. Hier, lors du débat sur France 2, les quatre hommes de gauche n’ont cessé de se défendre efficacement contres toutes les attaques. Les sondages eux, ne cessent de montrer que l’alliance présidentielle pourrait bien ne pas obtenir la majorité à l’Assemblée nationale. Conclusion les deux prochains dimanches.

 

Clément Gros

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