Le RN et Macron main dans la main à l’Assemblée, saison 2

befunky-collage-492.jpg

Les nouveaux députés LREM sont-ils des couards ou bien ne voient-ils honnêtement aucun problème à voter pour l’extrême droite ? Si ce n’était que ça… Car en plus, ils nous prennent pour des demeurés. Aucun doute, ce cru 2022 va valoir au moins autant que l’armée de Playmobils de 2017.

À l’Assemblée nationale, il ne vous aura pas échappé que l’on compte désormais 89 élus du Rassemblement national. Hier, mercredi 29 juin 2022, les députés ont désigné deux de ces parlementaires aux postes de vice-présidents de la chambre : Sébastien Chenu et Hélène Laporte, respectivement élus par 290 et 284 voix. Ça en fait du monde pour voter en faveur de l’extrême droite. Merci à Renaissance (ex-LREM), merci aussi aux LR ! C’est visiblement moins douloureux de voter pour deux RN que pour deux écologistes car, oui, tel était le choix. D’autant plus aisé que ce vote est secret, nous n’aurons donc jamais le plaisir de savoir qui, précisément, se vautre dans la complaisance (le mot est faible) avec l’extrême droite. En tout cas, cela réjouit au plus haut point le député européen RN Thierry Mariani, qui réagit comme suit : « Historique ! La supercherie du « front républicain » est bien finie. »

 

LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>>
Assemblée nationale : le FN fait son retour

 

Ces postes de vice-présidents ne sont pas d’une importance capitale dans notre vie démocratique, bien qu’ils offrent un joli bonus financier. La symbolique, elle, est terrible. En l’absence de la présidente de l’Assemblée, c’est un vice-président qui préside la séance. Nous aurons donc l’honneur de montrer à la face du monde que le pouvoir législatif peut être orchestré par un fasciste. Par la grâce de ceux qui ont été élus pour lui opposer un « barrage ».

Avant cela, Sébastien Chenu avait, finalement, retiré sa candidature à la présidence de l’Assemblée, permettant ainsi à la marcheuse Yaël Braun-Pivet d’être élue plus vite. Tout ceci sent bon le « donnant-donnant ». Voici donc la nouvelle ligne de la majorité présidentielle : pour éviter un camouflet, un contretemps fâcheux dans un hémicycle difficilement contrôlable – salauds d’électeurs ! –, il suffit d’aller chercher l’appui de Marine Le Pen et de ses 88 camarades aux petits pieds.

Et ils sont contents. L’Élysée n’a plus peur de se voir mis en minorité à l’Assemblée car Marine Le Pen a « rassuré » Emmanuel Macron, lit-on dans Libé. Que l’extrême droite ne se place pas dans l’opposition à la Macronie, c’est une chose, mais que la Macronie le lui rende bien, c’en est une autre.

Dans la même veine, la majorité parlementaire a offert un poste de questeur à Éric Ciotti, l’homme qui reprenait à son compte le concept de « grand remplacement » lors de la primaire des Républicains. Un détail. La veille, les députés macronistes avaient déjà offert une ovation à José Gonzalez, élu du RN qui, de par son âge, présidait cette toute première séance. Celui-ci pleurait sa nostalgie pour l’Algérie française. Et ça, ça émeut les marcheurs. On parle quand même de quelqu’un qui « ne sait pas » si l’OAS a commis des crimes en Algérie…

Voilà donc comment débute cette législature. Ou, comme lançait Gérald Darmanin il y a cinq ans, dans ce même hémicycle, alors ministre de l’Action et des Comptes publics : « Il était un temps où, quand on siégeait sur ces bancs, c’était une honte de se faire applaudir par le Front national ». Cinq ans ont passé et ce sont les siens qui applaudissent l’extrême droite.

 

Loïc Le Clerc

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

Laissez un commentaire