Immigration : vers une entente cordiale des LR, du RN et du camp présidentiel ?
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Si le gouvernement n’a pas de majorité pour faire adopter ses réformes, il lui reste deux options : recourir au 49.3 sur les grands chantiers du quinquennat. Et sans doute que dans l’immédiat il pourrait y avoir recours dans le cadre du projet de loi de finance rectificative. Et il pourrait aussi se saisir de cette opportunité lors de la rentrée 2023 lorsqu’il s’agira de clore les débats sur la très controversée réforme des retraites. Le seul problème : c’est que le 49.3 ne peut être utilisé qu’une seule fois par session parlementaire. Alors c’est là que la deuxième option intervient. Chercher à obtenir des majorités sur des textes précis. Et en la matière, Gérald Darmanin a de la suite dans les idées. « Sur la sécurité et l’immigration, nous trouverons une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Pour voter des moyens supplémentaires pour nos forces de l’ordre, pour expulser les étrangers qui troublent l’ordre public, pour lutter contre les casseurs », a prévenu le ministre de l’Intérieur le 28 juin dernier sur RTL. Comprendre que si les Républicains et le Rassemblement national sont cohérents, ils voteront les textes.
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Sur l’immigration, Emmanuel Macron et Gérald Darmanin se sont entendus pour profiter du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur – qu’ils espèrent pouvoir voter d’ici la fin de l’année – pour réformer à nouveaux le droit d’asile et mettre en place de nouvelles mesures, plus restrictives encore, sur l’immigration. On se souvient déjà de la loi dites “Collomb“, loi Asile et Immigration votée dès le début du quinquennat précédent et qui avait suscité l’indignation – jusque dans les rangs de la macronie. Depuis le vote de ce texte, les enfants peuvent rester enfermés dans un centre de rétention jusqu’à 90 jours. Avec une Assemblée nationale franchement et radicalement de droite, c’est un coup d’accélérateur liberticide et sécuritaire que pourraient activer le couple Macron/Darmanin. Leur obsession : expulser plus encore qu’on ne le fait déjà les déboutés du droit d’asile. Et pour cela, ils pourraient accélérer les OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) dès le refus d’une demande d’asile et envisageraient dans le même temps de supprimer l’exception qui protège les étrangers qui résident en France depuis au moins dix ans.
C’est donc sur le très glissant terrain de l’immigration et de la sécurité que Macron pourrait retrouver sa majorité perdue. Macron s’est dit à l’écoute de ses oppositions. Et prêt aux compromis. De leur côté, les LR et le RN assument vouloir incarner une opposition constructive. De quoi entretenir une entente cordiale entre la droite, l’extrême droite et le camp présidentiel. Pour le pire. Et le pire.