À la veille d’une large mobilisation des enseignants et des parents d’élève contre la politique sanitaire à l’école du gouvernement, Rodrigo Arenas, représentant de la FCPE, est l’invité de #LaMidinale.
UNE MIDINALE À VOIR…
ET À LIRE…
Sur le(s) protocole(s) sanitaire(s) à l’école
« On ne fait pas un protocole sanitaire pour sécuriser les écoles, parce que c’est compliqué pour les parents, compliqué pour les enseignants et surtout parce que c’est compliqué pour les enfants. On fait un protocole sanitaire pour ne pas que l’école devienne le lieu de tous les dangers. »
« Un protocole sanitaire digne de ce nom nécessite des moyens pour que l’école soit safe. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. »
« Le gouvernement imagine que les parents d’élèves gueulent parce qu’il faut faire la queue à la pharmacie. Mais ce n’est pas la question : nous, on veut juste protéger nos enfants. »
« Il y a d’autres solutions que mettre des goupillons dans les trous de nez de nos enfants jusqu’à les faire pleurer : en Allemagne, ils font des tests salivaires deux fois par semaine à l’école – parce que c’est là que vont les enfants et qu’il limite le nombre de trou dans la raquette. En Autriche, ils utilisent des sucettes qu’on met dans la bouche. »
Sur la logique compliquée à suivre du gouvernement en matière de politique sanitaire à l’école
« Il y a quelque chose de doctrinaire dans l’action du gouvernement. Tout le monde veut maintenir les écoles ouvertes. Il faut être un fou furieux pour dire qu’il faut absolument fermer les écoles. En France, la République, c’est l’école ; l’école, c’est la République. »
« Il est idiot, comme essaie de le faire Jean-Michel Blanquer, d’opposer les professeurs feignants qui voudraient fermer les écoles, et le reste de la population. »
« Les enseignants ne sont pas absents, ils sont malades. Cela s’appelle le droit du travail. »
« Pendant les vacances d’hiver, le protocole disait que si l’on était dans un foyer où il y avait Omicron, on avait 17 jours d’éviction – c’était dans une infographie du Parisien. Cela veut donc dire que les professeurs qui, comme tout le monde ont fait les fêtes de fin d’années, n’allaient pas forcément être en poste à la rentrée. »
« C’est du marketing idéologique de dire que l’école ne fonctionne pas parce que les professeurs sont des feignants. Depuis deux ans, les professeurs mettent plus que leur salaire pour que l’école fonctionne ! »
« L’intérêt général, ça s’organise, ça se régule et ça nécessite le matériel adéquat pour que ça fonctionne. »
« Dans une vision très néolibérale, on a fait croire que, si chacun faisait son test, ça allait fonctionner. »
« L’école individuelle, ça ne permet pas d’avoir une école collective. »
« La décentralisation, ça veut dire donner les moyens que chacun puisse faire son boulot. »
« La doctrine Blanquer et la doctrine Macron, c’est de dire que sur le terrain, ils seront plus à même de répondre aux logiques. Sauf que c’est une pandémie et on est tous dans le même bateau. »
« C’est une philosophie qui vient de Hayek et qui consiste à dire que les gens sur le terrain savent mieux ce qu’il faut faire qu’au niveau national. C’est faux. »
Sur l’évolution de l’école
« On est dans une logique de commercialisation de l’école. »
« Les absences non remplacées qui se sont accentuées dans la séquence du Covid parce que les enseignants, comme tout le monde, peuvent tomber malade, ont abouti au fait que les parents ont été obligés de mettre la main au portefeuille pour payer des cours particuliers. »
« Qui répond à l’appel d’offre sanitaire ? Ce n’est pas le service public mais le privé. Ce n’est pas anodin que le dépistage doive se faire en pharmacie et pas à l’école. »
« Le bon sens, et c’est aussi le sens de l’histoire de France, c’est de dire que lorsqu’on est dans l’intérêt général, on le fait dans le cadre du service public. »
« Quand il y a eu les vacances apprenantes de Jean-Michel Blanquer, il a passé une convention avec le groupe Mulliez, c’est-à-dire qu’il y a des vacances apprenantes qui se sont passées dans un centre commercial Auchan. »
Sur l’impression que l’école va craquer d’ici quelques semaines
« Il faut permettre que les protocoles sanitaires s’appliquent. S’il n’y a pas les moyens financiers, matériels et humains pour les mettre en œuvre, tout ça, c’est bidon. »
« On est victime d’une majorité que ne s’adressent pas aux parents, ni aux gamins, ni aux profs, ils s’adressent à l’opinion publique. »
« L’école, elle ne concerne pas que les pauvres. Le confinement, Omicron, les retards scolaires, etc., concernent toute la société. »
« Il y a les trucs de court terme : les gestes barrières. Pourquoi on ne commande pas des millions d’auto-tests, comme pour les pharmacies ? Parce qu’ils ne veulent pas. »
« Il faut que le gouvernement équipe toutes les salles de classe avec des capteurs de CO2. »
Sur les propositions des candidats à la présidentielle en matière d’éducation
« La FCPE est diverse, pluraliste et cosmopolite. En tant que telle, elle n’appelle à voter pour aucun candidat. »
« L’école d’aujourd’hui est encore celle du XXème siècle. Le XXIème siècle n’est pas encore rentré dans l’école. »
« D’une façon générale, dans les programmes, l’école est un chapitre, mais n’est pas au cœur du changement. Nous on considère que ça devrait l’être. L’école est, par exemple, au cœur du changement économique. Un collège, c’est 25 millions d’euros. Ça veut dire qu’il y a de l’argent public qui est investi, c’est bon pour BTP, pour les normes environnementales. C’est bon aussi de réfléchir aux espaces scolaires pour ne pas avoir des petits coins où il peut y avoir du harcèlement d’enfants parce que ça échappe aux regards des autres. On pense aussi qu’il faut en finir avec les sanitaires genrées, à la séparation entre toilettes d’enseignants et toilettes d’enfants. Tout le monde à le droit à la même hygiène, la même intimité, la même sécurité. »
« La cantine scolaire, c’est un milliard de repas distribués tous les ans. C’est une aide énorme pour le monde paysan et on peut faire manger aux enfants de la nourriture de qualité. »