« Dans l’anti-wokisme, il y a beaucoup d’anti-communisme »

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Les paniqués du wokisme : qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ? Qu’est-ce qui les meut et les promeut ? On en parle dans #LaMidinale avec Alex Mahoudeau, auteur de La panique woke : anatomie d’une offensive réactionnaire aux éditions Textuel.

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ET À LIRE…

Sur l’histoire et l’usage du mot wokiste
« C’est un mot qui vient de rentrer dans le Larousse, un terme qui par l’usage s’est généralisé. À partir du 19eme siècle, ce mot est utilisé pour signifier ‘conscientiser les choses’, son usage comme un slogan politique est beaucoup plus récent, cela remonte au mouvement Black Lives Matter, où l’expression ‘Stay Woke’, ‘rester conscient’, va être mobilisée pour appuyer la lutte de gens qui se battent notamment face à des meurtres racistes ».
« Ce terme est importé en France depuis les années 2010, pour faire référence aux gens qui vont trop loin, à cause de leurs idées égalitaristes, progressistes ou libertaires. C’est un usage retrouvé sur Internet où on a accusé des entreprises de ‘Woke Washing’, c’est à dire le fait que certaines entreprises se revendiquent anti-raciste comme slogan publicitaire ».
« Et maintenant, il est utilisé pour désigner un peu tous les gens qu’on n’aime pas, et souvent de manière réactive. ‘Vous dites ça alors vous êtes des wokistes’ ».

Sur la panique Woke dans le mouvement conservateur
« On va avoir un événement organisé à l’Université d’été du Medef, sur les dangers de la culture woke dans les entreprises. Par exemple Brice Couturier, dans un livre sur la question, argumente pour signifier que des étudiants venants de campus soi-disant woke, viendrait ensuite changer la culture de l’entreprise depuis l’intérieur. C’est une crainte fréquente. Dans le mouvement conservateur, il y a beaucoup de réflexion sur le fait qu’en transformant la culture, les progressistes du jour conduiraient une transformation politique ».
« La droite en Europe et aux Etats-Unis s’est approprié la question de la classe. A gauche, c’est une question matérielle de qui possède les moyens de productions. A droite, cela va être de dire nous sommes avec la France travailleuse qui se lève tôt, et qui veut qu’on la laisse tranquille pour faire des barbecues ».
« Il y a 10 ans, les mêmes personnes qui disent aujourd’hui que l’Université est obsédée par la race et le genre, disaient que l’Université était obsédée par la classe, ce qui l’empêcherait de voir la culture. Dans l’anti-wokisme, il y a beaucoup d’anti-communisme ».

Sur la critique des adversaires du wokisme
« Je trouve que lorsqu’on lit ces ouvrages avec de la rigueur méthodologique, il y a un problème. Je ne critique pas l’angle pris par Brice Couturier mais la façon dont il le fait, c’est à dire critiquer ces mouvements sans jamais aller discuter avec leurs membres. »
« On peut analyser les mouvements sociaux, maintenant j’ai l’impression que ce n’est pas l’objectif principal des livres de ces auteurs-là ».

Sur le concept de cancel culture
« L’observatoire du colonialisme, a recensé 17 cas d’annulation de conférences, pour des raisons politiques. Ils incluent d’ailleurs des annulations suite à des mobilisations d’extrême droite. Ce qui est intéressant, c’est qu’il n’inclut pas d’autres événements. Par exemple une journée d’étude a été organisée dans un Inspe en France, dans laquelle était discutée la question de l’intersectionnalité. Les organisatrices ont été inquiétée, et cela n’a pas été recensé comme une tentative d’annulation ».

Sur la puissance réactionnaire
« Le backlash, qui consiste non pas à un retour automatique de bâton de la société face à une avancée trop forte mais à un mouvement réactionnaire qui s’organise pour lutter contre des droits acquis, notamment par les femmes, est au coeur de la panique woke. »
« Le grand média du backlash réactionnaire aux Etats-Unis, c’est Fox News : c’est Fox News qui organise la panique woke et c’est Fox News qui célèbre la potentielle décision de la Cour suprême qui garantit l’avortement aux Etats-Unis. »
« Parmi les groupes transphobes français, il y a des gens qui travaillaient au sein de la Manif Pour Tous. »
« Je lisais le livre d’Anne Toulouse sur le wokisme aux Etats-Unis : elle y dit à plusieurs reprises que c’est un pays où le féminisme a complètement triomphé et où les féministes ne savent plus quoi se mettre sous la dent et donc vont chercher tout et n’importe quoi. Mais cela sort quelques semaines avant que l’on apprenne que le droit à l’avortement va être remis en cause à l’échelle nationale. »

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